Chaque semaine sur euradio, retrouvez la chronique de Bernard Guetta, député européen, qui effectue un retour sur les actualités et événements européens actuels.
Il pourrait désormais sortir le Proche-Orient de la guerre en assurant la pérennité d’Israël et rendant justice aux Palestiniens. Benjamin Netanyahou aurait aujourd’hui tous les moyens de se métamorphoser en homme de paix car il aura bientôt gagné sur tous les fronts.
Au Sud, le Hamas est brisé. Son commandement est décimé et s’il reste influent en Cisjordanie, ses capacités militaires ont été anéanties.
Au Nord, au Liban, le Hezbollah n’a plus rien de l’Etat dans l’Etat qu’était devenue cette organisation politico-militaire chiite financée par l’Iran. Privé de ses cadres et militairement défait, le « Parti de Dieu » devra se réinventer seul car au Nord-Est, le régime Assad, troisième relais régional de la théocratie iranienne, n’existe plus. Un nouveau pouvoir doit rebâtir la Syrie et ne souhaite certainement pas entrer en conflit avec Israël.
Au Sud-Est, au Yémen, les Houthis n’ont plus de possibilité de se projeter durablement dans le Golfe et jusqu’en Israël puisque l’appui des mollahs va forcément faire défaut à ce quatrième relais de l’Iran.
Directement ou par ricochets, Israël a eu raison de « l’axe de la résistance » constitué par le régime iranien qui ne pourra pas résister très longtemps aux coups que le Mossad et l’armée de l’air israélienne lui ont porté. L’Irak est quant à lui trop divisé pour redevenir un acteur régional et malgré les vingt mois de bombardement de Gaza, l’Egypte, la Jordanie et les monarchies pétrolières n’ont pas renoncé à leur paix froide avec Israël.
Le paradoxe est ainsi que la sécurité d’Israël n’aura jamais été aussi pleine et entière que dans ce moment d’absolue tourmente. L’armée israélienne est sur tous les fronts. Des bombes iraniennes continuent de frapper Israël dont l’image internationale a été dégradée par la sauvagerie de la punition collective infligée à Gaza. Les divisions de ce pays ne cessent de s’approfondir. Le terrorisme peut y faire un retour mais, militairement parlant, rien ne le menacera plus avant longtemps.
Tout permettrait donc à son Premier ministre d’inscrire cette victoire dans la durée en proposant des traités de paix aux Palestiniens, aux pays de la région et à l’ensemble des Etats musulmans.
Ses opposants l’applaudiraient. Il serait soutenu par les capitales arabes, les Européens et les Etats-Unis. Il serait aussitôt en situation d’isoler l’extrême-droite et de constituer une nouvelle coalition avec la droite modérée, la gauche et le centre. Il pourrait faire accepter aux Palestiniens qui n’en sont déjà plus loin l’idée que leur Etat reste neutre et n’ait pas d’autres forces armées que sa police.
Il pourrait, sur cette lancée, jeter les bases d’une zone régionale de libre-échange qui pourrait à son tour conclure un accord d’association avec l’Union européenne. Il pourrait tout cela car lorsqu’on est fort, et Israël est en position de force, on peut tendre la main à ses adversaires sans passer pour faible et, bien au contraire, en se grandissant.
Benjamin Netanyahou a ainsi le choix. Ce peut être soit la chimère du Grand Israël et un nouveau siècle de guerres soit la coexistence de deux Etats, israélien et palestinien, la paix au Proche-Orient et, bientôt, la coopération du Machrek, du Maghreb et de l’Europe, des trois rives de la Méditerranée, de notre lac commun.