Cataract 3 est une toile où il est question de lignes, d’ondulations. Ces dernières vont de gauche à droite ou de droite à gauche selon le sens de lecture. Peu à peu, en descendant, les ondulations se décalent laissant alors apparaitre des diagonales, zones où, les vagues se resserrent entre elles. Tout cela relève d’une rigueur géométrique remarquable.
Le motif semble plus lumineux et chaud en son centre. Bridget Riley a opté pour une palette restreinte : du bleu et du rouge. Le bleu est turquoise et le rouge est vermillon. Le tout sur fond blanc, qui, finalement est très peu visible : une ligne sur deux. Aux extrémités haute et basse de l’oeuvre les ondulations sont bleues. Puis plus l’on se rapproche du centre du tableau plus la ligne courbe, sur toute sa longueur, laisse apparaitre une même ligne rouge. Comme une ombre, comme une empreinte. Elles fonctionnent par paires. C’est ce procédé qui crée la gradation d’intensité et de présence du rouge. C’est aussi ce procédé qui, dans votre oeil crée un mélange mauve ou bien grisé et une sensation étrange de flou, de brouillage. Comme troublé, le cerveau ne sait dissocier les couleurs de la composition tandis qu’il en comprend les formes.
Une émission proposée par Clara Le Her
Cataract 3 a été réalisée pour la biennale de Venise en 1968, lors de laquelle l’artiste remportera le prix international de la peinture. Elle en sera la première femme détentrice. La série d’oeuvres Cataract marque un moment charnière de l’évolution artistique de Bridget Riley. L’utilisation de la couleur est nouvelle. Auparavant elle ne traitait que le noir et le blanc. Dans Cataract 3, l’artiste pousse les limites des interactions colorimétriques entre deux couleurs chaude et froide. Les couleurs qu’elle choisit sont des souvenirs de ses voyages, de sons, de l’environnement. Riley crée des compositions maitrisées, des compositions géométriques. Elle joue avec l’oeil, avec la vue, la perception. Le titre n’est pas anodin. La cataracte est une maladie oculaire qui altère le cristallin. Le cristallin s’opacifie et la vision se brouille. Phénomène troublant qui s’opère face à l’oeil et l’illusion de mouvement.
L’artiste inscrit son oeuvre au sein de l’Optical Art,Mouvement artistique des années 60…