L'éco de Marc Tempelman

Les investissements verts : l'édito de Marc Tempelman.

Les investissements verts : l'édito de Marc Tempelman.

Bonjour Simon. Aujourd’hui je pensais que nous pourrions nous pencher sur la popularité grandissante des fonds durables en Europe et de l’enthousiasme des épargnants Européens pour les placements qui mettent la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique au centre de leurs démarches.

Très bien, c’est vrai que le sujet de la protection de l’environnement nous préoccupe tous, et ce n’est donc pas étonnant de voir qu’il impacte le monde de l’épargne également. Comment précisément ?

Eh bien, nous avions déjà pu discuter l’année dernière de l’émergence de fonds jouant le thème de la protection de l’environnement. Ces fonds garantissent aux investisseurs que leur argent est placé uniquement dans des sociétés respectueuses d’un certain nombre de principes sur le plan environnemental. Ces fonds sont souvent labellisés ESG, c’est-à-dire qu’ils se conforment à des principes Environnement, Social et Gouvernance.

Et l’appétit pour ce type de placement a doublé en 2019 en Europe, où les investisseurs ont collectivement alloué 120 milliards d’euros à des fonds dits « durables ».

C’est effectivement impressionnant. On peut donc parler d’une tendance de fond ?

Oui, très clairement. Le concept du fonds durable a été inventé dans les pays Scandinaves, mais aujourd’hui la quasi-totalité des grandes sociétés de gestion d’actifs proposent des fonds durables, qui à la fin de l’année dernière avaient collectés 668 milliards d’euros au total.

Les gestionnaires d’actifs l’ont bien compris, le sujet de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique est devenu une priorité pour une grande partie de la population adulte en Europe. Et les épargnants souhaitent exprimer leur point de vue sur le sujet via les placements qu’ils font.

Du coup, 360 nouveaux fonds durables ont vu le jour en 2019, dont une cinquantaine qui se sont doté d’un mandat spécifique pour contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique.

D’autres gestionnaires ont choisi de changer la structure de leurs fonds existants pour les rendre « durables ». C’est ainsi que La Banque Postale a annoncé que l’ensemble de ses fonds se conformerait aux principes ISR dans les années à venir.

Ah oui quand même. Mais avec autant d’offres et de fonds durables, peut-on encore s’y retrouver ?

C’est la bonne question effectivement. Les gestionnaires entre eux ne sont pas toujours d’accord sur la meilleure façon de « stimuler » la protection de l’environnement à travers leurs placements. Certains prônent de rester tout simplement à l’écart de certaines industries dans leur ensemble. Ainsi le gestionnaire Nordique StoreBrand propose 28 fonds durables qui excluent l’industrie pétrolière. D’autres argumentent qu’il s’agit de sélectionner dans toutes les industries, les sociétés leaders qui déploient le plus d’énergie pour réduire leur empreinte carbonne. 

Et comment font-ils pour distinguer ces « leaders du vert » de leurs concurrents ?

C’est à nouveau une bonne question. Car les sociétés côtés n’ont pas encore toutes adoptés le même niveau de reporting sur la durabilité de leurs activités. Les normes comptables sont relativement standardisées, ce qui nous permet de comparer la performance financière de deux sociétés dans un même secteur, et de déterminer si financièrement Total performe mieux ou moins bien que Shell par exemple. Mais les informations sur l’empreinte carbone d’une société, ses efforts dans le domaine de la durabilité et les investissements qu’elle fait pour lutter contre le réchauffement climatique ne sont pas aussi standardisés. Cela rend la sélection des meilleurs élèves dans le domaine très complexe.