L’autre jour, j’ai fait un constat troublant qui me fait penser que oui.
Je partais de chez moi pré occupée par tout ce que j’avais à faire dans la journée,
Les pensées s’enchaînaient, c’était un bordel pas possible dans ma tête et ça n’arrêtait pas.
Les minutes défilaient sans que je ne les voie passer,
un sentiment d’urgence m’habitait,
il était seulement 8h du matin et je sentais presque les shoot de cortisol dans mon corps monter comme si un lion était entrain de me courser.
Je remarquais même inquiète que cela faisait quelques semaines que ce sentiment de stress ne m’avait pas vraiment lâchée.
Je pense que j’aurais pu arriver à mon RDV de la matinée dans cet état.
Je pense que c’est déjà arrivé de nombreuses fois,
que d’ailleurs à une époque c’est ainsi que je vivais, sans discontinuer.
Ce jour-là, une chose m’a arrêtée brutalement,
me sauvant ainsi d’une journée de zombie.
J’ai perçu et j’ai vu.
Et qu’avez-vous vu Nathalie ?
J’ai vu un ciel flamboyant, à tomber de beauté !
Le soleil se levait, rosi et rougeoyant, inondant le ciel de lumière, réveillant les nuages et tous les êtres endormis sous ses cieux au passage.
M’offrant ainsi un immense moment d’émerveillement
Et provoquant chez moi aussitôt un court-circuit.
Soudainement mes pensées, qui une seconde auparavant occupaient tout mon esprit,
semblaient tout à coup bien peu dignes d’intérêt devant tant de majesté.
Ce qui m’a le plus choqué, c’est que j’ai réalisé que j’aurais aussi bien pu commencer passer à côté.
Je suis certaine que ça vous est déjà arrivé, absorbée dans nos pensées, ce que nous percevons ne provoque en nous aucune impression.
Qu’est ce qui a permis de passer de la perception à la conscience ?
De passer de poser mon regard à véritablement voir ?
J’avoue que je ne sais pas.
On pourrait dire qu’il est impossible de ne pas être saisie devant tant de beauté.
Malheureusement je crois que l’humain est capable de se barricader dans ses pensées et de se couper de ce qui est, quelle qu’en soit l’intensité.
Je laisse donc cette question au mystère de la vie.
Ce que je sais en revanche, c’est qu’à ce moment précis,
au moment où j’ai été frappée par cette beauté,
mes pensées se sont immédiatement arrêtées.
Net. Stoppées.
Je sais aussi que je me suis sentie immédiatement soulagée de la tyrannie de mes pensées.
Comme si je pouvais enfin respirer. Que ma course intérieure pouvait s’arrêter.
Je me suis sentie heureuse. C’était troublant de voir à quel point j’avais changé d’état en un instant.
De nerveuse, anxieuse, pré occupée à tout simplement là, en joie.
Je réalisais que je m’étais prise bien au sérieux, j’avais soudainement envie d’en rire car la vie me semblait subitement d’une grande simplicité.
Le soleil venait de me le rappeler…
J’ai réalisé que de regarder sans filtre ce qui était, m’avait libérée.
M’offrant ainsi peut être une de mes plus grandes leçons jusqu’ici.
Alors, on a envie de savoir : quelle est cette leçon Nathalie ?
Que la plupart du temps, nous ne sommes pas là.
La voix dans notre tête absorbant la plus grande partie de notre attention.
Et de notre énergie soit dit en passant.
Nous sommes la plupart du temps absents. Des zombies absents.
Certes physiquement là mais aussi absents à la vie que présents au film sans fin généré par nos pensées.
Vous voulez voir à quel point c’est vrai ? C’est simple.
Observez le perroquet dans votre tête qui vous répète toujours les mêmes trucs, les mêmes sempiternelles pensées.
C’est quand même dommage de passer à côté de la vie non ?
Surtout si c’est pour avoir le sentiment de vivre prisonnier, torturé par un mental qui ne s’arrête jamais.
Mais comment faire alors pour sortir de cette prison ?
Et bien la réponse se trouve je crois dans cette anecdote que je viens de raconter.
Dans la présence pleine et entière à ce qui est.
Comme cela l’a été pour moi émerveillée devant ce ciel de toute beauté.
Voilà tout le sens du verbe contempler.
Et cela demande une vigilance.
Une vigilance constante à remettre son attention dans l’instant comme nous le rappelle Betty dans son ouvrage ‘la fraicheur de l’instant’.
Car soyez en sûr, notre personnage tentera de re capter cette attention inlassablement.
Alors Betty nous invite à apprendre à nous asseoir,
A nous asseoir sur un petit banc à l’intérieur de soi pour regarder comment fonctionne notre personnage par l’intermédiaire de nos pensées.
Juste regarder. Surtout ne rien vouloir transformer.
Comme quand on regarde un arbre, il n’est à aucun moment question de le changer.
Et bien c’est pareil pour notre personnage.
Nous finirons peut-être par être écœurés de toutes nos pensées, de tous nos jugements.
Peut-être même qu’un beau jour ce personnage aliénant finira par mourir d’indifférence.
Nous libérant et nous rendant à la vie pleinement.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.