Chaque semaine sur euradio, retrouvez la chronique de Bernard Guetta, député européen, qui effectue un retour sur les actualités et événements européens actuels.
Trois mots ont suffi. En lançant que « rien n’était exclu » pour empêcher Poutine de l’emporter en Ukraine, Emmanuel Macron a su faire entendre que nous étions bel et bien en guerre puisque l’autocrate russe nous l’avait déclarée, qu’une défaite de l’Ukraine mettrait toute l’Union en danger, que nous pourrions avoir à nous battre sans les Etats-Unis si Trump était élu en novembre et que le seul moyen de ne pas avoir à envoyer un jour nos enfants sur un champ de bataille était d’immédiatement fournir assez d’armes aux Ukrainiens pour repousser l’agression.
Sur les plateaux de télévision comme au resto du coin, on ne parle plus que de cela. Les uns approuvent, d’autres s’indignent, mais un même débat politique, passionné, furieux, fait de l’Union une seule et même scène politique sur laquelle reviennent sans cesse trois questions principales.
La première est de savoir si les Pays baltes, la Finlande, la Pologne, l’Allemagne et la France au bout du compte seraient vraiment menacés dans l’éventualité d’une défaite de l’Ukraine. « Cette seule hypothèse est absurde, s’insurgent bien des gens, puisque Poutine n’aurait pas les moyens économiques et militaires de telles ambitions et que tous ces pays sont de toute manière membres de l’Alliance atlantique et donc sous protection nucléaire des Etats-Unis ».
Oui. Les deux choses sont vraies sauf…
Sauf que si Vladimir Poutine parvenait à contrôler l’Ukraine, cette démonstration de force le renforcerait en Russie même ; impressionnerait et fracturerait sans doute plus d’un pays européen et lui donnerait, en Afrique, en Asie et en Amérique latine, un prestige d’adversaire de la primauté occidentale. Le contournement des sanctions s’amplifierait tandis que se multiplieraient les appels à leur levée. Ce régime gagnerait là les années nécessaires à la remise en état de son économie et à la constitution des stocks d’armes indispensables à de nouvelles batailles et le président russe pourrait alors s’attaquer à d’autres pays.