Alors que le confinement fait son grand retour dans plusieurs départements français, Elphège Tignel (Centre Européen des Consommateurs France) se pose la question de savoir s’il sera possible de partir en vacances en Europe cet été.
Si parler vacances estivales en ce début de printemps n’a rien d’extraordinaire, pouvoir voyager en Europe cet été reste une question. Pourtant, tout citoyen européen a le droit de circuler et de séjourner librement dans un autre pays de l’UE. Mais depuis 1 an, nous faisons face à des fermetures de frontières, des restrictions, des quarantaines, des confinements, des tests avant ou à l’arrivée dans un autre pays de l’Union… Bref limiter la propagation de la Covid-19 est devenu LA priorité, au détriment notamment des personnes vivant dans des régions frontalières pour qui franchir une frontière est un acte du quotidien, que ce soit pour des raisons professionnelles, médicales, familiales ou autres. Alors sans une boule de cristal européenne pouvant prédire si on pourra voyager librement cet été, interrogeons-nous sur le sésame proposé par la Commission européenne pour faciliter nos déplacements en Europe.
Vous voulez donc nous parler du fameux passeport vaccinal européen proposé par la Commission européenne.
Oui, si l’idée d’un passeport vaccinal électronique au niveau européen n’est pas nouveau, la pandémie de Covid-19 accélère sa mise en place afin notamment de relancer des secteurs clés de l’économie européenne : les voyages et le tourisme. La Commission a donc proposé le 17 mars de créer un "passeport vaccinal européen", appelé "certificat vert numérique », qui permettrait aux citoyens vivant dans l’Union de prouver leur immunité. Concrètement, ce certificat vert, délivré gratuitement par les autorités nationales sous forme numérique ou papier, authentifié par un QR code, comporterait soit la preuve de votre vaccination, soit les résultats négatifs d’un test PCR soit un test sérologique indiquant que vous avez récemment contracté la maladie. Ces données seraient rédigées dans la langue du pays de délivrance du certificat ainsi qu'en anglais. Si le terme « certificat vert » plutôt que « passeport vaccinal » a été privilégié, c’est parce que ce certificat ne sera pas une condition sine qua non pour pouvoir voyager dans l’UE. Il permettrait seulement de faciliter les déplacements en évitant par exemple les quarantaines à l’arrivée. Sans ce certificat vert, vous pourrez donc toujours vous déplacer hors de nos frontières mais en respectant les conditions d’entrée fixées par chaque pays de l’UE.
Quand ce certificat pourrait-il être disponible ?
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a indiqué que ce certificat vert pourrait être effectif "d'ici cet été », ce qui parait réaliste puisque le Parlement européen a décidé le 25 mars d’accélérer la procédure pour adopter le certificat vert numérique d’ici juin. Restent encore les négociations avec le Conseil européen au sein duquel siègent les Etats membres, pas tous unanimes sur cette mesure mais poussés par la présidence portugaise de l’UE qui a déjà annoncé qu’elle fera « tout son possible » pour garantir le certificat de santé numérique COVID-19 d’ici juin.
Quelles sont les questions que pose ce passeport vaccinal européen ?
Tout d’abord, au vu des connaissances scientifiques actuelles, il ne semble pas possible de déterminer à 100% si les personnes vaccinées peuvent encore transmettre ou non le virus, ni la durée de l'immunité garantie par des vaccins autorisés en Europe. Ensuite, les campagnes vaccinales en Europe étant disparates, avec des problèmes d'approvisionnement voire de pénuries, ce certificat pourrait ouvrir la porte à d’autres formes de discrimination s’il permettait par exemple aux seules personnes vaccinées de fréquenter les restaurants ou les cinémas. Et enfin, le passeport vaccinal interroge sur le plan de la protection des données. Si la Commission assure que seules les données médicales essentielles, les informations sur le vaccin ou le test, devraient apparaître lors d'un déplacement et que les autres informations comme le nom et la date de naissance du titulaire et la date de délivrance du document ne devront pas être conservées par les pays visités, comment s’en assurer ?
Vous l’aurez compris, ce sésame n’a pas fini de faire parler de lui mais avouez Laurence que ça fait du bien de parler de voyages en Europe et de perspectives positives pour cet été.
Interview réalisée par Laurence Aubron
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