Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
À l’occasion de la semaine de l’Éducation Financière, je souhaitais attirer votre attention sur une lettre ouverte que 150 acteurs engagés de la finance innovante, dont Cashbee, ont adressé au Premier Ministre qui appelle à renforcer urgemment l’éducation financière dans les programmes scolaires.
Nous en avons déjà parlé. Je comprends que la France est en retard en la matière, n'est-ce pas ?
Oui. Une récente étude de l'OCDE sur la culture financière des adultes souligne le retard considérable de la France. Les adultes Français obtiennent une note de 12,45/20. Cela les classe au 14ème rang des 39 pays de l'OCDE, en dessous de la moyenne. Pire, l’OCDE considère qu’une personne est suffisamment éclairée pour faire des choix financiers judicieux à partir de la note de 14/20.
Selon la Banque de France, 41 % des Français estiment ne pas disposer d’informations suffisamment fiables pour gérer efficacement leur budget et plus des deux tiers jugent leurs connaissances moyennes ou faibles sur les questions financières.
Et de façon alarmante, seule 6 % de la génération Z estime avoir de bonnes compétences financières.
Et les conséquences de ces lacunes sont néfastes, n’est-ce pas ?
Sur le plan individuel, l’éducation financière permet de réduire l’inégalité des chances et donne des connaissances pratiques nécessaires à l'autonomie économique.
Statistiquement, les personnes à l’aise en finance se sur-endettent moins et préparent mieux leurs retraites. Leur bien-être économique leur fait bénéficier d’une meilleure santé mentale.
Vous dîtes qu’une meilleure éducation financière aurait des effets sur la santé mentale de la population ?
Oui, l’éducation financière a un impact sur le bien-être de tous. Plus d’un tiers des Français âgés de 18 à 24 ans ont été confrontés à des difficultés financières en 2023. Or, 87% des Français ayant traversé une période financièrement difficile affirment avoir vécu au moins un trouble en raison de leur situation. Qui vont de désordres du sommeil à des épisodes dépressifs et des pensées suicidaires.
J’imagine que le manque d’éducation financière a aussi des effets sur l’économie française plus largement ?
Je n’ai pas de chiffres pour la France. Mais une étude récente montre qu’au Royaume-Uni, si tous les adultes recevaient une éducation financière à l’école, 76 400 entreprises supplémentaires pourraient être créées chaque année. Ce qui représente 123 000 emplois directs par an. Donc il n’y a pas de doute qu’une meilleure éducation financière contribuerait à la création de richesses en France.
Vous pensez que les jeunes d’aujourd’hui soutiendraient cette initiative ? Autrement dit, les Français sont-ils demandeurs de cette éducation financière ?
Oui. Plus de 4 Français sur 5 pensent que l’éducation financière devrait être enseignée à l’école. Et nos enfants eux-mêmes sont conscients de l’enjeu. En effet, 64 % des 15-17 ans souhaitent mieux comprendre les moyens de paiement, le crédit, l’assurance, les placements.
Mais est-ce que la finance n’est pas enseignée du tout à l’école en France ?
Si, en 2016, le passeport EDUCFI a été créé pour les élèves de 4ème. C’est sans doute un premier pas significatif mais il s’agit d’une courte introduction, bien insuffisante. Malheureusement, deux heures d’initiation à la finance dans une scolarité ne permettent pas aux élèves de maîtriser les notions financières essentielles.
L’instauration de cours d’éducation financière ludiques, courts et réguliers, permettrait des progrès conséquents.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.
