Michèle Sylvander proposait l’année dernière une exposition intitulée Juste un peu distraite dans la ville où elle vit et travaille depuis maintenant une trentaine d’années. Elle y présentait un ensemble de dessins au trait noir, dont certains sont rehaussés de couleurs, simplement arrachés de ses carnets de croquis. On y retrouve un enfant debout sur les épaules de son père, deux personnes chauves tête contre tête ou encore une créature mi-homme, mi-animal. Ce qu’elle appelle des « cri-bouillages sur une feuille de papier sans qualité » forment pour autant un ensemble tout aussi fascinant qu’intriguant.
Disposés en mosaïque dans des cadres en bois, ces dessins forment un ensemble conséquent à contempler comme bon vous semble. De gauche à droite, de haut en bas ou bien en diagonale, ils sont comme les pièces d’un puzzle. Michèle Sylvander le souligne elle-même, elle réalise ses dessins indépendamment les uns des autres en laissant place à la spontanéité. Comme dans une démarche de retour à soi, elle laisse ressurgir ce qu’elle appelle ses tourments enfantins à mesure que son crayon parcourt le papier.
Pour elle, ses dessins sont comme une énigme sans réponse. En les positionnant côte à côte, ils racontent une histoire que chacun est libre d’écrire selon son expérience et son ressenti. L’économie de moyens désirée par l’artiste permet de mieux se concentrer sur le fond du dessin et d’interroger les liens qui peuvent se tisser entre les différents éléments de cet ensemble. En effet, on y retrouve les thèmes et les questionnements que l’on peut habituellement retrouver chez l’artiste : les notions de généalogie, de gémellité, de sexualité, de filiation, ou encore de rapport entre l’homme et l’animal et d’expression de pulsions plus ou moins contenues…
Une émission proposée par Clémence Gueno.