L'éco de Marc Tempelman

La privatisation de la Française des Jeux : l'édito Marc Tempelman

La privatisation de la Française des Jeux : l'édito Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux, via son application d’épargne simple et sécurisée. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour Simon, je vous propose aujourd’hui de nous pencher sur la privatisation de la Française des Jeux, la première opération de privatisation de plus d’un milliard d’Euros entreprise par l’Etat depuis plusieurs années et en termes de taille une des opérations boursières les plus importantes de l’année sur la Bourse de Paris.

Super, alors pourquoi voulez-vous nous parler de cette transaction ?

Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’une opération en cours qui cible spécifiquement les particuliers et qui peut donc intéresser directement les auditeurs. En effet, les investisseurs individuels peuvent réserver des actions jusqu’au 19 novembre prochain. Mais aussi parce que cette opération permet d’illustrer de façon plus large l’attrait mais aussi les risques potentiels d’un investissement boursier.

D’accord – Pourquoi dites-vous que cette opération cible spécifiquement les particuliers ?

Au-delà de générer des revenus pour l’Etat, le gouvernement qui a ordonné cette transaction a spécifiquement voulu la rendre accessible au grand public. Et la structure de l’offre en tient compte : tout d’abord les demandes pour les titres FDJ peut se faire à partir de montants relativement faibles, en occurrence à partir de €Deuxièmement, les ordres soumis par les particuliers bénéficient d’un traitement favorable car ils seront traités en priorité (à hauteur de € 5000 par personne intéressée) et bénéficient d’une décote de 2% sur le prix de l’action qu’auront à payer les investisseurs institutionnels. Dit autrement, la fourchette de prix pour les investisseurs professionnels a été fixée de 16,50 à 19,90 euros, là où les particuliers n’auront qu’à payer 16,17 à 19,50 euros.

Très bien. Il y-a-t-il d’autres particularités ?

Oui. L’Etat souhaite également favoriser la stabilité de l’évolution du prix de l’action après son introduction en bourse, et propose donc à tout particulier qui participe à l’opération de recevoir une action gratuite pour chaque paquet de 10 actions achetées dans le cadre de l’opération qui seraient détenues pendant au moins 18 mois. Cette offre d’actions gratuites ne concerne que les ordres prioritaires, c’est-à- dire dans la limite des € 5000 par personne.

Mais pourquoi l’Etat fait-il autant d’efforts pour les investisseurs particuliers ?

Pour plusieurs raisons. Premièrement, l’Etat est un peu obligé de dérouler le tapis rouge pour les épargnants individuels français dont bon nombre se sont brûlées les doigts en participant à d’autres privatisations, qui – d’un point de vue de la performance financière – n’ont pas toujours été très rentables. Prenons l’exemple d’EDF, introduit en bourse avec grande fanfare en 2005 à un cours de 32 euros par
action. Après avoir touché les 80 euros en novembre 2007, ce titre vaut aujourd’hui moins de 10 euros. Deuxièmement, l’Etat envisage d’autres privatisations dans les trimestres à venir, dont notamment celle des Aéroports de Paris. Un succès pour la Française des Jeux permettrait de bien préparer le terrain pour ce second dossier à venir. Troisièmement, réussir un placement auprès du grand public peut contribuer à faire évoluer la culture d’épargne en France où, par rapport aux Etats-Unis par exemple, le nombre de foyers qui détiennent directement des actions est très faible et où les placements les plus conservateurs sont souvent privilégiés au détriment d’investissements plus risqués, qui stimulent plus directement l’économie.

Alors selon vous s’agit-il d’un bon placement et faut-il y souscrire ?

C’est la question à un milliard d’euros. Si je devais en illustrer les points forts, je soulignerai la stabilité des revenues et de la profitabilité du groupe. La Française des Jeux est aujourd’hui la 2 ème loterie européenne avec 15,8 milliards d’euros de mises en 2018 qui devraient être en hausse en 2019. La société va bénéficier du monopole des jeux de grattage, de tirage et sur les paris sportifs en point de vente physique pendant 25 ans et à l’intention de verser une part conséquente de ses bénéfices futurs en dividendes à ses actionnaires. Le dossier n’est néanmoins pas entièrement sans risques. Le marché, de façon générale, est au plus haut, et une correction de marché pourrait affecter le titre FDJ. Ensuite, le rendement de l’action dépendra du prix exact auquel sera fixé l’action, dans la fourchette indiquée. Enfin, il n’est pas rare de voir de fortes variations à la hausse comme à la baisse des cours de bourse de sociétés nouvellement introduites, reflétant les ajustements de portefeuilles auxquels procèdent les grands gérants de fonds. Il faut donc être prêt à assumer une certaine volatilité dans ses placements. Je dirais donc que ce dossier mérite d’être étudié, mais uniquement pour les investisseurs avertis, souhaitant déployer une petite partie de leur épargne, afin de respecter le principe de la diversité et de la minimisation des risques.