L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- La Commission européenne stricte avec la Pologne
- Première visite diplomatique des talibans en Europe
- Victoire de la droite nationaliste pro-Turquie aux élections législatives à Chypre
La Commission européenne stricte avec la Pologne
Débutons ce journal en revenant sur les pénalités records décidées jeudi dernier par la Commission européenne à l’encontre de la Pologne.
Oui, en tout 69 millions d’euros d’amende, c’est ce que réclame la Commission européenne face au refus de Varsovie d’appliquer certaines législations européennes, tout particulièrement celles garantissant l’indépendance des juges polonais. Le pays a désormais 45 jours pour régler cette amende.
L’UE adopte donc un ton plus strict dans une affaire qui a déjà plusieurs années.
Oui une affaire qui porte plus précisément sur la chambre disciplinaire de la Cour suprême polonaise. Depuis 2020, cette institution dont les membres sont proches du gouvernement ultra-conservateur issu du parti Droit et Justice (PiS), peut décider de lever l’immunité des juges : ceux-ci peuvent se voir privés de retraite, voire même poursuivis en justice. En juillet dernier, la Cour de justice de l’UE a jugé qu’un tel contrôle met à mal l’indépendance de la justice en Pologne et a exigé la dissolution de cette chambre disciplinaire, sous peine de devoir payer une lourde amende.
Cette amende record de 69 millions d’euros infligée par la Commission européenne à la Pologne peut-elle changer la donne et faire plier Varsovie ?
Eh bien la stratégie polonaise est pour le moins ambigüe. En août 2021, le gouvernement de M. Morawiecki avait déclaré être prêt à dissoudre la chambre disciplinaire, mais aucun détail ou calendrier n’avait été donné. Mais cela n’a pas empêché ensuite le tribunal constitutionnel polonais de rejeter en octobre 2021 la primauté du droit européen, mettant à bas ce qui est pourtant considéré comme étant un des fondements du droit communautaire.
Mais la Commission n’est pas non plus sans ressources pour encourager ou contraindre la Pologne à respecter ses engagements.
Oui, l’exécutif européen a déclaré que si au bout des 45 jours de délai, l’amende n’a pas été versée, cette somme pourrait être déduite des fonds européens normalement destinés à la Pologne dans le cadre du plan de relance européen NextGenerationEU. En attendant, tant que la chambre disciplinaire fonctionne, le versement du plan de relance polonais par la Commission est tout simplement suspendu.
Mais le gouverment polonais a aussi quelques armes de son côté. Varsovie a ainsi récemment menacé de s’abstenir ou de voter contre à chaque décision des institutions de l’UE qui nécessiterait l’unanimité des Etats-membres.
Oui, et justement en début de semaine, la Pologne, avec la Hongrie et l’Estonie ont menacé de mettre leur veto au projet de législation européenne introduisant un taux minimum d’imposition de 15% sur les sociétés, notamment les multinationales.
Première visite diplomatique des talibans en Europe
Évoquons à présent l’action extérieure de l’Union européenne avec un événement notable : dimanche 23 janvier, une délégation des talibans a effectué sa première visite diplomatique officielle en Europe. C’était à Oslo en Norvège. En quoi un tel déplacement est-il important ?
Il est important dans la mesure où aucun pays du monde ne reconnaît le gouvernement des talibans, depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan en août 2021. L’Union européenne pratique donc une diplomatie d’équilibriste : jeudi dernier, l’UE a annoncé rétablir une présence diplomatique à Kaboul, mais tout en affirmant que cette présence sera “la plus minimale possible”. Puis dimanche, des responsables européens ont longuement discuté avec une délégation talibane, mais la rencontre s’est faite en Norvège, un pays n’appartenant pas à l’Union.
Peter Stano le porte parole de la diplomatie de l’UE l’a répété “notre présence minimale à Kaboul ne doit en aucun cas être considérée comme une reconnaissance du régime au pouvoir”. Mais alors quel est le but de ces discussions ?
Pour l’Union, l’objectif est de rendre l’aide humanitaire en Afghanistan plus efficace, alors que le pays fait désormais face aux risques de famine, en plus des dénonciations concernant les droits des femmes ou le sort réservé aux personnes ayant coopéré avec les Occidentaux ces dernières années. Mais accélérer l’acheminement de l’aide sur place peut difficilement se faire sans l’appui des pouvoirs publics, donc des talibans.
Les talibans, de leur côté, entendent s’imposer comme un véritable acteur des affaires internationales, avec cette visite diplomatique de trois jours.
Oui, c’est vrai. Dimanche, à Oslo, les talibans ont rencontré des responsables européens, mais aussi des représentants des Etats-Unis et même des activistes afghans. Le ministre taliban des affaires étrangères Amir Khan Muttaqi souhaite “ouvrir la porte aux relations avec les pays européens”. Il espère également obtenir des Etats-Unis leur accord pour retirer des dizaines de dirigeants talibans de la “liste noire” des Nations Unies, cette liste de personnes dont les actifs financiers sont gelés.
Victoire de la droite nationaliste pro-Turquie aux élections législatives à Chypre
Terminons ce journal en nous rendant à Chypre. Ce dimanche des élections législatives avaient lieu sur l'île méditerranéenne. Un scrutin un peu particulier.
Oui, car il s'agissait d'élections en République turque de Chypre-Nord. Cet Etat autoproclamé d'un peu plus de 300 000 habitants n'est reconnu que par la Turquie depuis la partition de l'île en 1974. La Turquie présente militairement dans cette partie de Chypre et qui avait été accusée d'ingérence en 2020 lorsque c'est le candidat pro-turc Ersin Tatar qui avait remporté la présidence.
Selon les resultats publiés lundi, c'est la droite nationaliste pro-Turquie qui a remporté le scrutin.
Ce parti UBP ou Parti de l'unité nationale a obtenu 39,54 % des voix et occupe donc 24 sièges sur 50 au Parlement. Ce score obligera toutefois le parti pro-Ankara à former une coalition pour gouverner. En sachant que l'opposition dominée par le parti de gauche CTP est, elle, plus favorable à une réunification de l'île avec la partie chypriote-grecque.
Romain L'Hostis - Juliane Barboni
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Photo : Penn State University Libraries Architecture and Landscape Architecture Library