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La Bulgarie inquiète l'UE - La chronique des Jeunes Européens

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Chaque mois, les Jeunes Européens de Strasbourg analysent un élément d'actualité européenne.

Pour cette édition, Elisa Clolot revient sur différentes actualités en Europe, notamment l'adoption en Bulgarie d'une nouvelle loi anti-LGBT, concernant l'éducation dans un but d'invisibiliser les "orientations sexuelles non traditionnelles".

Bonjour à tous, merci Romain ! Pour cette rentrée, les choses seront un peu différentes pour les éléves et les enseignants bulgares puisque le parlement a voté, mi-août, une loi anti-LGBT qui visait à interdire dans les écoles « l'encouragement » d'une « orientation sexuelle non traditionnelle » et d'une identité de genre « différente de la biologique » 

Qu’est-ce que cela signifie, concrètement ? 

Et bien, c’est tout là le problème. La notion est assez vague, ce qui laisse pas mal d’espace à l'interprétation. Cela pourrait aller jusqu’à, par exemple, interdire aux personnes LGBT de tenir des commerces près des écoles. Le texte n’indique pas non plus quelles seraient les sanctions en cas d’infraction. Les conséquences juridiques sont floues, ce qui peut mener à des décisions juridiques arbitraires et à une implémentation inégale en fonction des écoles et des municipalités.

Et au-delà de l’aspect juridique, il y a aussi des conséquences sur les enfants et le personnel éducatif ? 

Tout à fait. Les ONG qui défendent les intérêts de la communauté LGBT, comme Deistvie craignent que ce texte ne provoque une nouvelle vague de violences homophobes ou même de harcèlement. Radoslav Stoyanov, vice-président bulgare du comité Helsinki de défense des droits humains, craint que la nouvelle législation empêche la diffusion d'une «information scientifique» concernant les minorités auprès des élèves. 

Mais alors qu’est-ce qui a justifié le passage au vote de cette loi ? 

Certains, comme Rada Tzaneva, de l’ONG Amnesty International. avancent que ce texte répondrait plutôt à une logique électorale, alors que les Bulgares se préparent à retourner aux urnes à l’automne prochain pour la 7e fois depuis 2021. La Bulgarie a en effet beaucoup de difficultés à créer une coalition. Dans ce contexte, le parti qui a proposé cette loi est un parti d’extrême droite prorusse, Vazrajdane, et avec ce texte, le parti montre qu’il est capable d’unir et de créer une coalition. C'est pour cela que le texte est plutôt imprécis, pour rallier le plus de monde. 

Qui a voté cette loi ? 

Alors sans surprises, il y a eu les socialistes du BSP, un parti proche de Moscou et qui adopte depuis des années un discours très anti-LGBT, ensuite il y a le Mouvement des droits et des libertés et le parti de la minorité turque, qui sont tous les deux dans le groupe libéral Renew au Parlement Européen. Plus inattendu : le soutien large au sein du parti Gerb, le parti conservateur qui se présente comme pro-européen. Les seuls à avoir voté contre sont la coalition “Continuons le changement - Bulgarie démocratique”, qui est plutôt libérale (PP-DB). Finalement,tout s’est fait assez rapidement, un peu par surprise. Les députés bulgares qui portaient ce texte parlaient ainsi de “lutter contre la propagande LGBT”, en réaction au vainqueur non-binaire de l’Eurovision 2024 et à la polémique du tableau des drag queens lors de la cérémonie d’ouverture des JO. 

Quelles ont été les réactions à ce texte en Bulgarie ? 

Le premier ministre bulgare Dimitar Glavtchev s'est exprimé contre, en disant qu’il contrevenait à la loi anti-discrimination et à la constitution bulgare, ainsi qu’à un certain nombre de traités régionaux et internationaux que la Bulgarie a ratifiés. Et quelques ONG, comme LevFem, qui a organisé une manifestation de protestation.

Et au niveau européen ? 

Premièrement le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe avait appelé le président bulgare Roumen Radev à poser son véto contre cette loi. Mais comme il est proche de Moscou, il ne l’a pas fait. Il y a eu tout de même quelques députés européens des groupes des Verts et de Renew qui ont fait paraître une lettre de dénonciation. Et les coprésidents de l’intergroupe LGBTI du Parlement européen ont interpellé la Commission européenne, qui a promis via la commissaire européenne à l’éducation, Iliana Ivanova, de vérifier si ce texte était conforme à la législation et aux valeurs de l’UE, s’il venait à passer. 

La Bulgarie n’est pas la seule à avoir fait passer une telle loi sur le continent européen.

Non, effectivement, il y a aussi la Hongrie en 2021, la Slovaquie ou plus récemment, la Géorgie, fin juin. Ces lois prennent pour modèle une loi russe datant de 2013. 

Merci Elisa et merci à toutes et à tous pour votre attention !

Une chronique réalisée par Elisa Clolot.