Voyage, transport, e-commerce, protection des données personnelles… Les 3/4 des droits des consommateurs qui s’appliquent en France comme dans les autres pays européens sont issus de directives et règlements européens. Dans cette chronique, Elphège Tignel, du Centre Européen des consommateurs France, vous explique sur euradio comment l’Europe protège les consommateurs dans leur vie quotidienne et quels sont vos droits si vous voyagez, déménagez, achetez, payez, étudiez, téléphonez… en Europe.
Elphège,
en ce mois d’avril propice aux voyages et escapades à l’étranger,
vous avez décidé de nous parler des paiements en Europe.
Que ce soit par carte bancaire pour ramener un souvenir d’Italie, par prélèvement bancaire pour régler une facture en Espagne ou par virement pour subvenir aux besoins de votre enfant étudiant en Hollande, payer en Europe est devenu « monnaie courante ».
Et ça, il faut le dire, on le doit notamment à l’Euro !
Alors faisons un petit rappel historique pour nos auditeurs de moins de 20 ans : l’euro a été créé suite à l’adoption du Traité de Maastricht en 1992. Ce traité prévoyait également une union monétaire entre les pays membres. Il a ensuite fallu attendre 1999 pour que cette monnaie unique soit officiellement lancée. Et pendant les trois premières années, l’euro a été une monnaie « invisible », utilisée uniquement à des fins comptables et pour les paiements électroniques. C’est donc depuis le 1er janvier 2002, que les pièces et les billets ont intégré nos portefeuilles et simplifient grandement notre vie quotidienne en Europe.
Mais est-ce qu’aujourd’hui nous pouvons payer en euros dans les 27 pays de l’UE ?
Et non ! Seuls 20 pays sur 27 ont adopté l’euro comme monnaie nationale.
Que vous soyez à Paris, Berlin, Rome ou Athènes, aucun problème de conversion. L’Euro est la monnaie du pays. Et c’est également le cas en Croatie depuis le 1er janvier 2023.
Mais pour payer en Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Pologne, Roumanie, Suède et Danemark, ce n’est pas aussi simple ! Il faudra vous armer d’une calculette ou d’une bonne application sur votre Smartphone pour comparer les prix.
Et qu’en est-il des paiements par carte bancaire ? Est-ce que ça coûte cher de payer avec sa carte à l’étranger ?
Non ! En tout cas, pas dans la zone euro.
Depuis 2018, il est en effet interdit de facturer des frais sur des paiements par carte bancaire en euros. Vous ne devez donc payer aucun surcoût lorsque vous utilisez votre carte bancaire en Espagne, au Portugal ou dans un autre pays de la zone euro.
En revanche, dans les autres pays européens qui n'ont pas l'euro comme monnaie officielle, des frais pour la conversion dans la monnaie nationale peuvent vous être appliqués. Donc renseignez-vous auprès de votre banque.
Et si je veux faire un virement, pour transférer de l’argent sur le compte de mon fils qui étudie à l’étranger par exemple, est-ce que cette même règle s’applique ?
Pas tout à fait !
Les banques restent libres d’appliquer la tarification de leur choix. Mais le tarif doit être le même entre un virement national et un virement transfrontalier en euros.
Une bonne nouvelle concerne les délais d’exécution des virements. Ils vont bientôt être plus rapides. Actuellement, il faut un jour ouvré pour qu’un virement soit exécuté au sein de la zone euro. A compter de l’automne 2025, les virements seront quasiment instantanés. Vous pourrez donc transférer de l'argent sur le compte de votre fils aux Pays-Bas en 10 secondes. Mais aussi virer de l’argent sur le compte d’un escroc qui se faisait passer pour votre fils en 10 secondes. Donc méfiance !
Mais si je veux acheter une voiture qui correspond à tous mes critères et qui se trouve en Allemagne par exemple, est-ce que je peux partir la chercher avec mes euros en poche ?
Non ! Enfin, ça dépend de son prix.
Actuellement, certains pays ont instauré des limites de paiements en espèces. C’est le cas en France. Vous ne pouvez pas payer en liquide des sommes supérieures à 1500 €. D'autres pays demeurent beaucoup moins restrictifs, à l'instar de l'Allemagne et de l'Autriche.
Cela devrait bientôt changer. Pour lutter contre le financement du terrorisme et mieux détecter et limiter les transactions douteuses, le Parlement européen et les Etats membres se sont mis d'accord en janvier 2024. Ils souhaitent établir un plafond à 10 000 € pour les paiements en cash au sein des 27.
Mais les Etats-membres resteront toujours libres d’imposer une limite inférieure à 10 000 euros, et la France ne devrait pas s’en priver.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.