Chaque mardi sur euradio, le Think tank Sport et Citoyenneté propose un regard sur l’impact social du sport en Europe : handicap, gouvernance, égalité des genres, sédentarité, inclusion sociale… c’est aussi du sport !
Nous retrouvons Sophie Lopez du Think tank Sport et Citoyenneté, et aujourd’hui Sophie vous souhaitez nous parler du rôle du sport dans la prévention de la radicalisation …
Oui bonjour, en effet la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent, est un sujet qui a été mis à l’agenda français et européen ces dernières années. C’est d’ailleurs l’une des priorités du programme Erasmus + Sport de la Commission européenne.
J’entends ici par radicalisation et extrémisme violent, l’adhésion à des idées qui acceptent, utilisent ou excusent la violence envers des individus ou envers un groupe, dans le but supposé d’apporter des changements conforment à une vision spécifique de la société.
Mais alors, quels liens avec le sport ?
Comme le rappelle le réseau européen de sensibilisation à la radicalisation (RAN network), le sport est un outil efficace dans différents contextes de prévention de ces comportements.
Ceci est lié à d’autres sujets que nous avons abordé dans nos différentes chroniques : en effet le sport est un outil éducatif puissant qui permet la transmission de valeurs telles que la tolérance, la solidarité. Et il permet de créer des liens entre les individus : ces deux dimensions sont des leviers efficaces pour lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent.
Nous avons donc deux dimensions : le sport peut, d’une part, aider à « sortir » les individus de cet état d’esprit violent ; et il peut, d’autre part, prévenir ces comportements.
Justement évoquons le rôle du sport dans la transformation des comportements violents et dans la réinsertion sociale…
Le sport peut venir « canaliser » ces comportements et faciliter le changement. Dans cette optique, le sport est très utilisé dans le milieu carcéral.
Pour les détenus, se confronter à une rigueur sportive permet d’apprendre à gérer la défaite, à se conformer aux règles et à se discipliner - autant de compétences utiles pour une (ré)intégration réussie dans la société.
Par exemple en Angleterre, le projet « Twinning » vise à créer des partenariats entre des prisons et des clubs de football professionnels. L’objectif est de proposer aux détenus des activités footballistiques pour d'améliorer leur santé mentale et physique, et leur bien-être. Le programme propose aussi une formation qui les aidera dans leur insertion professionnelle, et donc sociale, à leur sortie de prison.
Et alors qu’en est-il du rôle du sport dans la prévention de l'extrémisme et de la radicalisation chez les jeunes ?
Eh bien le sport est souvent utilisé dans le cadre d’un travail auprès des jeunes dit « à risque ». C’est-à-dire des jeunes qui peuvent potentiellement être exclus socialement, marginalisés, et qui seraient alors plus sensibles à l’embrigadement.
Chez Sport et Citoyenneté, l’utilisation du sport dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent est l’un de nos axes de travail.
C’est le sujet de notre projet SPEY – l’équipe de SPEY a conceptualisé et mis en œuvre un programme sportif visant à prévenir la radicalisation et à aider les jeunes en danger d'exclusion à mieux s’intégrer dans la société. Les activités de SPEY ont été testées dans des zones confrontées à différents problèmes sociaux en Catalogne espagnole. Un manuel de bonnes pratiques a par la suite été largement diffusé.
Après deux ans de mise en œuvre, il est temps pour nous de conclure le projet SPEY et d’élargir les horizons sur cette thématique : rendez-vous alors à Bruxelles le 14 juin prochain pour la conférence finale du projet à la délégation catalane auprès de l’Union européenne !