Bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents Etats-membres.
Cette semaine, les réunions organisées par la présidence française de l’UE ont en premier lieu porté sur la réponse européenne à apporter face à l’invasion russe en Ukraine.
Oui, cette guerre aux portes de l’Europe a évidemment un impact sur de nombreux domaines d’action de l’Union européenne, et représente l’un des principaux enjeux du sommet des chefs d'États et de gouvernement européens qui se sont réunis à Versailles les 10 et 11 mars. Le président du conseil européen Charles Michel et la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen y étaient également présents.
La demande d'adhésion de l’Ukraine à l’UE a notamment fait l’objet de débats importants. Qu’en est-il ressorti ?
Jeudi 10 mars, malgré l’insistance de la Pologne ou de la Slovénie pour donner immédiatement à l’Ukraine le statut de candidat à l’intégration européenne, les chefs d’Etat européens ont finalement rejeté toute entrée dite “rapide” de l’Ukraine dans l’UE, en référence au président ukrainien Volodymyr Zelenski qui réclamait une procédure “sans délai” pour l’adhésion de son pays. Le président français Emmanuel Macron a résumé la position des 27 en refusant “d’ouvrir aujourd’hui une procédure d’adhésion avec un pays en guerre”, mais sans toutefois “fermer la porte et dire jamais”. Finalement, les dirigeants européens se sont engagés vendredi à renforcer “sans tarder” les liens et le partenariat avec l’Ukraine.
L’un des maîtres mots de ce sommet de Versailles était aussi la “souveraineté” et notamment l’indépendance énergétique de l'Europe, alors que 40% du gaz consommé sur le continent provient de la Russie.
Oui, à ce propos la Commission a récemment proposé de réduire de deux tiers cette part d’importation de gaz russe d’ici la fin de cette année, notamment en diversifiant les fournisseurs et en développant des énergies renouvelables ou l’hydrogène. A terme, une majorité d’Etats européens souhaite s’émanciper de toutes les énergies fossiles russes. Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a ainsi déclaré être prêt à cesser complètement d’importer du charbon de Russie. Une ambition élevée, alors que l’année dernière, la Pologne a importé 8,3 millions de tonnes de charbon à la Russie, soit 625 milliards d’euros.
Cette semaine, les Européens ont aussi cherché à renforcer leur indépendance dans un autre domaine, celui du numérique. Les 8 et 9 mars, une réunion des ministres européens du numérique a eu lieu à Nevers.
Oui Juliane, toujours dans ce contexte de guerre en Ukraine, et en raison du soutien occidental apporté aux Ukrainiens, le nombre et l’intensité des cyberattaques russes visant des installations européennes s’est fortement accru. Les mardi et mercredi 8 et 9 mars, les ministres européens chargés des télécommunications et du numérique ont ainsi parcouru les différentes solutions à apporter à ces menaces.
Dans un premier temps, les ministres européens ont maintenu leur soutien à l’Ukraine.
Oui, le 3 mars dernier, les ministres des 27 s’étaient déjà entretenus avec le vice-premier ministre Mykhailo Fedorov. Cette semaine, ils ont à nouveau garanti l’acheminement d’une assistance à l’Ukraine en matière d’informatique et de télécommunications. L’objectif est de permettre aux autorités ukrainiennes de poursuivre leurs activités, grâce, entre autres, à la fourniture de matériel informatique ou de réseaux de télécommunications. La mise en place de ces livraisons est placée sous la coordination de la présidence française du Conseil de l’UE, ainsi que de la Commission européenne.
D’autre part, les Européens souhaitent aussi la création d’un nouveau fonds européen pour renforcer les capacités de cyberdéfense européenne.
Oui, les ministres des 27 veulent non seulement se prémunir contre les attaques informatiques en provenance d’acteurs étrangers comme la Russie, mais aussi déployer davantage de moyens dans la lutte contre la désinformation pratiquée à grande échelle par le Kremlin. Depuis le début de l’invasion en Ukraine, des médias de propagande russe comme Russia Today et Sputnik ont été interdits en Europe, mais le secrétaire d’Etat français chargé de la transition numérique Cédric O a aussi appelé les entreprises occidentales du numérique à prendre des mesures supplémentaires pour prévenir toute manipulation de l’information en ligne, notamment sur les réseaux sociaux.
Terminons ce tour hebdomadaire du travail de la présidence française du Conseil de l’UE en nous arrêtant sur une autre conférence interministérielle, qui a réuni cette fois les représentants européens chargés du handicap.
Oui Juliane, cette réunion des 27 était organisée par la secrétaire d’Etat française Sophie Cluzel. En plus des ministres chargés du handicap, la commissaire européenne chargée de l’égalité Helena Dalli a rejoint cet événement, de même que des représentants de la société civile. Alors qu’aujourd’hui selon Eurostat, environ 87 millions de personnes en Europe sont en situation de handicap, Sophie Cluzel a rappelé que “le manque d’accessibilité, les discriminations répétées et les préjugés entravent encore l’accès de ces personnes à l’emploi ou à des études de qualité”.
Les ministres présents s’y sont accordés pour renforcer la participation à la vie publique des personnes en situation de handicap, mais également assurer le respect de leurs droits ainsi que celui de la nouvelle stratégie en faveur des droits des personnes handicapées pour la décennie 2021-2030.
Dans ce cadre, la présidence française du Conseil de l’UE soutiendra la création cette année de AccessibleEU, un centre de ressources pour l’accessibilité des personnes en situation de handicap, ou encore la création d’une carte européenne du handicap. Ce projet défendu par la Commission européenne et déjà expérimenté dans 8 pays européens en 2016 représente un moyen pour l’UE d’harmoniser le statut et les droits des personnes handicapées dans les différents Etats-membres.
Juliane Barboni - Romain L'Hostis