Comme tous les lundis, les Jeunes Européens de Strasbourg reviennent sur un des sujets qui ont fait la Une de la presse européenne. Ce lundi 25 avril 2022, Agathe Vantard nous parle du GNL américain qui pourrait venir au secours de l'Europe.
Vous le savez, avec la guerre actuelle qui oppose l’Ukraine à la Russie, de nombreux biens de consommation sont bloqués à l’import et l’export. C’est notamment le cas du gaz russe, qui représentait près de 40% de la consommation de l’UE en 2019. Mais la guerre actuelle met à rude épreuve les accords pour cette ressource primaire que les européens ne peuvent produire en quantité suffisante pour eux-mêmes. C’est pourquoi le 25 mars 2022 Ursula Von der Leyen a tenu une conférence de presse annonçant l'importation du gaz naturel liquéfié depuis les États-Unis. L’objectif étant de satisfaire les besoins de l’Union Européenne, sans passer par la Russie.
Qu’est ce que le gaz naturel liquéfié exactement ? Et est-ce une nouveauté dans la consommation européenne ?
Le gaz naturel liquéfié aussi appelé GNL est le gaz de consommation qui est liquéfié par un processus chimique, pour pouvoir être acheminé par voie maritime. Il est ensuite à nouveau rendu gazeux, au niveau des terminaux d’arrivée, qui sont le plus souvent des ports. Et, non, le GNL n’est pas une nouvelle manière de consommer le gaz, puisqu’il représentait environ 25% de la consommation annuelle en gaz des européens. Néanmoins, jusqu'à aujourd'hui, la solution la plus simple et économique était l’importation de gaz via les gazoducs russes.
Mais aujourd’hui cette solution est remise en cause par la guerre en Ukraine. L’importation de gaz naturel liquéfié depuis les États-Unis est donc considérée comme une alternative. Mais ce GNL américain peut-il réellement remplacer toute la consommation de gaz russe des Européens ?
Alors c’est une des questions majeures en ce moment, dans la mesure où on ne sait pas exactement quelles sont les réserves actuelles de GNL aux Etats-Unis. Une autre question se pose : le fait que les centrales étasuniennes qui produisent déjà à plein régime ne fournissent actuellement que 25% de notre consommation annuelle.
C’est pourquoi certains pays comme l’Allemagne ou encore l’Italie, explorent dès maintenant d’autres pistes comme celles de l’Algérie ou du Qatar. Et bien que la consommation de GNL ne soit pas réellement une nouveauté, un article paru dans Le Monde le 19 avril, parle néanmoins d’un « bouleversement en cours sur le marché mondial du gaz ». On parle tout de même de 40% de notre consommation annuelle qu’il faut changer soit près de la moitié du gaz consommé en Europe. Ainsi, l’objectif déclaré de l’Union européenne est de se passer totalement du gaz provenant de Russie, d’ici 2027. On voit donc bien que ce changement ne se fera pas du jour au lendemain, malgré l’urgence.
Sans compter que le GNL ne fait pas l’unanimité en Europe.
Effectivement, l'importation de GNL reste un sujet controversé notamment en raison de son impact sur l’environnement. Tout d’abord parce que la production de gaz aux Etats-Unis est issue de la combustion de charbon. Une pratique totalement contraire au processus initié par l’UE dont l’objectif est d’atteindre des émissions nulles en carbone d’ici 2050. D’autre part, l'idée de faire traverser l'Atlantique à des paquebots pour acheminer du gaz rebute également les écologistes. Enfin, acheminer du gaz par voie maritime signifie aussi qu’il va falloir construire des plateformes d’importation, et donc polluer.
Pour ce qui est de l'aspect économique , les prix seront certainement amenés à augmenter, notamment en raison de la difficulté d’acheminer le gaz depuis les États-Unis. On peut donc se demander si cette solution pourra réellement être pérenne pour l’Union européenne, sur différentes thématiques.
En d’autres termes, le GNL n’est pas forcément la meilleure solution pour remplacer le gaz russe en Europe
En fait, c'est la guerre ukrainienne qui rend la décision obligatoire, au moins à court terme. Selon The Economist, l’Union Européenne a besoin d’un partenaire pour lui acheminer du gaz, tant que des solutions alternatives ne sont pas trouvées. Plusieurs pistes sont activement explorées, comme le renouvelable, mais, toujours selon The Economist, les technologies du renouvelable telles que les éoliennes, ne sont pas encore en capacité de subvenir aux besoins énergétiques européens.
Le gaz naturel liquéfié n’est donc pas la panacée, mais permettra à l’Union Européenne, du moins à court terme, d’être alimentée tout ou partie en gaz, si jamais les gazoducs russes cessent de nous alimenter, ou que les prix fixés augmentent trop.