Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne.
« Quoi de neuf en Europe ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité européenne. Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Louise Masgrangeas.
Eh bien Laurence, pour commencer un coup de tonnerre pourrait bien secouer l’Eurovision. L’Espagne menace de se retirer de la compétition si Israël est autorisé à participer cette année.
Mais pourquoi une telle réaction de Madrid ?
Le gouvernement espagnol estime que la participation d’Israël serait politiquement inacceptable dans le contexte de la guerre à Gaza. Plusieurs responsables espagnols jugent qu’un événement culturel aussi symbolique ne peut pas se dérouler comme si de rien n’était. Une manière de faire pression sur l’Union européenne de radio-télévision, qui organise le concours.
Ce serait un séisme pour l’Eurovision, non ?
Absolument. L’Espagne fait partie des pays dits du “Big Five”, c’est-à-dire les contributeurs financiers principaux du concours. Un retrait aurait donc une portée politique et économique considérable.
Autre actualité, les élections en Moldavie.
Oui, les législatives viennent de donner la victoire à un parti ouvertement pro-russe. Une défaite amère pour les forces pro-européennes qui gouvernaient jusqu’ici.
Et quelles conséquences pour le pays ?
Cela risque de modifier profondément l’équilibre stratégique de la Moldavie, qui jusqu’à présent s’était rapprochée de Bruxelles et qui avait même obtenue le statut de candidat à l’adhésion à l’UE. L’arrivée d’un gouvernement pro-russe pourrait ralentir, voire remettre en cause, ce chemin européen. Et bien sûr, cela inquiète les institutions européennes, qui craignent de voir s’ouvrir une nouvelle brèche dans leur voisinage oriental.
Troisième actualité de la semaine, elle concerne cette fois la défense européenne. Louise, que s’est-il passé à Copenhague ?
Eh bien Laurence, les vingt-sept chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne se sont réunis dans la capitale danoise pour parler sécurité et défense face aux menaces russes. En effet, ces derniers jours, le Danemark a subi plusieurs incursions de drones, ce qui a poussé les Européens à réagir.
Et qu’est-ce qui a été décidé ?
C’est là que ça coince : les Européens n’ont pas réussi à s’accorder sur une véritable stratégie commune. La Commission européenne a présenté une feuille de route pour 2030 avec des projets tels un mur antidrones, un bouclier spatial et davantage d’achats communs d’armement. Mais les grands États, comme la France et l’Allemagne, refusent de laisser une place trop importante à la Commission, qu’ils jugent incompétente en matière de défense.
Donc, encore des divisions au sein de l’UE ?
Exactement. Quatre ans après l’invasion de l’Ukraine, l’Europe reste incapable de construire une défense intégrée. Les débats ont davantage porté sur la répartition des pouvoirs entre États et Commission que sur les réponses concrètes à apporter aux attaques russes. Et pendant ce temps-là, la Russie profite de ces divisions pour détourner l’attention des Européens de leur soutien à Kiev
Merci Louise. Voilà qui illustre encore une fois les difficultés de l’Union européenne à transformer ses discours en actes concrets.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.