L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Vers une normalisation des relations entre la Turquie et l'Arménie ?
- L’Autriche épinglée par la Cour de Justice européenne
- L'actualité du Comité européen des régions : Henriette Reker, maire de Cologne, lauréate du premier prix Pawel Adamowicz
Vers une normalisation des relations entre la Turquie et l'Arménie ?
Commençons ce journal en évoquant l’éventuelle normalisation des relations entre la Turquie et l’Arménie. Pour rappel, Ankara et Erevan ne partagent aucune relation diplomatique ou commerciale depuis des décennies. Une situation qui pourrait-être amenée à changer après l’organisation de discussions entre les deux pays à Moscou vendredi dernier.
Effectivement, vendredi 14 janvier, des émissaires de la Turquie et de l’Arménie ont pris part à une première tentative de pourparlers, organisée par la Russie. Malgré un accord conclu en 2009 entre Ankara et Erevan, ce dernier n’a jamais été ratifié. La réunion de vendredi dernier, qui s’est déroulée dans une atmosphère positive selon les émissaires des deux pays, constitue donc la première étape d’un processus de normalisation des relations entre la Turquie et l’Arménie.
Quels obstacles pourraient bloquer un tel processus Juliane ?
Eh bien, tout d’abord le refus catégorique de la Turquie de reconnaitre le génocide des Arméniens perpétré sous l’Empire Ottoman entre 1915 et 1923, est jugé inacceptable pour une grande partie de la population arménienne. De plus, durant le conflit qui s’est déroulé dans le Haut-Karabakh en 2020, Ankara a apporté un soutien militaire décisif à l'Azerbaïdjan, tout en accusant l’Arménie d’occuper son territoire. Des litiges politiques qui semblent difficiles à surmonter.
Pourtant les deux capitales se sont récemment montrées de plus en plus ouvertes au dialogue.
Oui c’est vrai ! Le 13 janvier, Ankara a notamment donné son accord à la compagnie aérienne Flyone Armenia pour effectuer des vols bi-hebdomadaires entre Erevan et Istanbul. Tandis que de leur côté les autorités arméniennes ont décidé de ne pas prolonger l’embargo en vigueur sur l’import de marchandises turques dans le pays. Des signes encourageants qui doivent maintenant se concrétiser à l’issue des pourparlers lancés par Moscou.
Ces discussions semblent néanmoins heurter une partie des Arméniens
En effet, certains déplorent “l’esprit de défaite” de l’émissaire arménien appelé à négocier avec son homologue turc et craignent qu’il renonce à faire reconnaitre le génocide commis par la Turquie. De plus, certains soulignent le caractère opportuniste de la politique d’Erdogan vis-à-vis de l’Arménie. En effet, le rétablissement progressif des relations commerciales entre les deux pays intervient alors que la Turquie est en proie à une forte crise économique, depuis plusieurs mois déjà.
L’Autriche épinglée par la Cour de Justice européenne
Continuons ce journal en nous tournant vers l’Autriche, épinglée hier par la Cour de Justice européenne à propos de sa politique de naturalisation des ressortissants de l’Union européenne. Un arrêt rendu par la Cour après qu’une citoyenne estonienne se soit retrouvée de facto apatride, face au refus des autorités de lui accorder la nationalité autrichienne. Comment en est-on arrivé là ?
Tout a commencé en 2014, après que les autorités autrichiennes aient assuré à cette citoyenne estonienne l’obtention de sa naturalisation, à la condition qu’elle renonce à sa nationalité d’origine. Condition que cette jeune femme a promptement remplie avant que l’Autriche ne décide finalement de faire marche arrière et de lui refuser la nationalité initialement promise, la rendant donc apatride.
Comment expliquer un tel retournement de situation ?
Les autorités autrichiennes ont justifié ce refus en évoquant deux infractions mineures au code de la route dont s’était rendue coupable la jeune femme. Sur la base de ces incidents, le pays a conclu qu’elle ne remplissait plus les conditions nécessaires d'obtention de la citoyenneté en vertu du droit national.
Une situation qui contrevient à la convention européenne sur la nationalité de 1997 qui souligne que “l’apatridie” doit à tout prix être évitée par les Etats membres. En conséquence, quelles sont les conclusions de la Cour de Justice européenne vis-à-vis des autorités autrichiennes ?
La Cour a tout d’abord établi que les infractions au code de la route commises par la plaignante donnent lieu à une simple amende selon le droit autrichien et qu'elles ne sauraient donc justifier le refus d’une demande de naturalisation. De plus, elle enjoint les autres Etats membres de ne pas accéder à une demande de déchéance de nationalité avant que l’adoption d’une nouvelle nationalité ne soit officiellement acquise.
Le Comité européen des régions et le prix Pawel Adamovicz
Concluons cette édition en revenant sur l’activité du Comité européen des régions. Cette assemblée consultative réunissant 329 élus des territoires de l’Union européenne a décerné vendredi dernier le prix Pawel Adamowicz à l’actuelle maire de Cologne. Que récompense cette distinction ?
Créé en 2019, ce prix récompense “le courage et l’excellence en matière de promotion de la liberté, de la solidarité et de l’égalité”. Il est décerné à un élu local en l’honneur de Pawel Adamowicz, maire de la ville polonaise de Gdansk. Fervent défenseur de la cause des migrants et de leur inclusion dans la société, il a été assassiné dans l’exercice de ses fonctions, en raison de son combat politique.
Cette année c’est donc Henriette Reker, la maire de Cologne, qui a reçu ce prix.
Le jury du prix a décidé de reconnaître le dévouement sans faille de Henriette Reker et son travail pour promouvoir la tolérance, l’inclusion, l’intégration et la non-discrimination des citoyens issus de l’immigration dans sa ville, tout en luttant contre les discours de haine et la xénophobie. Henriette Reker qui a également été victime d’une tentative d’assassinat. Elle, a survécu à une attaque au couteau qui a failli lui couter la vie, revendiquée par un militant xénophobe en octobre 2015.
L’objectif pour le Comité européen des régions est donc de mettre en avant les accomplissements concrets des élus locaux en faveur de la promotion de la démocratie et de l’égalité.
En effet, et c’est vrai qu’en ce qui concerne l’immigration par exemple, les villes et leur maire sont souvent les premiers concernés en ce qui concerne l’accueil des réfugiés sur le territoire national. C’est pourquoi, ce prix est présenté en collaboration avec le réseau ICORN, un réseau international des villes offrant un refuge aux migrants. Une organisation qui tenait à cœur de Pawel Adamowicz, et dont sa ville a rejoint le réseau dès 2017.
Thomas Kox - Juliane Barboni
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Photo : European Committee of the Regions