Quoi de neuf en Europe ?

Quoi de neuf en Europe ? - Thomas Vieuille

@Wikimedia Commons Quoi de neuf en Europe ? - Thomas Vieuille
@Wikimedia Commons

« Quoi de neuf à Bruxelles ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité institutionnelle européenne. Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Thomas Vieuille.

Alors Thomas, dites-moi : Quoi de neuf à Bruxelles ?

Tout d’abord une nouvelle sur les relations extérieures de l’Union Européenne. La Commission, après de longue dissensions internes, a finalement décidé d’envoyer 50 millions d’euro à l’UNRWA, U-N-R-W-A, acronyme anglais signifiant en français l’office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Un soulagement pour l’office, qui a vu ses aides se réduire depuis plusieurs mois et un soupçon de coopération avec le Hamas lancés sur douze de ses employés. A vrai dire, 82 millions auraient du être versé par l’Union Européenne à l’origine.

Qu’est ce qui a décidé l’Union Européenne à verser l’argent finalement ?

Plusieurs facteurs. D’une part, et c’est là l’argument de Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’Union, les accusations de participations aux attaques d’octobres n’ont, à l’heure actuelle, pas été prouvée, et les défendants de la cause Palestienne accuse désormais Israël d’avoir lancé une accusation infondée. L’autre argument de Josep Borrell, soutenue par la présidente de la commission, Ursula Van der Leyen, était l’incapacité de trouver une structure de remplacement pour prendre en charge les six millions de réfugiés que l’UNRWA gère.

D’autre part, et c’est ce qui a permis de résoudre le conflit avec le commissaire chargée de la politique de voisinage, Olivér Várhelyi, c’est l’existence d’une enquête interne au sein de l’ONU et le lancement d’une autre par l’Union Européenne, dont les conclusions décideront du sort des 32 millions qu’il reste à verser.

L’Union Européenne est-elle la seule à continuer les paiements ?

Non quand même pas, mais elle était avant toute cette affaire la troisième plus grosse contributrice au budget de l’office, elle est maintenant première. Les Etats-Unis et l’Allemagne, les deux plus gros contributeurs, ont cessé. Il est également à noter que la position de l’Union Européenne n’est pas celle des Etats-Membres qui sont eux divisés sur la question. L’Italie a ainsi, comme l’Allemagne, cessé de donner, alors que l’Espagne, l’Irlande, ou encore la Belgique, ont décidé de continuer voire d’augmenter leurs soutient. L’Agence de l’ONU emploie 1.300 salariés et estime ses frais de maintien à 70 millions par mois. L’aide de l’UE leurs offre un répit, mais pas de quoi véritablement soufflé.

Et il n’y a pas que la commission qui a fait parler d’elle à l’international cette semaine 

Thomas : En effet pendant que la commission négociait sur le Proche-Orient, le parlement européen a lui fait preuve d’une rare harmonie pour demander l’expulsion des lobbyistes du géant américain Amazon du parlement.

Qu’est ce qui motive cette décision ?

Thomas : Un irrespect sur la forme, arguent les députés. En effet, l’entreprise n’a cessé ses dernières années de multiplier les refus de rendez-vous ou d’explications sur ces pratiques, allant jusqu’à refuser l’entrée dans un de ces entrepôts à des eurodéputés, venues enquêter sur les conditions de travail. Autre agacement important, la firme s’est contentée d’un simple message écrit à la commission des affaires sociales dans le cadre d’une enquête qui la visait explicitement, quand les députés demandaient à rencontrer Jeff Bezos ou à défaut un autre cadre dirigeant.

Du coup Amazon ne sera plus représenté du tout au parlement européen ?

En tout cas ce sera beaucoup plus dur pour eux de faire entendre leur voix. Ce qui est refusé à la firme est une accréditation permanente qui permet d’entrer dans le parlement comme dans un moulin. Toutefois, un peu à la manière d’un vampire, ils ont toujours le droit de rentrer si un député est disposé à leur octroyer un badge de visiteur, lui temporaire. Et il faudra alors s’en remettre à la bonne volonté des députés. Or le parlement à la dent dure lorsqu’il prononce une sanction. Amazon est le deuxième à écoper d’une telle interdiction, et la dernière, qui impliquait Monsanto, avait duré 11 ans et n’avait pris fin qu’à la faveur d’une fusion du géant des pesticide avec le laboratoire Bayer.

D’autres nouvelles au parlement pour conclure ?

Les élections approches ! A 100 jours de ces dernières tous les partis nationaux attaquent la campagne, sur des enjeux pas toujours européens d’ailleurs, mais une actualité est venue faire entendre une voix de toute l’Union. Le Parti Socialiste Européen s’est réuni lors d’un congrès électoral à Rome et à désigner sa « tête de liste » européenne : il s’agit de Nicolas Schmit, ainsi ministre du travail Luxembourgeois, actuellement commissaire de l’emploi et des droits sociaux à la commission européenne. C’est d’ailleurs son poste actuel qui a plu lors du congrès, les électeurs y voyant là la preuve d’un engagement en faveur d’une Europe plus sociale.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.

Épisodes précédents