Nouveau rendez-vous hebdomadaire : la chronique des Jeunes européens de Strasbourg. Chaque semaine, vous entendrez un bénévole de l’organisation sur un des sujets qui font la Une de la presse européenne. Ce lundi 21 février 2022, c’est Théo Boucart qui nous parle de la situation en Ukraine vue de Finlande et d'Estonie.
(Chronique enregistrée le vendredi 18 février 2022)
Théo, vous allez donc nous parler de la crise russo-ukrainienne qui connait un regain d’intensité considérable ces derniers temps.
En effet Wyloën, vous ne l’avez certainement pas manqué ces derniers jours chers auditeurs, ces dernières semaines, même : les tensions entre la Russie et l’Ukraine n’ont jamais été aussi fortes depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et le conflit gelé dans l’Est de l’Ukraine, en particulier dans les régions de Donetsk et de Louhansk.
Le sujet fait en effet la Une des journaux de la grande majorité des pays européen.
Malgré la rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue français Emmanuel Macron le 7 février 2022, les Etats-Unis craignent très clairement une invasion imminente de l’Ukraine par la Russie. Cela aurait des conséquences dramatiques sur le continent européen et pour l’Union européenne, toujours très démunie quand il faut se positionner de manière unie et déterminée sur les dossiers de politique étrangère.
Oui, on imagine que certains pays en Europe orientale et nordique doivent être particulièrement inquiets.
C’est le cas notamment de la Finlande et de l’Estonie, deux pays limitrophes de la Russie qui ont subi l’impérialisme russe de plein fouet dans leur histoire, et qui pourtant ont opté pour des choix différents en matière de défense : alors que l’Estonie a intégré l’OTAN en 2004, la même année que son adhésion à l’Union européenne, la Finlande n’est pas membre de l’organisation du traité de l’Atlantique nord. La question de l’adhésion revient d’ailleurs régulièrement dans le débat public depuis quelques années.
Alors que pensent la Finlande et l’Estonie des tensions entre la Russie et l’Ukraine ? Comme on peut s’en douter, les déclarations de la part d’Helsinki et de Tallinn sont assez fermes, malgré quelques divergences de vues gouvernementales.
Dans une interview donnée au journal suédois Dagens Nyheter, le président finlandais Sauli Niinistö a exprimé ses vives inquiétudes concernant la situation.
Niinistö a affirmé que l’Occident devait être plus déterminé dans la résolution de la crise. “Comme presque tous les Européens, j’ai été heureux de connaître la paix. Nous sommes peut-être un petit peu trop habitués à cette belle et tranquille vie” a-t-il notamment dit.
Plus pragmatique, le ministre des Affaires étrangères Pekka Haavisto s’est inquiété des conséquences d’une potentielle escalade des hostilités entre la Russie et l’Ukraine dans les domaines stratégiques sur le plateau de Yle Uutiset, la télévision publique finlandaise.
Selon le ministre, “Il pourrait y avoir des problèmes d’accès à l’énergie et de sécurité alimentaire. En outre, le commerce avec l’Ukraine et la Russie deviendrait plus difficile, de même que la circulation des personnes”
Proche de la Finlande par la langue et la culture, l’Estonie est aussi très inquiète de la situation, et l’a affirmé par la voix de la première ministre estonienne, Kaja Kallas qui a appelé l’OTAN à mobiliser plus de troupes sur le sol estonien.
Un article du journal Postimees sur le sujet relate le fait qu’une présence américaine et de l’OTAN sur le flanc est devait se renforcer, que la Russie envahisse l’Ukraine ou non. “Nous aimerions voir le renforcement de la présence militaire sur le flanc Est, peu importe la poursuite des événements, pas seulement en cas d’invasion de l’Ukraine par la Russie” a affirmé la cheffe du gouvernement estonien.
Toujours selon Postimees, des soldats français, britanniques et danois stationnent actuellement dans le petit pays baltique.
Théo, qu’est-ce que ces différentes déclarations nous apprennent sur les relations entre la Finlande, l’Estonie et la Russie ?
Alors ces différentes déclarations montrent des inquiétudes similaires dû à la longue frontière que partagent la Finlande et l’Estonie avec le grand voisin russe, mais on voit également des stratégies de défense différentes : la Finlande n’étant pas membre de l’OTAN et ayant souffert de la neutralité forcée, imposée par l’URSS durant la guerre froide, elle ne peut pas appeler au renforcement militaire.
L’Estonie à l’inverse n’oublie pas son annexion par l’URSS jusqu’en 1991, et son adhésion à l’OTAN permet d’adopter un discours plus offensif encore vis-à-vis de Moscou.