Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Je souhaitais consacrer l’édito d’aujourd’hui à l’écart grandissant entre les États-Unis et l’Europe sur le plan financier. Plus spécifiquement, les actions européennes ont sous-performé les actions américaines pendant 8 de la dernière dizaine d’années. Et l’écart s’est récemment fortement creusé suite à l’élection de Donald Trump.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les marchés européens accusent un tel retard par rapport à Wall Street ?
C'est effectivement un écart record que nous observons. Alors que les actions américaines atteignent des sommets avec une hausse de près de 25% cette année, les actions européennes stagnent en comparaison Mesuré en Dollars, l’indice eurostoxx 600 est à peine dans le vert depuis le début de l’année.
La principale raison est la menace de tarifs douaniers promis par Trump, qui inquiète particulièrement les exportateurs européens. Pour rappel, le marché américain représente un cinquième des exportations des entreprises européennes.
Qu'en est-il de l'euro ? Comment a-t-il réagi à cette nouvelle ?
L'euro a chuté à son plus bas niveau en un an, autour de 1,05 dollar. C'est la baisse la plus brutale depuis la crise énergétique de 2022. Les investisseurs anticipent un ralentissement de la croissance en Europe, ce qui pourrait pousser la Banque centrale européenne à réduire ses taux d'intérêt plus agressivement.
Quelles sont les craintes principales des investisseurs concernant l'Europe ?
Les investisseurs redoutent que l'Europe ne soit en première ligne d'une future guerre commerciale. Sans stimulation fiscale européenne, il semble que le soutien devra venir de la BCE, qui devra continuer de couper ses taux directeurs.
Certaines banques prédisent même que l'euro pourrait atteindre la parité avec le dollar d'ici la fin de l'année prochaine.
Trump menace d’imposer des tarifs douaniers de 60% sur tous les biens en provenance de la Chine et d’imposer des taxes de 10 à 20% sur les biens importés d’autres pays.
Dans un tel scénario, les entreprises Européennes seraient doublement touchées. Elles subiraient de plein fouet la hausse des coûts aux biens qu’elles exportent aux US et la concurrence accrue des entreprises chinoises, qui tenteront de déverser leur production en Europe.
Comment les gestionnaires de fonds réagissent-ils à cette situation ?
Ils votent avec leurs pieds, comme on dit. La dernière enquête de Bank of America montre que la proportion de gestionnaires de fonds qui surpondèrent les actions américaines a atteint un sommet de 11 ans après l'élection. La majorité de ces mêmes investisseurs sous-pondèrent les valeurs européennes.
Car, en plus des barrières des tarifs douaniers, Trump a promis des baisses d’impôts et des efforts de dé-réglementation qui favorisent encore plus les entreprises américaines.
En une phrase, le sentiment de marché actuel est vraiment négatif envers l’Europe et extrêmement positif envers les États-Unis en ce moment.
Pour conclure, quel conseil donneriez-vous aux investisseurs européens ?
Il est important de rester vigilant et de diversifier ses investissements. Bien que la situation semble favorable aux États-Unis, il ne faut pas oublier que les marchés peuvent être imprévisibles. Les politiques de Trump pourraient avoir des conséquences inattendues à moyen terme, tant pour les États-Unis que pour l'Europe.
Une interview réalisée par Laurence Aubron.