Jeanne Gohier, comme chacun d’entre nous en ce début d’année, vous avez des vœux à souhaiter et vous avez pris de bonnes résolutions pour contribuer à lutter contre le réchauffement climatique. Pouvez-vous nous les détailler ?
Pour commencer je me permets de vous souhaiter des vœux de bonne santé et évidemment une belle année européenne à Euradio. En ce qui concerne le réchauffement climatique, vous avez tout à fait raison, les vœux et bonnes résolutions s’appliquent tout particulièrement à ce sujet.
Commençons par les vœux. Que peut-on souhaiter pour 2022 ?
C’est une excellente question. Que peut-on souhaiter pour 2022 et non pour 2050, horizon trop lointain, malheureusement cité par beaucoup. Rappelons pour bien commencer l’année que nous devons collectivement abaisser drastiquement nos émissions de CO2 d’ici 2031, sans quoi le carbone stocké dans l’atmosphère (pour environ 10 000 ans) engendrera des dérèglements climatiques notoires à fort impact négatif pour les populations humaines. Et pour y parvenir, il ne faut pas s’y mettre en 2030... mais dès cette année, en 2022.
Pouvez-vous nous rappeler ce que chacun peut faire ?
Ce qui est intéressant dans le réchauffement climatique, c’est que chaque individu et chaque entité a un rôle : les consommateurs peuvent consommer moins et mieux (production locale par exemple) ; les entreprises peuvent abaisser leur consommation énergétique, améliorer leur productivité énergétique et produire différemment ; les Etats peuvent accélérer les processus par la loi et les normes, les citoyens peuvent élire des gouvernements plus ou moins attachés à le faire.
Qu’en est-il au niveau des institutions européennes ?
Plusieurs initiatives sont en cours et doivent être suivies : le green deal européen, qui articule les plans d’investissement dits verts des Etats de l’Union ; la taxonomie, qui donne une définition commune des activités vertes, susceptibles d’être financées comme telles, dont on attend le point final sur l’inclusion du nucléaire et du gaz. Tout cela doit donner des résultats dès 2022.
Pouvez-vous maintenant énumérer les souhaits attendus par type d’acteurs ?
Commençons par les entreprises : je souhaite qu’un nombre croissant d’entre elles, cotées ou non, prennent pleinement conscience de leur responsabilité déterminante dans la transition et s’y engagent de manière claire. En tant qu’analyste et investisseur, la fourniture de données simples et auditées sur leur impact environnemental et social, données comparables entre pays, serait un plus très appréciable pour évaluer plus simplement les évolutions de chacune. Pas sûr que cela arrive dès 2022.
Continuons par les institutions publiques et les politiques. En France, c’est bien évidemment l’élection présidentielle qui va retenir l’attention. Ce serait bien que la transition énergétique ait une place importante dans les débats, ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui.
Finissons par les citoyens et consommateurs : je souhaite qu’un nombre croissant d’entre nous se forme sur le sujet afin de pouvoir débattre, peser sur les débats publics et les choix d’entreprise de manière éclairée. Revenons un moment sur la fameuse convention citoyenne pour le climat. Une leçon a clairement été que si l’on forme des citoyens tirés au hasard, ils deviennent « écolo » et sont capables de consensus pour des mesures fortes. Et évidemment, mon souhait est qu’un nombre croissant de vos auditeurs écoutent cette chronique. L’idée est de se former sur ce sujet cœur pour l’avenir de la société. Plus on le comprend et plus on y participe, plus nous y trouverons tous un sens et une source de satisfaction collective.
Les vœux, c’était un peu facile, c’était pour les autres. Passons maintenant à vos propres résolutions !
En tant que consommatrice, je suis mesurée dans mes choix de consommation, en me demandant si j’ai vraiment besoin d’acheter tel ou tel bien et je m’interroge sur ses conditions de production et de transport ; en tant que citoyenne française je vais analyser en détail les propositions des candidates et des candidats à la présidentielle et les décisions de l’Union Européenne ; en tant que collaboratrice de Fideas Capital, je vais continuer à m’impliquer dans la compréhension des évolutions des entreprises dans lesquelles nous investissons et à m’engager auprès d’elles, à mon niveau, pour les faire évoluer.
Jeanne Gohier au micro de Cécile Dauguet
Source Photo Felix Mittermeier
Jeanne Gohier est analyste sur la finance du climat chez Fideas Capital, qui propose aux Européens d’investir « Smart for Climate », c’est-à-dire de prendre en compte les enjeux du réchauffement climatique dans leurs placements.
Tous les éditos "Smart for Climate" de Jeanne Gohier sont à retrouver juste ici