Plongée dans les océans - Sakina Ayata

Que nous dit le GIEC ? - Plongée dans les océans #33

Que nous dit le GIEC ? - Plongée dans les océans #33

Nous retrouvons Sakina-Dorothée Ayata, maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université pour sa chronique "Plongée dans les océans".

Sakina, pour votre dernière chronique avant la pause estivale, vous allez nous parler de ce que nous dit le GIEC, le Groupe d'Expert Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat.

Oui, en effet. Je vous ai déjà parlé de l'impact du changement climatique sur les océans et sur les écosystèmes marins. Mais il m'a semblé opportun de vous reparler du GIEC aujourd'hui et plus particulièrement du contenu de ses rapports et des conséquences pour nous tous.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous rappeler comment travaille le GIEC et à quoi il sert ?

Le GIEC regroupe des experts internationaux capables de faire la synthèse des connaissances scientifiques pour éclairer les citoyens et les décideurs. C'est un organe des Nations Unies qui a été créé en 2988. On est en ce moment au 6ème rapport d'évaluation du GIEC. Le GIEC est organisé autour de 3 groupes de travail. Pour le 6ème rapport d'évaluation, chaque groupe de travail rédige une synthèse des connaissances actuelles sur un thème donné, puis le GIEC rédige un rapport de synthèse. Ce rapport de synthèse est prévu pour fin septembre 2022, mais les autres rapports sont déjà disponibles.

Et sur quoi portent ces trois groupes de travail ?

Le rapport du premier groupe du travail, sorti à l'été 2021, porte sur les bases physiques du changement climatique et il fournit différents scénarios possibles pour la fin du siècle, selon la quantité de gaz à effet de serre émis par les activités humaines. Le rapport du second groupe de travail, sorti en février 2022, s'intéresse lui aux impacts, à l'adaptation et à la vulnérabilité des populations humaines face au changement climatique. Enfin, le rapport du troisième groupe de travail est sorti en avril 2022 et présente des pistes pour atténuer, ou limiter, l'impact du changement climatique sur nos vies ; il évalue en particulier les différentes manières dont on peut diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Le rapport de synthèse attendu pour l'automne fera donc la synthèse de ces trois rapports, mais aussi de 3 rapports spéciaux, dont un sur les océans.

Et que nous disent ces rapports alors ?

Et bien que maintenant il n'y a plus de doute : le changement climatique auquel on assiste aujourd'hui est directement dû aux activités humaines. Mais la bonne nouvelle, c'est que s'y on s'y met maintenant, il est encore temps d'agir pour diviser par deux nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 et ainsi limiter le réchauffement global moyen à 1.5°C à la fin du siècle et respecter l’Accord de Paris. Pour ça, il faut limiter de 43% les émissions de gaz à effet de serre, en particulier réduire d'un tiers nos émissions de méthane. Ce que nous disent les scientifiques et experts du GIEC, c'est que ces réductions doivent avoir lieu maintenant et être drastiques.

Et comment faire pour ça ?

Ce que nous dit le GIEC, c'est que les politiques mises en place actuellement pour lutter contre le changement climatique sont insuffisantes, car, actuellement, ces politiques nous conduisent vers un monde de +3,2 °C ! Ce qu'il faut, c'est à la fois réaliser une véritable transition entre les énergies fossiles (que sont le gaz, le méthane, le pétrole) vers les énergies bas-carbone, en particulier les énergies renouvelables comme le solaire ou l'éolien, et aussi développer ce qu'on appelle des "puits de carbone", par exemple en faisant meilleur usage des terres et des forêts. La déforestation doit donc cesser et l'agriculture doit être plus raisonnée. Il est aussi crucial d'améliorer l'isolation thermique des bâtiments, transformer l'organisation de nos villes, et ré-orienter les capitaux vers la transition énergétique et climatique.

Et à l'échelle individuelle alors ?

Et bien le GIEC nous dit aussi que, en plus des changements systémiques nécessaires, nous pouvons également contribuer à l'échelle individuelle, en adaptant nos modes de vie pour les rendre plus "sobres" et "durables". Ca passe par moins utiliser la voiture et d'avantage prendre les transports en commun ou le vélo, diminuer drastiquement nos voyages en avion, manger moins de viande, et consommer de manière plus responsable. Et puis, si le cœur vous en dit, parlez en autour de vous pour faire passer le message, comme je le fais maintenant.

Sakina Ayata au micro de Laurence Aubron

Tous les épisodes de "Plongée dans les océans" sont à retrouver ici