Bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents Etats-membres.
Aujourd’hui commençons notre édition en nous intéressant à la réunion du mercredi 16 février qui s’est tenue à Toulouse. Des discussions qui ont réuni les ministres européens chargés de l’espace, présidées par le ministre de l’Economie français, Bruno Le Maire. Quelles étaient les priorités sur la table ?
Bonjour à tous, bonjour Romain ! La réunion informelle de mercredi dernier a été l’occasion pour les ministres européens et l’agence spatiale européenne d’aborder le futur de l’Europe spatiale sous plusieurs aspects. Au programme notamment, le projet de la Commission européenne relatif à la mise en place d’une constellation européenne de connectivité. L’objectif selon Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, est de garantir “un accès ininterrompu [...] dans le monde entier, à des services de télécommunications par satellite sécurisés”.
Un enjeu sécuritaire majeur à l’heure de la multiplication des satellites en orbite autour de la Terre.
Effectivement Romain, face au déploiement de centaines de constellations satellites appartenant à des groupes privés comme SpaceX ou Amazon, l’Europe ne veut pas se laisser distancer. L’enjeu est de se lancer avant que les fréquences de télécommunications ne soient trop encombrées. L’UE entend également se différencier des projets satellitaires étrangers, en développant une constellation satellite à la fois civile et militaire. En effet, la Commission européenne imagine sur le long terme le déploiement d’un avion de combat européen, qui doit s’appuyer sur un service satellitaire sûr.
Au cœur de ces débats : le développement d’une Europe spatiale souveraine.
Tout à fait Romain. C’est d’ailleurs à ce sujet que le président français Emmanuel Macron s’est exprimé mercredi dernier. Devant les participants à la réunion, il a plaidé pour une Europe souveraine dans l’espace. L’enjeu selon le chef de l’Etat français est d'acquérir une maîtrise technologique, industrielle, militaire et scientifique de l’espace. Ambition partagée par le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher, qui souhaite parvenir à une autonomie de l’UE dans le domaine spatial.
Le président Macron souhaite également se différencier du positionnement américain en matière de tourisme spatial.
Effectivement, si selon lui l’Europe doit investir dans “la part de rêve” que représente l’espace, il affirme néanmoins que “le modèle spatial viable n’est pas celui de l’exploitation [et] de l’augmentation du nombre de touristes”. Une stratégie bien éloignée des géants américains comme SpaceX, qui, pour sa part, a lancé en 2021 une première expédition touristique avec à bord de sa fusée 4 astronautes non-professionnels.
Continuons ce journal en abordant à présent la réunion qui s’est tenue le 15 février dernier à Bordeaux. Les ministres européens du Travail et de l’Emploi se sont réunis pour discuter de l’accompagnement des travailleurs européens à l’ère de la transition numérique.
Effectivement Romain, la semaine dernière les ministres européens du Travail et le commissaire européen à l’emploi, Nicolas Schmidt se sont réunis lors du Conseil “Emploi, politique sociale, santé et consommateurs” de l’Union européenne. Ce forum, dédié à l’impact des transitions numérique et climatique sur le marché du travail, a pour objectif de mieux accompagner les travailleurs européens touchés par les mutations du marché du travail.
Quels sont les défis à l’ordre du jour ?
À l’heure où le numérique bouscule les formations professionnelles traditionnelles, les ministres européens ont souligné l’importance d’assurer la sécurisation des travailleurs dans le cadre de leur reconversions professionnelles et ont convenu de l’importance d’investir dans la formation aux métiers d’avenir en Europe, afin de mieux anticiper les besoins du marché du travail.
Quels sont ces besoins ?
Eh bien Romain, avec l’émergence d'industries dites “intelligentes” et hyper connectées, l’Europe entre dans une quatrième révolution industrielle. Cette évolution se traduit notamment par la disparition progressive de compétences techniques qui sont de moins en moins recherchées par les employeurs. À ce titre, “il est impératif d’investir dans [les] formations ainsi que dans les reconversions professionnelles afin de garantir à chaque Européen qu’il aura sa place au sein de la société.” a déclaré, Elisabeth Borne, ministre française du Travail, de l’Emploi et de l'Insertion.
Terminons ce journal en évoquant la réunion qui s’est tenue jeudi 17 février à Bercy en présence des ministres européens de l'Économie et de la Finance. Des discussions qui ont pour objectif d’harmoniser les activités et la reconnaissance de l’économie sociale au niveau européen.
Oui Romain, pour rappel l’économie sociale regroupe l’ensemble des associations et sociétés dont l’activité sert les besoins de la société plutôt que le profit de leurs actionnaires. Un secteur florissant selon la Commission européenne, qui représente jusqu’à 10% du PIB de certains Etats membres, comme la France, mais dont la définition reste encore très floue.
En effet, si des labels concernant l’économie “solidaire” existent par exemple en Italie ou en Espagne, ils ne sont pour l’instant pas reconnus par le reste des Etats membres.
Tout à fait ! A ce titre, la réunion de jeudi dernier avait pour objectif d’harmoniser les politiques nationales à l’échelle européenne. Un projet qui s’inscrit également dans un vaste plan d’action de la Commission européenne publié le 9 décembre dernier, qui vise à développer l’économie solidaire au niveau européen, notamment à travers un panel de subventions. Un projet qui préconise également une meilleure communication entre les gouvernements et les institutions européennes à propos des aides et des labels mis en place au sein des Etats membres.
Des enjeux portés par la présidence française du Conseil de l’UE
En effet, lors de la présentation des priorités de la PFUE le 9 décembre dernier, le président français s’est engagé à protéger le modèle social européen, en promouvant notamment la directive européenne concernant les salaires minimums en Europe. Une promesse accueillie favorablement par la confédération européenne des syndicats, et son président Laurent Berger, qui appelle au renforcement d’une Europe sociale, solidaire et protectrice.
Juliane Barboni - Romain L'Hostis