Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Je vous propose de parler du prix du gaz naturel. Et surtout de sa flambée récente, qui risque de mettre en péril la relance économique en Europe. Et de façon plus prosaïque, qui risque de vous coûter cher en chauffage !
Très bien. Les prix du gaz se sont multipliés par 5 en un an. Il me semble que la cause de cette hausse brutale est à chercher dans le fait que l’Europe ne produit plus assez de gaz elle-même pour subvenir à ses besoins énergétiques. C’est bien ça ?
Exactement. Les champs de gaz européens sont en bout de course. Notre gaz a touche à sa fin. Le fameux champ de Groningue aux Pays-Bas sera définitivement fermé l’année prochaine. Les réserves de gaz dans la Mer du Nord, exploitées par les Anglais, se sont réduites à tel point que le Royaume-Uni, qui fut exportateur net de gaz naturel, est aujourd’hui obligé d’importer 50% de sa consommation de gaz.
C’est ennuyeux surtout qu’il s’agit d’une source d’énergie importante pour l’Europe. Je crois qu’en termes de consommation d’énergie, l’économie européenne dépend pour 20% du gaz naturel.
Oui, et quand on dépend pour 20% de sa consommation en énergie de fournisseurs étrangers, mieux vaut s’y intéresser. Surtout que l’Europe est factuellement dépendante d’importations de gaz russe. Ce que Vladimir Putin sait très bien, et ce qui lui donne un levier politique important.
Comment le président russe pourrait-il exploiter cet état de fait ?
Certains responsables politiques et analystes l’accusent de délibérément limiter l’approvisionnement en gaz naturel aux Européens afin de mettre la pression sur le vieux continent pour qu’ils approuvent la mise en activité du pipeline Nord Stream 2. Ce gazoduc vient d’être complété par la société étatique Gazprom. Mais les régulateurs Allemands n’ont toujours pas approuvé l’entrée en opération de celui-ci. L’Agence Internationale de l’Énergie a ainsi calculé que la Russie pourrait exporter 15% de gaz de plus si elle le désirait.
L’Europe ne peut-elle pas se fournir ailleurs ? Il me semble que l’Espagne et le Portugal se fournissent en Algérie par exemple.
Certes, L’Algérie fournit environ deux-tiers des importations en gaz naturel de la péninsule ibérique. Mais les tensions entre l’Algérie et le Maroc pourrait menacer cette source alternative de gaz naturel. Ainsi, depuis le 1er novembre, l’Algérie a arrêté d’approvisionner le pipeline maghrébin, qui transporte du gaz vers l’Espagne, parce qu’il traverse le Maroc.
Le Royaume-Uni est tellement soucieux de la situation qu’elle vient de conclure un accord avec le Qatar qui ferait de celui-ci le fournisseur de gaz de dernier recours, délivrant du gaz liquéfié via des énormes tankers.
Existe-t-il une solution ou est-ce que nous devons réellement craindre un prix du gaz élevé de façon durable ?
Je crains qu’il n’y ait pas de solutions magiques. La demande asiatique pour le gaz naturel ne fait qu’augmenter. Les économies asiatiques sont énergivores, en pleine croissance et leurs dirigeants politiques essaient activement de réduire la consommation de charbon, très polluant. Le gaz naturel est une alternative évidente au charbon.
Putin a bien indiqué récemment vouloir détendre la tension sur les prix, en augmentant les livraisons de gaz vers l’Europe, mais seulement une fois les réservoirs domestiques remplis.
Donc il faut vraiment espérer un hiver plutôt doux !
Marc Tempelman au micro de Laurence Aubron
Chaque semaine, nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons avec lui de finance.
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Photo de .Gregory provenant de Flickr.