« Quoi de neuf en Europe ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité des Etats membres de l’Union européenne.
Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Victor Muller. Bonjour et bienvenue !
Alors Victor, dites-moi : quoi de neuf en Europe ?
Moins de deux mois après l’attentat du lycée Gambetta-Carnot d’Arras, une nouvelle attaque terroriste a frappé la France, cette fois-ci en plein cœur de la capitale, à Paris. La nuit du samedi 2 décembre, un homme de vingt-six ans poignardait à mort un touriste allemand à la station de métro Bir-Hakeim avant de fuir vers le 16ème arrondissement où deux autres personnes ont également été blessés. L’individu a finalement été neutralisé par la police dans la foulée.
Quelles ont été les différentes réactions suite à cette attaque ?
Le président de la République Emmanuel Macron a pris la parole dans la nuit de samedi à dimanche sur la plateforme X pour exprimer ses condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand décédé tout en ayant une pensée émue pour les personnes blessées, dont le pronostic vital n’est heureusement pas engagé. Côté allemand, le chancelier Olaf Scholz se dit « bouleversé par l’attaque terroriste de Paris » tandis que la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser a condamné un « crime abominable ».
Quelles sont les informations à notre disposition à ce stade de l’enquête ?
Selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, l’individu, de nationalité française, était connu des services de renseignement pour radicalisation islamiste et présente des troubles psychiatriques importants qui ne nécessitaient néanmoins pas une hospitalisation. Il avait également déjà été incarcéré entre 2016 et 2020 pour une tentative d’attentat. Le parquet national antiterroriste annonçait finalement dimanche soir le placement en garde vue, en plus de celle du terroriste, de trois personnes de son entourage.
Cette attaque a-t-elle été revendiquée ?
Pour le moment, ce n’est pas le cas mais le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a fait savoir dans une conférence donnée dimanche soir par le Parquet national antiterroriste que les premières investigations ont permis de mettre la main sur une vidéo enregistrée par l’assaillant dans laquelle il prêtait allégeance au groupe djihadiste Etat islamique.
En savons-nous plus sur ses motivations ?
Après son arrestation par la police, l’individu leur a expliqué « en avoir marre de voir des musulmans mourir », notamment en Palestine dans le cadre de l’intervention israélienne dans la bande de Gaza, tout en estimant que la France était « complice » des crimes d’Israël.
Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour critiquer la qualité du suivi de l’état psychiatrique de l’assaillant. Pouvez-vous nous indiquer lesquelles ?
C’est le Rassemblement national qui s’est le plus illustré à ce propos, par l’intermédiaire de Jordan Bardella qui se trouvait à Florence en Italie. Ce dernier a critiqué plus largement la politique que conduit le gouvernement, évoquant la « faiblesse » de ce dernier. Il demande ainsi un « tournant sécuritaire pénal et migratoire dans notre société, au risque de courir à de graves troubles ». Cela s’inscrit dans une série de déclarations du président du Rassemblement national lors de son déplacement en Toscane.
Quelles étaient les raisons de ce déplacement ?
Jordan Bardella a participé ce dimanche à un meeting du groupe parlementaire européen Identité et démocratie, organisé par le chef de file de La Lega et vice-président du Conseil italien Matteo Salvini dans la capitale toscane.
Cette rencontre a certainement mis la ville de Florence en ébullition, à 6 mois des élections européennes de juin 2024.
Tout à fait Laurence, d’autant plus que ces élections coïncideront en Italie avec les élections municipales. Le maire de Florence Dario Nardella, du Parti démocrate italien, a fait illuminé du bleu européen les principaux monuments de la ville en réponse au rassemblement eurosceptique d’Identité et démocratie tandis que plusieurs centaines de personnes se sont réunies non loin de la salle des congrès où les leaders du groupe européen étaient rassemblés.
Comment pourrait-on résumer ce meeting, finalement ?
Dans des discours aux accents trumpistes, les chefs de file du groupe ID ont fortement critiqué le Pacte vert porté par Ursula von der Leyen et la Commission européenne tout en pointant du doigt le multiculturalisme. Par opposition, tous étaient globalement d’accord pour défendre « l’Europe des frontières et des identités » et pour dévitaliser l’Union européenne en lui substituant des collaborations ponctuelles et des accords bilatéraux entre Etats souverains.