Profitez de la chronique "Quoi de neuf en Europe ?" chaque semaine sur euradio. Retour sur l’actualité européenne avec Perspective Europe, l’association du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux.
Dans cet épisode, revenons sur les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler avec Mathilde Vayne.
Alors Mathilde, dites-moi : Quoi de neuf en Europe ?
Pour commencer, regardons de plus près l’actualité néerlandaise. Aux Pays-Bas, le Roia annoncé la demande d’une enquête sur le rôle de la famille royale dans la colonisation. Une sombre période, pourtant connue sous le nom de « siècle d’or ». Et pour cause, elle a grandement participé à la prospérité économique du pays.
Vous dites « sombre période »… Y a-t-il un tabou concernant le passé colonialiste des Pays-Bas ?
Tout a fait, et c’est après des années de silence que la monarchie décide enfin d’ouvrir les yeux. C’est une étape très importante parce que la royauté néerlandaise a annoncé qu’elle présenterait « dans un avenir proche des excuses pour le passé esclavagiste des Pays-Bas ».
Et alors concrètement comment ça va se passer ?
Selon les propos de RTL, une étude indépendante sera menée par une commission au sein de l’Université de Leinden pendant 3 ans. Les anciennes colonies ont réagi de manière extrêmement positive à cette annonce.
En parlant de puissance coloniale, est-ce qu’on peut se tourner du côté de la Russie ? Il me semble qu’elle a fait l’objet de sanctions concernant sa production de pétrole.
Effectivement, difficile de passer à côté de l’image de ces immenses tankers russes bloqués à l’entrée du Bosphore au nord d’Istanbul. Ils transportent du pétrole mais ils font la queue depuis plusieurs jours. La cause de cet encombrement ? Le plafonnement du prix du pétrole russe décidé par le G7 et effectif depuis lundi dernier.
Si mes chiffres sont bons, le G7 a abaissé le prix du baril russe à 60 dollars.C’est quoi l’objectif de cette sanction ? Qu’est-ce que cherche à faire le G7 ?
Alors dans l’un de ses articles, The Guardian explique que le but est de réduire les revenus russes mais tout en permettant la circulation du pétrole. Mais bon pour l’instant on n’observe pas de baisse significative des volumes de pétrole exportés…
Vous pensez que cette mesure est inutile ?
Je ne sais pas mais on peut clairement douter de son efficacité. D’autant plus que la Russie a intensifié ses échanges avec l’Inde et la Chine pour contrebalancer leurs diminutions vers l’Europe.
Du côté de l’Allemagne, les habitants de l’ancienne RDA sont particulièrement préoccupés par ses sanctions russes…
Oui, les régions de l’est du pays souffrent de la hausse des prix, notamment du gaz. Ces allemands demandent la fin des sanctions contre la Russie, la réouverture du gazoduc Nordstream 2, le désengagement de l’Allemagne vis à vis de la guerre en Ukraine.
Ils critiquent complètement la politique du gouvernement en fin de compte…
Absolument, d’ailleurs ces évènements connus sous le nom de « manifestations du lundi soir » sont très fréquents depuis quelques années. Ils critiquent les mesures anti-Covid, la politique migratoire ou, comme c’est le cas ici, la hausse du coût de la vie.
Si vous nous parlez aujourd’hui de cette manifestation, c’est parce qu’elle se distingue des précédentes ?
Oui elle a attiré l’attention en raison du public qu’elle a rassemblé rapporte The Guardian. Des membres de l’extrême-gauche comme de l’extrême-droite y ont participé, appelant à une coopération des partis.
Passons maintenant du côté de la Grèce où l’on observe également d’importantes manifestations. Cependant, les citoyen·nes de l’île ne protestent pas contre l’inflation mais contre les violences policières…
Tout remonte au 6 décembre 2008, date à laquelle un jeune avait été abattu par un policier alors qu’il lançait des projectiles contre un véhicule de police à Athènes. Cette tragédie avait fait trembler d’indignation la Grèce tout entière, surtout les jeunes. Désormais, le 6 décembre est le symbole de la lutte contre les violences policières.
Mais ces violences ne s’inscrivent-elles pas dans un cadre plus large de protestations ?
Assurément, le Nouvel Obs explique d’ailleurs qu’au delà de dénoncer l’arbitraire des policier·es, c’est au gouvernement conservateur de Costas Caramanlis que les manifestants s’attaquaient mardi dernier. Et puis peu d’améliorations ont été notées depuis 2008. D’ailleurs, le policier reconnu coupable d’avoir tué intentionnellement le jeune homme a été libéré il y a 4 mois. Il avait pourtant été condamné à purger une peine de prison à perpétuité, ce qui a accentué la colère des manifestant·es.
Vous dites « les manifestant·es »… Vous vous référez surtout aux jeunes n’est-ce pas ? Ils occupent une place particulière dans ce mouvement ?
Tout à fait, les jeunes grecs se sentent oubliés par l’État. Et depuis juillet dernier, leur colère n’est que plus grande puisque le gouvernement a durci les peines de prison pour les violences urbaines.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.