Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près », le journal de la rédaction d'euradio qui fait le point, chaque vendredi, sur l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Au programme :
- Le Parlement et la Commission s'opposent sur la question des aides pour la Hongrie
- Emmanuel Macron souhaite mettre en place des emprunts communs européens
- La chambre d'agriculture de République Tchèque souhaite mettre fin à la PAC
Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant la gronde du Parlement européen à l’encontre de la Commission européenne. Les députés reprochent un manque de fermeté de la part des commissaires vis-à-vis de la Hongrie et de son Premier ministre Viktor Orban.
Presque tous les groupes de l’hémicycle s’accordent sur la complaisance dont aurait fait preuve la Commission en débloquant 10 milliards de fonds pour la Hongrie au mois de décembre. Pour rappel, ce déblocage a été opéré juste avant un sommet du conseil européen décisif pour l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Une décision à laquelle Viktor Orban, qui entretient de très bonnes relations avec la Russie et Vladimir Poutine, menaçait depuis des semaines d’opposer son véto, ce qui n’a finalement pas eu lieu puisque le Premier ministre s’est contenté d’une abstention.
Le Parlement reproche à la Commission et aux États membres d’avoir cédé au chantage de Viktor Orban.
Tout à fait, ces fonds étaient à l’origine bloqués pour des manquements à l’État de droit en Hongrie, notamment liés à l’indépendance de la justice. Des manquements qui sont toujours d’actualité aujourd’hui selon le Parlement, tandis que la Commission défend les progrès réalisés par Budapest sur la question. De nombreux députés estiment au contraire que ces améliorations sont loin d’être tangibles, et que la Commission a donc voulu inciter Viktor Orban à lever son véto en lui versant ces fonds en contrepartie.
Les députés ont donc voté une résolution jeudi 19 janvier en plénière pour demander un durcissement des sanctions envers la Hongrie.
Ce texte se divise en deux aspects principaux. Premièrement, le Parlement demande à la Cour de Justice de l’Union européenne d’examiner la légalité du dégel des aides pour la Hongrie afin de potentiellement maintenir le blocage de ces fonds. Et deuxièmement, les députés demandent au Conseil européen de retirer le droit de vote de Budapest. Une sanction rarissime dans l’histoire de l’Union européenne et une demande qui n'a, dans les faits, que très peu de chances d’aboutir.
Les 26 autres États membres continuent donc de chercher des moyens de lever le véto de la Hongrie sur le budget de l’UE, et surtout sur les 50 milliards d’euros d’aide pour l’Ukraine qui y figurent.
Le dirigeant hongrois a demandé le 18 janvier sur le réseau social X à ce que cette aide ne fasse pas partie du budget de l’UE. Un sommet exceptionnel du Conseil est organisé le 1er février pour reprendre les négociations et trouver un moyen de faire parvenir cette somme à Kiev.
Poursuivons ce journal en partant pour la station de ski de Davos en Suisse, où s’est tenu le Forum Économique Mondial. Le Président français Emmanuel Macron s’y est rendu le mercredi 17 janvier.
Oui et le président français a prononcé à cette occasion un discours dans lequel il incite à la création d’une Europe plus ambitieuse. Pour ce faire, il demande à ce que les 27 procèdent à un emprunt commun européen. Emmanuel Macron rejoint ainsi son compatriote le Commissaire au marché intérieur Thierry Breton, qui demandait à ce que l’Union prenne “davantage de risques” pour financer l’industrie de défense du continent.
Le Président français demande donc le retour des eurobonds, qui avaient déjà beaucoup fait parler lors de la crise du Covid.
Pour rappel, les eurobonds sont des emprunts émis de manière conjointe par l’intégralité des États membres de la zone euro. En revanche, ces emprunts ne seraient pas réalisés en Euro mais dans une autre monnaie.
L’idée serait d’inciter les États à ne plus s’endetter à titre individuel, mais à privilégier des emprunts communs dont le remboursement serait également partagés entre les États membres. Cela permettrait également de bénéficier de taux réduits en rassurant les banques sur le remboursement de ces emprunts.
Ces emprunts serviraient ici à soutenir ce que Emmanuel Macron appelle les “grandes priorités d’avenir”.
Oui, le Président s’inspire ici de l’Inflation Reduction Act, le grand plan américain de lutte contre l’inflation, qui soutenait à hauteur de plusieurs centaines de milliards d’euros la lutte contre le changement climatique ou encore en soutien au système de santé. Un plan extrêmement ambitieux, mais critiqué pour avoir encore davantage plongé ce pays dans l'endettement.
C’est d’ailleurs ce que craignent certains États membres, dont l’Allemagne, concernant une politique d'investissements massifs européenne : le développement d’une dette qui deviendrait hors de contrôle.
Concluons ce journal en République Tchèque, où la chambre d'agriculture a demandé dans un communiqué le 16 janvier la fin de la Politique Agricole Commune.
Oui dans ce communiqué, le président de la chambre Jan Dolezal se montre, je cite “solidaire des agriculteurs allemands”. Pour rappel, en Allemagne de grandes manifestations agricoles ont paralysés un grand nombre d’axes routiers dans le pays pendant près d’une semaine. Un mouvement reproduit, à une moindre ampleur, en Tchéquie.
Que reprochent les agriculteurs tchèques à la politique de l’Union européenne ?
La chambre d’agriculture tchèque rejoint ses homologues allemands sur les nombreuses difficultés que connaît le secteur depuis plusieurs mois. En cause, la baisse des subventions, notamment sur le carburant. Une baisse particulièrement dure à compenser pour ces personnes au revenu souvent relativement faible, d’autant plus avec la hausse des prix de l’énergie.
Jan Dolezal déplore également que la PAC ne soit pas adaptée au contexte international actuel, le programme ayant été élaboré avant le début de la guerre en Ukraine.
Oui, pour rappel le programme actuel de la PAC couvre une période allant de 2021 à 2027. La hausse des prix de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine n’a donc pas pu être anticipée par les États membres. Un constat que fait également le ministre tchèque de l’agriculture Marek Vyborny, qui déplore le manque de résultats positifs de la politique européenne dans le pays, ainsi que “l’accroissement de la bureaucratie” qui s’en est suivi.
Un journal présenté par Ariane Dana et Joris Schamberger.