Qu’est-ce qu’une IGP ?
Depuis 1992, l’Union européenne a mis en place différent labels qui reconnaissent l’origine géographique et le savoir-faire des terroirs d’Europe.
Pour être précis, il existe principalement deux labels européens qui protègent les origines géographiques du produit : les AOP et les IGP.
L’Appellation d’Origine Contrôlée (l’AOP), c’est le label qui offre le plus haut niveau de protection en Europe. Il est certifié par un logo rouge et jaune qui se trouve apposé sur de très nombreux produits laitiers, le camembert de Normandie, des huiles, des viandes, comme le Poulet de Bresse, des épices, le piment d’Espelette. Ce label AOP garantit que toutes les étapes de fabrication du produit ont été réalisées dans l’aire géographique protégée d’où proviennent également les matières premières (comme le lait). C’est vraiment le label terroir par excellence.
Ainsi, ne pourra être appelé « Roquefort » qu’un fromage élaboré à partir de lait de brebis de la race locale (Lacaune) et s ‘il est ensuite affiné et maturé dans les caves naturelles de Roquefort sur Soulzon.
Quant à l’indication géographique, l’IGP, elle établit également un lien entre un produit et une aire géographique mais le cahier des charges est plus souple que pour une AOP. Pour enregistrer une IGP, il n’est pas nécessaire que tout le processus de fabrication ait lieu dans la région concernée. Il est également possible d’utiliser certains ingrédients qui ne proviennent pas de ce terroir. Ainsi, le beurre utilisé dans la brioche vendéenne peut provenir de Normandie ou de Bretagne, par exemple. Pour l’IGP, le logo apposé sur le produit sera jaune et bleu.
Combien existe-t-il d’AOP et d’IGP ?
Il existe près de 2000 produits sous AOP au sein de l’UE, la France en compte 489 en 2022. Pour les IGP, il y a 1350 produits, 260 en France dont notre fameuse spécialité fromagère, la cancoillotte qui est un met bien franc-Comtois comme le chantait Hubert Felix Thiéfaine, la choucroute ou le miel d’Alsace, les mirabelles de Lorraine, le citron de Menton ou la Vanille de la Réunion qui a obtenu une IGP l’année dernière.
Et concrètement Olivier à quoi servent ces labels ?
Ces labels ont d’abord été créés pour protéger les producteurs en certifiant leur production tout en assurant la promotion de l’agriculture locale, mais aussi en donnant un gage de qualité aux consommateurs.
Selon une étude de la Commission européenne de 2020, les ventes de produits couverts par une indication géographique représentent une valeur de près de 75 milliards d’euros dont un cinquième provient d’exportation hors de l’UE.
Par ailleurs, tous ces produits certifiés sont protégés contre les imitations et les contrefaçons dans tous les Etats membres de l’UE.
L’un des cas les plus connus a été la tragédie grecque autour de la feta qui a opposé des producteurs grecs de feta à des usurpateurs d’autres pays, des Français, des Danois, des Allemands qui fabriquaient ce fromage de brebis sous le nom de feta avec du lait de vache. C’est l’obtention d’une AOP qui aura permis aux producteurs grecs de se défendre devant la Cour de Justice de l’UE et désormais, la feta ne peut-être que Grecque.
Cette protection va même au-delà de l’Europe puisque l’UE a conclu plus de 30 accords internationaux qui permettent la reconnaissance réciproque de nombreuses indications géographiques comme avec le Japon ou le Canada par exemple.
Enfin, même si la pertinence de ce système de protection de la qualité et des terroirs n’est pas du tout remise en cause, une réforme est en cours afin de mieux prendre en compte la protection de l’environnement et le bien être animal.
Fréquence Europe est une chronique européenne réalisée par Radio Judaïca et le Centre Europe Direct de Strasbourg.
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