Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- Sommet à hauts risques du Conseil européen qui se réunira les 14 et 15 décembre
- Série de mesures présentées par la Commission européenne pour lutter contre les crimes haineux
- Adoption par le Parlement européen d’un acte sur la cyber solidarité.
Bonjour Ariane, ouvrons ce journal en évoquant le prochain sommet à hauts risques du Conseil européen qui se réunira les 14 et 15 décembre.
Oui, ce sommet sera le dernier sous la présidence espagnole avant de passer le premier janvier à une présidence Belge. Un sommet particulièrement attendu, puisque plusieurs dossiers cruciaux sont supposés avancer à l’occasion de cette réunion.
Et un dossier va être particulièrement scruté : celui de l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.
Tout à fait, et à quelques jours du coup d’envoi de la réunion, l’optimisme est loin de régner sur l’ouverture prochaine des négociations avec Kiev. La faute à l’opposition persistante de Viktor Orban, le premier ministre hongrois.
Pour rappel, l’accord de l’intégralité des États membres est nécessaire pour entamer les négociations. Or, Viktor Orban, connu pour son tropisme pro-russe, ne cesse de répéter qu’il s’opposera à une ouverture des négociations même s’il a aussi la possibilité de s’abstenir sans bloquer le processus.
L’homme fort de Budapest s’oppose aussi au déblocage d’une aide à hauteur de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine. Ce soutien serait pourtant d’une importance primordiale pour Kiev, dont le renouvellement de l’aide américaine est pour l’instant bloqué par le Congrès américain.
Emmanuel Macron a d’ailleurs invité le Premier ministre hongrois à Paris pour le convaincre de débloquer la situation.
Une nouvelle tentative aux allures de manœuvre de la dernière chance pour tenter de convaincre Viktor Orban de la part de l’Élysée. Selon Politico, Emmanuel Macron fait partie des rares “optimistes”. Mais le pessimisme est assez général et beaucoup pensent que le Conseil européen pourrait se solder par un échec retentissant, un échec dont ne manquerait pas de se réjouir Vladimir Poutine. Le président du Conseil européen Charles Michel s’était déjà rendu à Budapest il y a quelques semaines pour tenter de débloquer la situation, sans succès.
L’Europe compte également sur le déblocage de certaines aides pour tenter d’adoucir ses relations avec Budapest
Oui, des aides à hauteur de 10 milliards d’euros pour la Hongrie pourraient être débloquées peu de temps avant de ce Conseil d’après plusieurs sources européennes. Si la raison évoquée est davantage liée à des réformes renforçant l’État de droit et l’indépendance de la magistrature hongroise, des réformes demandées par l’Europe d’ailleurs, elles pourraient également calmer l’hostilité de Budapest face à la candidature de Kiev.
Continuons ce journal en évoquant une série de mesures présentées par la Commission européenne pour lutter contre les crimes haineux en Europe.
Des mesures qui visent particulièrement les crimes commis envers les communautés juives et musulmanes. Des communautés particulièrement ciblées par des violences haineuses depuis plusieurs semaines et le début du conflit à Gaza. Un conflit qui a eu pour effet d’exacerber ces violences.
Les chiffres parlent d’eux-même. En Autriche par exemple, le nombre de crimes antisémites a augmenté de 300% en 2023 par rapport à 2022. Tandis qu’en Allemagne, pendant la deuxième quinzaine d’octobre, environ trois incidents ciblant la communauté musulmane auraient été recensés par jour.
Que compte faire la Commission européenne pour faire face à cette recrudescence des violences ?
Cela passera premièrement par une augmentation du budget alloué au programme PROTECT, le programme consacré à la protection des lieux de culte. Cela implique notamment une augmentation du budget consacré à la protection des lieux de culte juifs.
La Commission compte également renforcer le Digital Services Act, dont tout une série de mesures sont allouées à la lutte contre la haine en ligne. La Vice-Présidente de la Commission européenne Vera Jourova s’est d’ailleurs dite particulièrement préoccupée par les cas de X et Tik-Tok, deux réseaux sociaux qui n’en feraient pas assez pour modérer les messages haineux publiés sur leurs plateformes.
La Vice-présidente qui a d’ailleurs reconnu que même si ce texte est à portée universelle, “l’antisémitisme est un cas particulier” à ses yeux.
Oui, ce paquet de réformes est d’ailleurs plébiscité par l’Association des Juifs d’Europe. L’Union européenne n’en est d’ailleurs pas à sa première mesure de lutte contre l’anticémitisme, puisqu’une stratégie combattant ce phénomène a été mise en place pour la période entre 2021 et 2030.
En revanche, plusieurs critiques se font entendre sur ces réformes de lutte contre la haine. Il est notamment reproché à la Commission de ne pas considérer les violences de manière assez globale. Le directeur exécutif du réseau européen contre le racisme appelle ainsi la commission à faire preuve d’une approche “plus holistique”, plus générale,pour dissiper tout doute sur une hiérarchisation des discriminations“.
Concluons ce journal en évoquant l’adoption, jeudi 7 décembre, par le Parlement européen d’un acte sur la cyber solidarité.
L’Union européenne cherche avec cet acte à se renforcer face aux menaces numériques. Depuis plusieurs mois, l’Europe a subi de nombreuses attaques cybernétiques. On pense par exemple aux cyber-attaques russes qui ont augmenté de 300% entre 2020 et 2022 dans les pays de l’OTAN selon la société de cybersécurité Mandiant. Des attaques qui prennent principalement pour cible les pays Baltes et la Pologne.
On pense également aux nombreuses attaques au rançongiciel, qui ont touché un grand nombre d’hôpitaux français.
Comment l’UE compte lutter contre ces menaces ?
La Commission chargée de l’industrie au Parlement préconise une coopération accrue entre les États membres, ainsi qu’avec le secteur privé. Cet acte marque également la création d’un réseau paneuropéen de “Centres d’opérations de sécurités”. Ces préconisations doivent notamment permettre de renforcer la sécurité pour les petites entreprises et les infrastructures publiques au niveau local et national, qui sont en général les plus touchées par ces attaques.
Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana.