Arrêtez ! Ne voyez-vous pas que vous courez au suicide ? Ne voyez-vous pas vos soldats chassés de Liman ? Ne voyez-vous pas les succès de la contre-offensive ukrainienne sur des terres que vous veniez d’annexer ? Arrêtez avant qu’il ne soit trop tard pour votre pays car… Faites le compte, citoyens de Russie, que vous soyez civils ou militaires, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, faites-le et vous comprendrez.
A l’Ouest, cette guerre vous a déjà coûté la fraternité qui aurait dû vous unir aux deux autres peuples slaves et orthodoxes avec lesquels vous formiez une communauté naturelle. En Ukraine vous êtes désormais tenus pour collectivement coupables de crimes de guerres et d’innombrables exactions tandis qu’au Bélarusse vous êtes devenus ceux qui ont permis à Loukachenko de se maintenir au pouvoir en étouffant une aspiration nationale à la démocratie.
Plus durera cette guerre, plus il vous sera difficile de regagner ces amitiés perdues et, à l’Est, ce n’est pas mieux. L’un après l’autre, les États d’Asie centrale en viennent à se dire qu’en vous embourbant en Ukraine, vous leur offrez l’occasion tant attendue de s’affranchir de votre interminable tutelle.
A l’Est comme à l’Ouest, vos « étrangers proches » vous échappent mais, pour la Russie, il y a bien plus grave encore. Plus reculera votre influence à vos frontières, plus la Sibérie et son sous-sol deviendront terre de conquête chinoise, non pas militaire mais économique et commerciale car le pouvoir de Beijing est autrement plus habile que celui du Kremlin.
Vous avez le choix. Ou bien vous mettez terme à votre agression contre l’Ukraine, ou bien c’est la cohésion de la Fédération de Russie qui sera ébranlée à l’Est de l’Oural tandis qu’elle se défera au Caucase. Oui, c’est la pérennité de votre unité nationale qui est en question car ouvrez les yeux ! Ce n’est pas par frénésie guerrière que Ramzan Kadirov vous appelle à recourir à l’arme nucléaire en Ukraine. C’est parce qu’il craint qu’une défaite russe ne réveille l’indépendantisme tchétchène et que son peuple ne lui fasse alors rendre des comptes sur son rôle de « fidèle fantassin » de Vladimir Poutine.
Non seulement il n’a pas tort mais, si la Tchétchénie reprenait les armes, ses voisins s’embraseraient aussi. Regardez ce qui s’est passé au Daghestan. C’est tout le Caucase que l’Ukraine met en jeu et pour défendre l’unité des 85 composantes de la Fédération, vous n’aurez ni les ressources dont les sanctions économiques vous privent ni les compétences que la mobilisation a fait fuir à l’étranger ou tomber dans de vains combats.
Réveillez-vous ! Ne vous laissez pas mettre au ban des nations en laissant briser le tabou nucléaire et cette agression se poursuivre. Réveillez-vous maintenant car vous risquez de perdre en Ukraine bien plus encore que les États-Unis en Irak : non pas seulement une guerre mais votre pays.