Chronique JE

Chronique des Jeunes Européens : la parité femmes-hommes au Parlement européen

Chronique des Jeunes Européens : la parité femmes-hommes au Parlement européen

Chaque mois, les Jeunes Européens de Strasbourg analysent un élément d'actualité européenne.

Pour cette édition, Théa Achterfeld analyse au micro de Romain L'Hostis la situation présente au Parlement européen en matière de parité femmes-hommes. Dans ce domaine, l'institution européenne présente une évolution encourageante mais encore inachevée et qui cache des disparités entre pays européens.

Romain L'Hostis : Bonjour Théa ! Voici une bonne nouvelle : le Parlement européen n'a jamais compté autant de femmes élues dans son histoire.

Théa Achterfeld : Bonjour Romain ! Eh oui, pour la période 2019-2024, les sièges du Parlement européen sont occupés à hauteur de 41% par des femmes. Une avancée considérable depuis sa création, rappelons que l'égalité de genres est une des priorités affichées par l'Union européenne.

La France, depuis une loi de 2000, contraint les partis politiques à présenter un nombre égal d'hommes et de femmes pour les élections européennes. Aujourd'hui, la moitié des députés français au Parlement européen à Strasbourg sont des femmes. Malgré tout, cette stratégie du quota ne résout pas toutes les inégalités professionnelles entre hommes et femmes.

R. L. : Une information qui doit toutefois être nuancée dans sa portée, n'est-ce pas ?

T. A. : Exactement, et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord, car cette situation encourageante ne doit pas cacher le fait que le Parlement ne s'est vu présidé par des femmes qu'à seulement 3 reprises. On peut mentionner évidemment la française Simone Veil, figure du féminisme, ou encore l'actuelle présidente maltaise Roberta Metsola.

R. L. : Donc une liste de présidentes du Parlement européen qui reste encore courte, comparée à celle des présidents. Pour autant, est-ce qu'on peut voir se refléter cette volonté d'égalité dans tous les pays membres de l'Union européenne ?

T. A. : Eh bien justement, comme on s'en doute les pays ne sont pas tous aussi investis dans cet objectif. Les eurodéputés slovaques, notamment, ou encore roumains, restent parmi les plus majoritairement masculins. A l'inverse, la Finlande et la Suède sont les plus progressistes puisqu'ils comptent le plus grand pourcentage d'eurodéputées. Le nombre de celles-ci allant même jusqu'à dépasser les 50%.

R. L. : Théa, comment peut-on expliquer cette féminisation progressive des postes de représentation dans les institutions européennes ?

T. A. : Il est tentant de dire qu'elle n'est pas sans lien avec une pratique qui tend à se multiplier. Certains Etats ont de plus en plus recours à ces discriminations positives, c'est-à-dire des outils législatifs, ou des différences de traitement en faveur des femmes en politique, pour parvenir à une meilleure égalité. On peut par exemple citer la France, Etat pionnier en la matière, puisque c'est le premier pays au monde à adopter un système paritaire pour les élections à un tour, par exemple les élections municipales.

R. L. : La France, qui est donc parmi les meilleures élèves en ce qui concerne la présence des femmes en politique. Mais qu'entend-on par système paritaire ? et n'est-ce pas une atteinte à l'égalité des citoyens que d'imposer des quotas de la sorte en matière de démocratie et de présence des femmes en politique ?

T. A. : La France effectivement, depuis une loi de 2000, contraint les partis politiques à présenter un nombre égal d'hommes et de femmes pour les élections européennes. Cela a porté ses fruits puisque la moitié des députés français au Parlement européen à Strasbourg sont des femmes actuellement. Malgré tout, cette stratégie du quota ne fait pas tout, car comme le pointe la sociologue française Anne Revillard, elle n'empêche pas les inégalités professionnelles liées à la charge mentale plus importante chez les femmes. En effet, on leur demande souvent d'en faire davantage professionnellement. Enfin, les quotas imposant la présence de femmes en politique n'empêchent pas non plus le risque de voir leur légitimité réduite, des critiques s'élevant face à un accès aux fonctions politiques soi-disant "uniquement" dû aux quotas et non pas grâce à leurs compétences pour occuper ces mêmes fonctions politiques.

R. L. : Merci Théa !