Les éclaireurs du voyage

Voyage à Popayan

© Wikimedia Commons - Bernard Gagnon Voyage à Popayan
© Wikimedia Commons - Bernard Gagnon

Toutes les semaines, Stéphanie Taupin et Fabien Hée vous emmènent à la découverte de l'Europe... et plus si affinité ! Les cofondateurs de l'agence Les Éclaireurs Du Voyage ramènent de leurs repérages sur le terrain, souvenirs de rencontres, trouvailles insolites et conseils pour vos prochains voyages. Un regard parfois amusé, toujours sincère, sur ces destinations qui nous entourent et nous en font voir de toutes les couleurs.

Aujourd'hui vous nous emmenez... à Popayan !

Oui Laurence, direction le Sud de la Colombie, et la très historique ville de Popayan. Là-bas on la surnomme affectueusement Popayán la Blanca, la blanche.

En quoi son histoire est-elle intéressante alors ?

Dès sa création officielle en tant que ville par les conquérants espagnols, Popayán a été un modèle à la fois de religion et de pouvoir.

Le premier gouverneur, Sebastián de Belalcázar, instaura dès son installation en 1540, le système politique espagnol d’alcaldes et autres notables, en étroite relation avec l’Église catholique.

Il a fait développer l’agriculture avec des semences apportées d’Espagne comme l’orge et le blé. L’élevage de bovins, chevaux a également participé à l’enrichissement des colons…

Et comme souvent en Amérique Latine le rêve d’Eldorado n’était pas très loin. L’exploitation de l’or a apporté pouvoir économique et influences (politique et religieuse) aux familles. Les églises ont poussé comme des champignons !Aujourd’hui encore, elles font partie intégrante du paysage architectural de la ville.

A quoi ressemble-t-elle cette ville de Popayan ?

Je vous le disais tout à l’heure Laurence, Popayan est toute blanche.

Pour la petite histoire, l’humidité à l’époque provoquait des infections de tungose à toux ceux qui marchaient pieds nus… Bien douloureux. On décida alors de badigeonner le bas des murs de chaux blanche pour les assécher, et ce fût étendu ensuite jusqu’aux toits. Voilà pour l’origine de cette belle unité de style !

Aujourd’hui Popayán aligne ses belles bâtisses coloniales immaculées le long d’un centre très vivant.

Et le passé et le présent cohabitent en surprenante harmonie : Nombreuses sont les vastes maisons coloniales avec leur grand patio qui abritent maintenant des universités, fondations… Ce magnifique patrimoine architectural est préservé sans être mis sous cloche si je peux dire, les étudiants baignent dans cette atmosphère. C’est un privilège dont ils sont assez conscients, et une chance pour nous voyageurs que de pouvoir en pousser les portes.

Que nous conseillez-vous de visiter alors à Popayan ?

Alors évidemment on va visiter, ou découvrir de l’extérieur, de nombreuses églises… Les plus belles sont sans doute celles de San José et San Francisco, et Santo Domingo avec ses belles arches intérieures de briques.

Et ne manquez pas d’aller voir le pont Humilladero : Il se trouve entre le quartier Bolívar et le centre-ville, au dessus d’une faille naturelle et a longtemps été la principale entrée de la ville.

Il a été nommé pont de l’humiliation parce qu’en l’empruntant pour monter la pente, on était forcément courbé, voûté vers le sol.

Avec ses 12 arches en plein cintre, il a résisté à tous les séismes qui ont secoué la région !

Et tout autour alors, que peut-on découvrir ?

Bien avant l’arrivée des Espagnols, les communautés indigènes peuplaient déjà la région.

Les Misaks, qu’on appelle aussi les Guámbianos, ont une culture encore très présente et qui regagne en vivacité même...

Au delà des vêtements traditionnels, avec les jupes violettes des messieurs et les petits chapeaux plats des dames, c’est tout un savoir-faire à découvrir !

Ils sont agriculteurs, tisseurs, éleveurs.

J’ai eu la chance d’y faire la rencontre de jeunes qui ont retrouvé les techniques de semence en spirale de leurs arrières grand-parents, l’utilisation des plantes médicinales...

C’était un très beau moment d’échanges autour du foyer, dans la maison ronde communautaire.

On sent que ça vous a touchée ?

Oui, parce qu’ils se sont réapproprié leur culture, ils parlent à nouveau leur langue native.

Pour certains ils ont fait l’expérience de la vie à Bogotá et savent exactement pourquoi ils sont revenus sur leur terre pour y élever leurs enfants. Ils ne sont pas fermés sur eux-mêmes, au contraire ils sont fiers de pouvoir expliquer leur démarche et leur savoir *.

Stéphanie Taupin, quand nous recommandez-vous de visiter Popayan et sa région alors ?

Popayán bénéficie d’un climat subtropical d’altitude, ce qui veut dire qu’on n’y manque pas d’eau, même en saison plus sèche.

Le plus agréable pour flâner à pied tranquillement, c’est de juin à septembre.

Mais pour ceux qui envisagent la période de décembre à février, favorable par ailleurs pour d’autres régions, il suffit de glisser un poncho imperméable dans son sac !

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.

Pour en savoir plus, découvrez la culture Misak et le Sud de la Colombie.