Bienvenue dans ce nouvel épisode de l'Europe au plus près sur euradio.
Au programme : Retour sur les avancées de l'European Media Freedom Act.
Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans cette édition de l’Europe au plus près où nous suivons chaque semaine l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne. Cette semaine, retour sur les avancées d’un projet présenté par la Commission européenne en septembre dernier, l’European Media Freedom Act.
Bonjour à toutes et à tous ! Garantir des médias libres et assurer leur pluralité : tel est le but du projet annoncé en septembre dernier par Vera Jourova, vice-présidente de la Commission européenne en charge des valeurs et de la transparence, et Thierry Breton, commissaire au marché intérieur. Le projet de règlement européen propose, entre autres, de renforcer l’indépendance des médias et des journalistes, la stabilité de financement des médias de service public et limiter les concentrations, dans un contexte continu de recul de la liberté de la presse et des médias. De manière générale, cette proposition vise à identifier les actionnaires et leurs intérêts à défendre, et impose des mesures pour garantir l’indépendance éditoriale des médias européens.
Et concrètement, quels sont les principaux problèmes ciblés par ce projet d’European Media Freedom Act ?
Et bien plusieurs problèmes sont cités, en premier lieu celui de l’ingérence dans les décisions éditoriales des médias. Un problème surtout rendu possible en raison des baisses de financement des médias qui permettent à certains acteurs du secteur public ou du privé d’imposer une pression éditoriale sur le contenu proposé. Par exemple, beaucoup de médias d’Europe de l’Est dépendent de l’argent versé par le gouvernement lorsqu’ils diffusent des publicités commandées par l’État. La commission pointe également du doigt le manque de protection des médias publics, les plaçant en ligne de mire des gouvernements. Autre menace, celle de la concentration des médias aux mains de quelques groupes du secteur privé. Une tendance dénoncée par Thierry Breton et qui réduit fortement le pluralisme et la diversité des points de vue diffusés en Europe. Enfin, les journalistes européens craignent aussi de plus en plus pour leur intégrité physique. Des cas de harcèlement, d’agressions physiques ou d’incitations à la violence ont été répertoriés dans le rapport 2022 sur l’état de droit dans l’UE. Pour rappel, en 2021 deux journalistes ont été assassinés en Grèce et aux Pays-Bas.
Une mesure qui intervient alors que la liberté de la presse est en recul partout en Europe d’après Reporters sans frontières.
Oui, de manière générale Reporters sans frontières annonçait dans son classement 2022 un recul de la liberté de la presse dans la majorité des États de l’Union européenne. C’est le cas notamment en Pologne ou en Hongrie où la liberté de la presse se détériore depuis plusieurs années. En Pologne, malgré un paysage médiatique varié, la liberté de la presse reste faible et l’influence du gouvernement sur les médias privés se fait de plus en plus oppressante. D’après le dernier rapport de RSF, “ Après avoir fait des médias publics des instruments de propagande, le gouvernement a multiplié les tentatives d’influencer la ligne éditoriale des médias privés et de contrôler les informations sur les sujets sensibles”. En Hongrie, Viktor Orban multiplie quant à lui les mesures contre la liberté de la presse en imposant la fermeture de médias indépendants dans son pays et en contrôlant l’information des médias publics. Pour finir, en France c’est surtout la concentration des médias aux mains de quelques groupes qui est pointée du doigt.
Et ce projet de loi présenté il y a 7 mois déjà semble s’enliser au Parlement européen, notamment en raison de l’opposition des éditeurs allemands.
Les réactions face au projet sont effectivement mitigées au sein du Parlement. Plusieurs groupes allemands ont d’ailleurs, dans une lettre ouverte, dénoncé une je cite “probable ingérence”. Ils font part de leur mécontentement vis-à-vis de la loi et de plusieurs articles à modifier. Pour eux, cette loi risque d’avoir “des répercussions négatives sur les systèmes médiatiques stables”. Ils demandent alors de transformer la loi en directive, alors plus simple à mettre en place par les États, plus flexible et surtout moins contraignante.
Ce n’est pas la première fois que la commission se penche sur la question de l’information : une première stratégie pour défendre le travail des journalistes avait été annoncée en 2020.
En novembre 2020, la Commission européenne publiait une stratégie pour la défense des droits de l'homme et de la démocratie dans le monde, mettant en avant la liberté des médias comme l'une des priorités de l'Union européenne. Cette stratégie a été suivie d'une proposition de directive pour protéger les journalistes et les lanceurs d'alerte dans l'ensemble de l'Union européenne, adoptée par le Parlement européen en novembre 2021. La directive prévoit des mesures pour garantir la sécurité des journalistes et des lanceurs d'alerte, notamment en renforçant les sanctions en cas de violences ou de menaces contre les journalistes et en prévoyant une protection pour leurs sources.
Merci à toutes et à tous pour votre attention !