Cette année l’Union européenne a choisi de mettre en avant le train en désignant 2021 comme l’année européenne du rail.
Pourquoi une année européenne sur ce sujet alors que les Européens sont bloqués dans leurs pays en raison de la crise sanitaire ?
Oui vous avez raison, on peut de prime abord être surpris par ce choix alors que la situation sanitaire est pour l’instant marquée par d’importantes restrictions aux voyages.
Pourtant cette crise sanitaire aura aussi montré que le train pouvait assurer le transport rapide de biens essentiels tels que la nourriture, les médicaments et le carburant dans des circonstances exceptionnelles.
Le train comme les autres modes de transports sont aussi encadrés par des politiques européennes qui contribuent depuis 1957 à la mise en place d’un espace européen sans frontières dans lequel les personnes et les marchandises peuvent circuler sans entraves.
Aussi, même si les transports présentent ainsi de nombreux avantages, ils ont également un coût pour nos sociétés. Il s’agit notamment des émissions de gaz à effet de serre, de la pollution atmosphérique, sonore, mais aussi des accidents de la route, des embouteillages ou encore de la perte de biodiversité.
Quelles sont les caractéristiques actuelles des transports dans l’Union européenne ?
Ce qui caractérise les transports en Europe, c’est à la fois leur diversité et leur densité. Si le transport routier représente encore 80 % des trajets de passagers, l’Union européenne compte aussi 203 000 kilomètres de voies ferrées ainsi que 52 000 kilomètres de voies navigables. Les lignes à grande vitesse continuent de se multiplier. Et le transport aérien n’a jusqu’à la crise actuelle jamais concerné autant de passagers.
Le transport, c’est aussi le deuxième poste de dépenses pour les ménages européens, qui contribue à hauteur de 5 % au PIB européen et emploie directement près de 10 millions de travailleurs.
Outre les enjeux économiques, les transports européens sont évidemment concernés par les choix environnementaux de l’UE et des Etats membres. Les transports, c’est un quart des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne et cette part ne cesse d’augmenter. D’ici à 2050, la Commission européenne dans le cadre du Pacte vert ou plus communément appelé le Green deal, s’est donnée pour objectif de réduire de 60% les émissions de gaz à effet de serre issues des transports européens par rapport aux années 1990, et de parvenir à la neutralité carbone. Ce qui conduira à réduire les émissions du secteur des transports de 90 % d’ici à 2050.
Et quels sont les atouts du train pour parvenir à cet objectif ?
Le rail est le seul mode de transport ayant considérablement réduit ses émissions depuis 1990 et représente donc une excellente alternative pour voyager de façon durable et responsable. En effet, le transport ferroviaire n'est responsable que de 0,4% des émissions de C02 et utilise de plus en plus de ressources d'énergie renouvelables. A distance équivalente, un trajet en train émet environ 30 fois moins de gaz à effet de serre qu’un trajet en voiture et 70 fois moins qu’un trajet en avion. Le train est également l’un des moyens de transport les plus sûrs, devant le bus et bien avant la voiture. Pour être encore plus précis, dans l'Union européenne, le risque d'accident ferroviaire mortel est de 0,1 par milliard de voyageurs-kilomètres, contre 0,23 pour des accidents de bus, 2,7 pour des accidents de voiture et 38 pour des accidents de moto.
Mais le rail n’a pas que des atouts, à l’heure actuelle, le ferroviaire ne représente que 7% du déplacement des voyageurs. La part du rail dans le transport de marchandise et de fret ferroviaire n’est que de 17 % en moyenne au sein de l’Union européenne avec une disparité importante, 9 % en France, loin derrière nos voisins, 18 % en Allemagne, ou encore 32 % en Autriche.
Quels sont les objectifs et les mesures prises par l’Union européenne ?
L’objectif de l’Union est de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 et de parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050. C’est à cet effet que la Commission européenne a élaboré une stratégie pour une mobilité durable et intelligente. L’une des priorités est de déplacer vers le rail et les voies navigables intérieures une part substantielle des 75 % de fret terrestre actuellement transporté par la route. Le trafic ferroviaire à grande vitesse devra doubler d’ici à 2030 et tripler d’ici à 2050. Les déplacements collectifs de moins de 500 km devront aussi être neutres en carbone d’ici à 2030.
Le rail a donc besoin d’une nouvelle impulsion lui permettant de prendre une place plus importante dans le transport de voyageurs et de marchandises d’où cette proposition de faire de 2021, l’année européenne du rail.
L’année européenne du rail 2021 doit permettre de donner une meilleure visibilité au ferroviaire et en faire la promotion en tant que moyen de transport attractif et durable auprès des citoyens, entreprises et pouvoirs publics dans toute l’Europe.
La réalisation des objectifs climatiques de l’UE passera inéluctablement par le développement d’un réseau ferroviaire solide, connectée et propre, c’est la clé d’une mobilité durable et respectueuse de l’environnement.
Fréquence Europe est une chronique européenne réalisée par Radio Judaïca et le Centre Europe Direct de Strasbourg.
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