On ne critique pas la Chine ! On ne dénonce plus ses méfaits et les sanctionne encore moins, sans que Monsieur Xi ne contre-sanctionne et n'affirme ses liens avec l'Iran et la Russie, ne manie l'injure et ne fasse même gesticuler son aviation.
Mais faudrait-il pour autant prendre peur ? Beaucoup le pensent, mais à tord.
Tentons un bilan.
Xi Jinping a si bien fait taire les jeunes médecins qui lançaient l’alerte sur l’apparition du Covid-19 que la Chine est aujourd'hui considérée comme responsable d’une pandémie dont elle n’avait pourtant été que la première victime.
Non content de cela, M. Xi a identifié la Chine à un génocide en faisant placer un million de Ouïghours en camps de concentration et ses hauts faits n'ont certainement pas contribué à la renommée d'une puissance pouvant aspirer au premier rang. Mais ce n'est pas tout.
En réprimant Hong Kong et déchirant l’accord de rétrocession que son pays avait conclu avec la Grande-Bretagne, M. Xi a fait connaitre au monde le mépris de son régime pour ses engagements internationaux, les libertés et la démocratie.
Il a ainsi tué tout espoir de réunification pacifique avec Taïwan et le sait si bien qu'il multiplie les violations de l'espace aérien de la Chine démocratique, tandis que sa marine annexe les îles et îlots contestés de la Mer de Chine méridionale.
Jour après jour, M. Xi projette la force militaire de la Chine autour d'elle car il croit que cela contribuera à une affirmation régionale de son pays grace à laquelle il pourrait ensuite s'imposer au monde.
Le problème est qu'il n'y là qu'illusion. Son problème est qu'il ne fait que développer une sinophobie galopante dans toute l'Asie, qui bien évidemment, dessert son pays. Ce mégalomane est même tellement aveugle qu'il a permis aux Etats-Unis de réunir derrière eux tout le reste de la région indopacifique, Inde, Australie et Japon en tête, et qu'il apprend aux Birmans à haïr la Chine car les putschistes qui les crucifient ne seraient rien sans elle.
Ce n’est pas dans l’intérêt de la Chine mais à son détriment que M.Xi travaille . Au bout du compte son grand oeuvre aura été l'isolement de son pays qu'il vient d'accélérer en sanctionnant tant d'élus du Parlement européen et la totalité de sa commission des droits de l’Homme, que les députés ne peuvent plus même examiner l'accord sur les investissements, qu'il avait signé avec l'Union en décembre dernier. La ratification de ce projet est largement compromise.
En misant tout sur la brutalité, M. Xi ne s'est pas seulement aliéné l’Union européenne. Loin de l'éloigner des Etats-Unis, il a également favorisé un resserrement des liens euraméricains aussi spectaculaire que le rapprochement entre les Etats-Unis et l’Asie. Européennes, nord-américaines et asiatiques, les démocraties font désormais bloc face à l’Ubu de Beijing, qui ne s'est trouvé pour allié que la Russie et l'Iran, deux pays dont les caisses se vident et les régimes s'épuisent.
Alors non, pas de panique. Si on avait un conseil à donner aux chinois, ce serait de se débarrasser au plus vite de ce Xi Jimping, inepte et si gonflé d'importance qu'il ne fait que leur nuire. Et pour ce qui est de nous, même pas peur.
Toutes les humeurs européennes de Bernard Guetta sont à retrouver juste ici