Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies en parle en coulisses depuis des mois. Mais il a jeté un pavé dans la marre la semaine dernière en annonçant publiquement que la société qu’il dirige, étudiait la possibilité de transférer sa cotation en bourse de Paris à New York. L’annonce me paraissait suffisamment importante pour en faire le sujet de cette chronique.
Pourquoi TotalEnergies pourrait-il vouloir changer de cotation boursière ?
C’est la question à 162 milliards d’euros. Cette somme représente, peu ou prou la capitalisation boursière de notre fleuron national. La réponse courte à la question est que les investisseurs américains sont tout simplement plus positifs sur la société et qu’ils soutiennent sa politique en matière d’énergies fossiles. Le PDG de la société dit que les investisseurs américains comprennent mieux ce que fait Total.
Mais si les investisseurs américains aiment TotalEnergies, ils peuvent en acheter les actions à la bourse de Paris non ?
Tout à fait. Et d’ailleurs, ils peuvent même le faire à la bourse de New York. Parce que si la cotation principale de TotalEnergies est bien à Paris, la société jouit d’une cotation secondaire de l’autre côté de l’Atlantique.
Et les investisseurs américains ne se retiennent pas. Ils représentent aujourd’hui près de la moitié de la base d’actionnaires de l’entreprise, contre seulement un tiers il y a dix ans.
Alors pourquoi envisager ce déplacement géographique de la cotation principale ?
Le Conseil de Surveillance a demandé au PDG d’étudier la question car ce serait un geste fort pour reconnaître l’appétit des investisseurs américains pour l’action TotalEnergies. La bascule serait ainsi de nature à favoriser le cours de bourse de la société. Car certains estiment que sa hausse est gênée par des problématiques européennes.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de ces freins européens ?
Oui, cela commence par la stratégie du groupe. Pouyanné souhaite poursuivre l’exploration et l’exploitation d’énergies fossiles, avec une bascule progressive du pétrole vers le gaz. Les énormes gains générés par ces projets sont alors utilisés en partie pour investir dans les énergies renouvelables.
En Europe, TotalEnergies fait face à de nombreuses critiques estimant que la société ne fait pas assez pour contribuer à la transition énergétique.
Puis j’imagine qu’il y a aussi plus de pression politique et fiscale en France ?
Oui, on a reproché à TotalEnergies de ne pas avoir fait assez pour maintenir les prix de l’essence, quand celui du pétrole a flambé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Par ailleurs, vous savez que le gouvernement étudie la possibilité de taxer les rachats d’actions par les entreprises. Or, rien qu’en 2023, le programme de rachat d’actions de TotalEnergies a atteint 9 milliards de dollars.
Mais une bascule vers la bourse de New York ne permettrait pas à TotalEnergies d’échapper au fisc français ?
Non, et Pouyanné a d’ores et déjà affirmé que le siège social de la société resterait à Paris. L’annonce est donc plus symbolique. Mais elle n’est pas à prendre à légère pour autant. Verdict attendu en septembre.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.