Pour cette édition, nous revenons plus longuement sur l'accord pour le Brexit et ses conséquences pour l'UE. Programme Erasmus, échanges commerciaux, droits de douane, circulation des citoyens... que contient cet accord, signé le 30 décembre dernier par les 27 Etats membres ?
L’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a été approuvé par les députés britanniques et les 27 États membres mercredi 30 décembre. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cet accord qui scelle la sortie définitive du Royaume-Uni d’une Union dont il faisait partie depuis 1973 ?
Oui même si le Royaume-Uni est officiellement sorti de l’Union européenne début 2020, on pouvait avoir l’impression que le pays en faisait encore partie parce que nous étions dans une période de transition avant que les deux ne s’accordent sur un traité de sortie. C’est ce qui vient d’être fait après des mois de tergiversations et de blocages.
L’élément majeur de cet accord concerne l’économie et les échanges commerciaux entre les deux parties. Alors qu’un no deal faisait courir le risque d’un désastre économique dans un contexte déjà particulièrement plombé, l’accord trouvé de haute lutte, permet de garantir l’absence de droits de douane et de quotas pour la grande majorité des flux de marchandises.
Cependant les entreprises devront se plier à des démarches administratives ainsi que des tests sanitaires pour les produits agroalimentaires. Evidemment ces mesures vont engendrer un coût supplémentaire pour les entreprises et une surcharge de travail pour les douaniers des deux côtés de la frontière.
Ces mesures s’appliquent-elles aussi à la frontière qui sépare l'Irlande du Nord qui, rappelons-le, fait partie du Royaume Uni, et la République d’Irlande, au sud, état membre de l’UE ?
Beaucoup redoutaient effectivement le retour des contrôles aux frontières séparant les deux Irlande, craignant une escalade des violences dans une région marquée par un conflit qui est encore dans toutes les mémoires. Un conflit qui n’a pris fin que récemment, en 1998.
Mais l’accord semble avoir permis de déminer ce dangereux dossier : Au contraire du reste du Royaume-Uni, l'Irlande du Nord continuera d'appliquer les règles douanières européennes. La frontière douanière est de fait déplacée en mer d’Irlande, ce qui sépare en quelque sorte l’Irlande du Nord du reste du Royaume-Uni, une décision qui n’a d’ailleurs pas manqué de susciter des crispations.
Est-ce que cet accord change la donne pour les simples voyageurs ? Qu'en est-il pour les Britanniques et les Européens souhaitant voyager entre les deux pays ?
Sans surprise, cet accord signe la fin de la libre circulation des Européens au Royaume-Uni et inversement. Pour les courts séjours , la procédure ne change pas vraiment même si, par exemple, la carte européenne d'assurance maladie ne sera plus valable outre-Manche. En revanche, l'installation des Européens au Royaume-Uni et des Britanniques dans l'UE sera bien plus compliquée. Par exemple, il faudra justifier de ressources financières importantes, d'un niveau de langue, ou encore d'une assurance maladie pour demander à s’installer.
A une exception près cependant car ces restrictions à l’entrée en territoire britannique ne s’appliqueront pas aux voyageurs Irlandais ?
En effet, les irlandais peuvent circuler librement, de même que les britanniques vers l’Irlande. Après l'Indépendance de la République d'Irlande en 1922, les deux pays ont conclu un accord de libre circulation, le Common Travel Area. Celui-ci ne sera pas affecté par l’accord de sortie.
Restons en Irlande, où le gouvernement de Dublin a d’ailleurs proposé de compenser une des conséquences de cette sortie britannique de l’Union en offrant de financer les bourses des étudiants nord-Irlandais qui voudraient partir en Erasmus même si ce programme leur est désormais théoriquement fermé.
Oui, l’accord de sortie britannique de l’Union acte l’abandon du programme Erasmus que le premier ministre a jugé trop coûteux pour les finances britanniques. Les étudiants d’Irlande du Nord sont pénalisés mais son voisin du sud a décidé de financer les bourses des étudiants de cette région afin qu’ils puissent partir en séjour en Europe.
Une des nombreuses conséquences du Brexit c’est donc que le Royaume-Uni sort donc du programme Erasmus+. Le pays aurait t’il pu rester partie prenante de ce programme malgré son départ de l’Union ?
Tout à fait, à l'instar de pays non-membres comme la Norvège, la Turquie ou encore l'Islande, Londres aurait pu continuer sa participation au fameux programme d’échange mais ce ne sera finalement pas le cas.
Rappelons quelques chiffres : le pays a accueilli en 2019 environ 150 000 étudiants en provenance de l’Union européenne, un chiffre impressionnant même si, en nombre absolu, l'île accueille bien plus d'étudiants non européens.
L’argument central du gouvernement britannique dans cette décision était que le pays accueillait plus d’étudiants européens qu’il n’en envoyait et de fait, seuls 0,7% des étudiants britanniques partent à l’étranger, et choisissent principalement des pays hors Erasmus.
Un choix officiellement dicté par des considérations économiques mais qui pose questions : la directrice de l'agence Erasmus + France, a ainsi rappelé "que les jeunes qui s’installent à l’étranger consomment et contribuent à la vie économique”. L’organisation Universities UK a pour sa part calculé que le Royaume-Uni engrangeait 270 millions d'euros par an grâce à Erasmus.
Sans parler enfin de l’inévitable perte de diversité et de talents qui contribuent au rayonnement académique du Royaume-Uni dans le monde.
Les étudiants européens pourront-ils malgré tout toujours étudier au Royaume Uni ?
Tout à fait, mais cela deviendra très coûteux. Les étudiants européens devront s’acquitter de frais de scolarité élevés, réservés à une élite, mais rien n'exclut que les universités et les écoles s’accordent entre elles pour proposer des échanges entre l'Île et le continent.
Terminons enfin par une initiative de la Région Bruxelloise expliquée par le journal belge Le Soir.
Oui, depuis le 1er Janvier, la grande majorité des rues bruxelloises sont limitées à 30km/h. Cette mesure tente de rendre la ville moins bruyante, plus sûre et moins polluée.
En effet, selon l’institut belge pour la sécurité Vias, la probabilité de mourir d’un choc avec une voiture roulant à 50 km/h est cinq fois plus élevée qu’à 30 km/h. Par exemple, la ville d'Helsinki en Finlande, où la majorité de la ville est à 30 km/h, a célébré en 2019 la première année sans décès de piétons, alors qu’on en comptait une vingtaine par an dans les années 80.
Enfin, selon la région bruxelloise, rouler à 50km/h émet en moyenne deux fois plus de bruit qu’à 30 km/h. L’initiative pourrait aussi permettre de favoriser l’usage du vélo, jugé trop marginal comparé à d’autres villes européennes.
crédits photo: Tumisu