Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Aujourd’hui, je vous propose d’échanger sur une technique financière à la mode : le rachat d’actions. Un grand nombre d’entreprises cotées, à commencer par les grandes sociétés du pétrole , ont annoncé d’importants programmes de rachat d’actions, et je pensais qu’il était intéressant d’expliquer de quoi il s’agit.
Parfait. J’imagine que le point de départ est simple. Il s’agit d’entreprises qui décident de racheter une partie de leurs propres actions ?
Tout à fait. Typiquement, lorsque les dirigeant·es d’entreprises souhaitent distribuer une partie des bénéfices réalisés à leurs actionnaires, elles le font en versant des dividendes. Mais elles peuvent aussi le faire en rachetant une partie de leurs propres actions.
Et l’année dernière, les entreprises européennes ont collectivement annoncé le rachat pour l’équivalent de 350 milliards de Dollars d’actions, en forte hausse sur les 200 milliards de Dollars l’année précédente. Cela correspond à 2,4% de la totalité de la capitalisation boursière combinée de ces mêmes entreprises.
Pourquoi procéder par un rachat d’actions, plutôt que de verser plus de dividendes ?
Tout d’abord, le fait que les entreprises accroissent les montants qu’elles distribuent à leurs actionnaires - que ce soit par augmentation des dividendes ou rachat d’actions - se veut être un signal positif. En rachetant ses propres actions, la direction indique qu’elle estime que le cours de l’action est bas et attractif à leurs yeux.
Par ailleurs, le rachat d’action conduit mécaniquement à une réduction du nombre d’actions en circulation. Pour une société qui génère un certain montant de bénéfices, le rachat d’actions fera donc automatiquement grimper les bénéfices par actions. Pour bien comprendre ce phénomène, c’est comme si un gâteau devait être partagé entre moins de convives. La part de chaque invité·e sera forcément plus grande.
En écoutant votre analogie, on se dit que les rachats d'actions sont forcément avantageux. Il y-a-t-il des inconvénients associés à cette technique de distribution des bénéfices ?
Oui. Il y en a plusieurs. Le premier est que le rachat d’actions peut signaler le caractère exceptionnel des bénéfices réalisés. En effet, lorsqu’une entreprise augmente ses bénéfices de façon régulière, année après année, elle choisira probablement d’augmenter progressivement les dividendes qu’elle verse à ses actionnaires. Mais il est toujours dangereux pour la direction de réduire, ou pire encore, de couper les dividendes annuels. Les actionnaires, habitués à recevoir ces dividendes de façon régulière seraient furieux. Donc si vous avez eu une excellente année, mais que vous n’êtes pas certain de pouvoir répliquer cette performance, le rachat d’action vous permet de ponctuellement distribuer une partie des profits exceptionnels à vos actionnaires.
C’est le cas par exemple des sociétés de pétrole, qui en 2022 ont réalisé des bénéfices records, grâce à la très forte hausse du cours du baril de pétrole.
Les détracteur·rices des rachats d’actions ont-ils d’autres arguments ?
Oui. Une société qui génère beaucoup de profits a toujours la possibilité de réinvestir ses profits pour soutenir sa croissance et investir dans de nouvelles activités. En choisissant de racheter ses propres actions, elle signale certes qu’elle pense que les actions s’échangent à un cours trop bas. Mais elle indique aussi qu’elle n’a pas trouvé de meilleur emploi pour l’argent gagné que de le rendre aux actionnaires.
Donc pour conclure, vous êtes pour ou contre le rachat d’actions ?
Une société qui procède à un rachat d’action a à priori réalisé d’importants bénéfices. Sa direction se soucie de ses actionnaires. C’est évidemment du cas par cas, mais puisque vous me le demandez, je suis plutôt fan.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.