Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- La France reconnaît l’Etat de Palestine
- La colère remonte parmi les agriculteurs à Bruxelles
- L’UE lorgne sur les avoirs russes gelés
On commence ce journal à New-York où le Président français Emmanuel Macron a confirmé hier soir, par un discours, la reconnaissance de l’Etat de Palestine.
Oui, il était alors accompagné des représentants de cinq autres pays, dont la Belgique et cette reconnaissance suit celles annoncées récemment par le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal qui avaient déjà passé le pas dimanche. A la tribune de l’ONU, Emmanuel Macron a une nouvelle fois demandé à l’Etat hébreu de mettre fin à la guerre ; il a aussi appelé les pays arabes qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître l’Etat d'Israël.
Un discours applaudi par une écrasante majorité des représentants d’Etats présents, mais qui s’est déroulé devant quelques sièges laissés vides par la délégation israéliennes.
Oui, Benyamin Netanyahou a promis de riposter à la décision de reconnaître la Palestine, évoquant une potentielle amplification de la colonisation en Cisjordanie voire une annexion totale du territoire. Hier soir, le président américain Donald Trump s’est lui aussi exprimé, par l’intermédiaire de sa porte-parole Karoline Leavitt, et a qualifié ces reconnaissances de je cite, “récompense pour le Hamas”.
Concernant les mesures annoncées hier soir, Baptiste, Emmanuel Macron a présenté un ‘plan de sécurité’ porté par l’Arabie Saoudite et Paris.
Oui ce plan, adopté à une très large majorité, prévoit d’abord la libération des 48 otages détenus à Gaza et la fin des opérations militaires israéliennes sur le territoire. Il prévoit aussi le “démantèlement et désarmement du Hamas” et, je cite, “une obligation absolue d’Israël à faciliter l’accès à Gaza pour l’aide humanitaire”.
Aujourd’hui le Conseil de sécurité sur la situation à Gaza se réunit à nouveau - encore une fois sans Israël en raison de la fête juive de Roch Hachana d‘après l’ambassadeur de l’Etat hébreu. Il va falloir attendre vendredi pour que Benjamin Nétanyahou s’exprime à la tribune de l’Assemblée générale.
On poursuit ce journal à Bruxelles, où une série de décisions prise par la Commission européenne a attisé la colère des agriculteurs. Cette semaine, le Copa et la Cogeca - représentants des agriculteurs et principaux lobbys agricoles - se réunissent pour élaborer ce qu’ils qualifient de “réponse politique collective”. Souvenez-vous, l’année dernière, les tracteurs avaient envahi les rues.
Oui, plusieurs sujets alimentent un contexte de tensions entre les agriculteurs européens et la Commission, à commencer par l’accord commercial UE-Mercosur, dont le processus de ratification suscite des inquiétudes.
Le projet, si confirmé, permettrait la mise en place d’une large zone de libre-échange entre l’Union européenne et cinq pays sud-américain, qui formeraient ensemble un cinquième de l’économie mondiale.
C’était l’un des premiers objectifs mis en avant dans le nouveau mandat d’Ursula von der Leyen, et qu’elle espère sceller d’ici la fin de l’année. Une décision qui imposerait un “coût énorme au secteur” d’après Elli Tsiforou, secrétaire général du Copa-Cogeca. L’augmentation des importations, de volaille et de bœuf notamment, se ferait au détriment des agriculteurs européens.
L’accord commercial conclu avec les Etats-Unis est aussi un enjeu problématique.
Oui, beaucoup qualifient l’accord de “totalement déséquilibré”. Pour rappel, Washington a imposé des droits de douane de 15% sur les produits européens, contre 0% pour Bruxelles sur une grande partie des exportations agricoles américaines. Là aussi, les agriculteurs devront faire face à une concurrence accrue, sans que leurs exportations ne compensent les pertes.
Idem pour les relations de l’UE avec Pékin - la Chine a introduit des droits de douane allant jusqu’à 62% pour la viande de porc. Une décision qui faisait suite aux impositions de droits de douane sur les véhicules électriques chinois.
Mais ce n’est pas tout, le budget de la Politique Agricole Commune, la PAC, risque d’être fortement amputé.
C'est le sujet le plus brûlant. En juillet, la Commission a proposé de réduire de presque 30% le budget de cette PAC pour la période 2028-2034. Dans la réforme budgétaire que souhaite mettre en place la présidente de la Commission européenne, la part du budget accordée à l’agriculture diminue, au profit de celle accordée à l’industrie et à la défense. En chiffre : là où le budget actuel représente 387 milliards d’euros pour la politique agricole commune, le prochain en accordera 300 milliards.
On termine ce journal en s’intéressant aux avoirs russes gelés - 235 milliards d’euros - que l’Union européenne souhaiterait investir pour soutenir l’Ukraine. Jeudi dernier, la Commission avait affirmé avoir trouvé une solution pour les utiliser sans les confisquer, mais le plan ne plaît pas à tous les chefs d'États européens, dont certains ont fait part de leur scepticisme face au projet.
Oui, sur ces 235 milliards d’euros, 210 sont actuellement immobilisés / retenus en Belgique. Mais le prendre et l’investir ailleurs reviendrait à exproprier la banque centrale russe - ce qui serait “contraire aux accords internationaux auxquels la France et l’Europe ont souscrit” rappelle le ministre de l’économie français, Eric Lombard.
Au-delà du caractère possiblement illégal de la saisie, la France craint de dissuader les investisseurs étrangers à l’avenir de détenir des réserves en euros - un phénomène qui pourrait diminuer la valeur de la monnaie européenne.
Mais quelle est cette solution trouvée par la Commission européenne ?
C’est un peu technique, mais la majorité des avoirs russes gelés sont arrivés à échéance. Ils ont donc un statut différent, qu’on qualifie de solde de trésorerie, et que l’UE peut légalement réinvestir sans avoir à les confisquer. Bruxelles souhaite donc récupérer l’argent et le transférer vers l’Ukraine.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a tout de même précisé que l’Ukraine rembourserait ces montants, je cite, “une fois que la Russie aura payé les dommages de guerre”.
Il faut encore que les Etats s’accordent fin octobre sur l’utilisation de ces fonds - en sachant que le processus requiert un accord unanime et que des pays pourraient poser leur veto. L’Ukraine de son côté espère recevoir plus de 40 milliards d’euros l’an prochain - un souhait difficile à réaliser sans ces fonds russes.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.