Quoi de neuf en Europe ?

Quoi de neuf en Europe ? - Margaux Meneyrol

Quoi de neuf en Europe ? -  Margaux Meneyrol

Profitez de la chronique "Quoi de neuf en Europe ?" chaque semaine sur euradio. Retour sur l’actualité européenne avec Perspective Europe, l’association du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux.

Dans cet épisode, revenons sur les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler avec Margaux Meneyrol.

Alors dites-nous, quoi de neuf en Europe ?

Et bien cette semaine, c’est la pilule abortive qui est sous le feu des projecteurs en France. En effet, l’hexagone est actuellement confronté à une pénurie de pilules abortives, ce qui inquiète plusieurs organismes de santé comme le planning familial ou l’observatoire de la transparence des médicaments. Le ministre de la Santé, François Braun, a reconnu lui des « tensions » mais pas de pénuries.

Pourtantdesrapportsprovenantdeplusieurssourcesindiquentlecontraire?

Effectivement, selon un rapport de Mediapart, une pénurie durerait depuis plusieurs mois et serait principalement due au manque d'investissement dans la production du médicament. Face à cela, un problème a été décelé, c’est celui des monopoles dans l'industrie pharmaceutique qui augmente grandement le risque de pénurie, comme celle que nous connaissons aujourd’hui avec la pilule abortive. Une seule entreprise détient le droit exclusif de produire le médicament en France.

Face à cela, y a-t-il eu des réactions ?

Absolument, la directrice du Planning familial, Sarah Durocher et plusieurs élues (dont Laurence Rossignol) ont saisi le gouvernement et l’ont appelé à réagir rapidement. L’exécutif a alors décidé d'importer des pilules abortives d'Italie. Pour autant, les organismes concernés ne sont néanmoins pas satisfaits par cette solution et ils dénoncent fermement l’application d’une solution ponctuelle à un problème systémique.

Et qu’en est-il de la répercussion de cette pénurie sur le droit à l’avortement ?

Et bien, la pilule étant une méthode d'avortement sûre et efficace, tout obstacle à sa disponibilité peut avoir de graves conséquences d’accès à l’IVG médicamenteuse notamment en France où 76 % des IVG le sont. Les défenseurs du droit à l'avortement s'inquiètent de l'impact potentiel de la pénurie sur les femmes souhaitant interrompre une grossesse non désirée.

Vous évoquiez l’Italie il y a un instant, justement ce même pays a vu éclater un récent scandale concernant l’un de ses ministres ?

Absolument, évoquant mardi 18 avril un « remplacement ethnique » Francesco Lollobrigida (FdI), le ministre italien de l’agriculture et de la sûreté alimentaire, a déclenché un scandale de l’autre côté des Alpes. Le ministre de Giorgia Meloni, qui est aussi son beau-frère et dont l’influence dépasse de loin celle de son portefeuille ministériel a fait, par cette déclaration, directement écho au récit complotiste du « grand remplacement », très en vogue dans les milieux d’extrême droite occidentaux.

Et dans quel contexte cette déclaration s’inscrit ? Quelle est la politique migratoire du gouvernement d’extrême droite de Meloni ?

Concrètement, ces propos interviennent alors que le gouvernement s’apprête à imposer des restrictions très dures à l’accueil des demandeurs d’asile qui ne disposent pas du statut de réfugié. Ceci est actuellement en discussion au Sénat. En outre, le gouvernement italien a d’ores et déjà proclamé l’état d’urgence pour faire face à l’augmentation du nombre de migrants ayant débarqué sur ses côtes depuis le début de l’année. Le nombre s’élève à 32 700 contre 8 400 l’an dernier à la même période.

Face à cette déclaration très controversée, quelles ont été les réactions de l’opposition ?

Elly Schlein du parti démocrate italien a condamné des « propos répugnants » ayant « des relents de suprémacisme blanc » rappelant les années 30. Les opposants accusent la coalition de Giorgia Meloni d’alimenter les sentiments antimigrants en Italie. Même la Ligue de Matteo Salvini, qui n’est pas connu pour son hospitalité et qui fait partie de la coalition gouvernementale, c’est elle aussi désolidarisée du ministre.

Outre la polémique, le gouvernement fait face à un défi de pénurie de main d’œuvre et à une baisse de sa natalité. Face à ces défis, l’immigration ne pourrait pas être une solution ?

Effectivement, la situation est alarmante pour la Péninsule : un rapport de l’Institut national de statistique, publié au début du mois, a confirmé que le pays était touché par une grave pénurie de main d’œuvre. La natalité est aussi un autre vrai défi pour l’Italie : en 2022, on compte moins de 400 000 naissances : il s’agit du chiffre le plus bas depuis 1861. Alors pourquoi se barricader ?

Entretien réalisé par Laurence Aubron.

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