Chaque semaine sur euradio, retrouvez la chronique de Bernard Guetta, député européen, qui effectue un retour sur les actualités et événements européens actuels.
C’est le débat caché, le plus grand non-dit du moment, mais partout la question monte. Au-delà des disputes sur le rythme, l’ampleur et la nature de l’aide apportée à l’Ukraine, faut-il ou non souhaiter qu’une défaite de Vladimir Poutine mène à l’éclatement de la Fédération de Russie et de ses 21 Républiques ?
« Oui », répondent de plus en plus d’intellectuels, notamment russes, et nombre d’eurodéputés, minoritaires mais actifs, qui appellent désormais à encourager le fractionnement de la Fédération. Ancienne ministre polonaise des Affaires étrangères et figure du parti conservateur PiS, Anna Fotyga, a ainsi réuni à Bruxelles des représentants de mouvement sécessionnistes aujourd’hui totalement marginaux mais pouvant bien faire parler d’eux un jour. Venus des Etats-Unis ou d’Europe, souvent vêtus de costumes nationaux, ils ont fait entendre d’épouvantables récits de répressions anciennes mais aussi d’envoi forcé d’hommes en Ukraine.
Entre drame et folklore, entre Histoire et présent, une réalité virtuelle s’est inscrite dans les travées car le fait est que si Vladimir Poutine était défait en Ukraine, une crise politique s’ouvrirait au Kremlin et que l’affaiblissement du pouvoir central pourrait conduire à un détachement de plusieurs des Républiques fédérées.
On est loin d’y être. Tant que n’auront pas été tenues les promesses européennes de livraison d’avions et de munitions, l’avantage restera aux troupes du Kremlin mais si l’Ukraine recommence à marquer des points et que la Russie lentement s’embourbe, un délitement pourrait s’amorcer. Portées par le ressentiment que les recrutements forcés font naître dans les périphéries de la Fédération, des tentations indépendantistes pourraient alors se développer, exactement comme cela s’était passé en URSS lorsque les réformes de Mikhaïl Gorbatchev avaient affaibli le Kremlin.
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