L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Première visite en France du chancelier allemande Olaf Scholz
- La Croatie bientôt membre de l'espace Schengen
- La Bosnie renoue avec des tendances sécessionnistes
Première visite en France du chancelier allemande Olaf Scholz
En ce début de semaine, commençons par évoquer la visite en France du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz vendredi 10 décembre. Un symbole pour celui qui s’était engagé lors de sa campagne électorale à réserver son premier voyage officiel à son homologue français.
Oui, ce premier déplacement réservé à la France est un témoignage de l’importance que le nouveau chancelier allemand donne au couple franco-allemand. Alors que la France se prépare à occuper la présidence du Conseil de l’UE dans les prochains mois, le Chancelier allemand affiche lui aussi un engagement européen important. Après sa visite auprès du président français, Olaf Scholz s’est entretenu avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et avec le président du Conseil européen Charles Michel.
Sur quoi ont porté les discussions avec le président français Emmanuel Macron ?
Elles ont notamment porté sur les enjeux énergétiques, et tout particulièrement sur la question du nucléaire : de par ses faibles émissions de CO2, l’énergie nucléaire est privilégiée par le gouvernement français pour atteindre les objectifs du Green deal européen, à savoir la neutralité carbone en Europe. Mais l’Allemagne n’est pas de cet avis, et préfère miser sur le gaz naturel.
Un positionnement pro gaz naturel de l’Allemagne qui suscite quelques crispations alors que le gazoduc Nord Stream 2 est en passe d’être mis en service.
Oui, le gouvernement dirigé par Angela Merkel avait choisi de poursuivre les travaux de mise en service du pipeline russe malgré les vives tensions entre les capitales européennes et Moscou. Mais désormais la nouvelle ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock s'est plusieurs fois montrée sceptique au cours des dernières semaines face à ce gazoduc qui pourrait renforcer la dépendance de Berlin à l’égard de Moscou sur le plan énergétique.
La Croatie bientôt membre de l'espace Schengen
Dirigeons-nous maintenant vers la Croatie. Huit ans après son entrée dans l’Union européenne, le pays vient de passer jeudi 9 décembre un accord avec le Conseil de l’UE pour préparer son intégration à l’espace Schengen.
Le Conseil de l’UE qui rassemble les gouvernements des Etats-membres a considéré jeudi dernier que Zagreb “remplit les conditions nécessaires” pour rejoindre les 26 pays déjà membres de l’espace Schengen. C'est à dire une zone sans contrôles intérieurs sur les marchandises comme sur les personnes.
Sont membres de cet espace tous les pays qui ont mis en œuvre l’accord puis la Convention de Schengen, datant respectivement de 1985 et 1990.
Aujourd’hui, 5 Etats-membres de l’UE n’en font pas partie : outre la Croatie, il s’agit de la Bulgarie, la Roumanie, Chypre ainsi que l’Irlande. À noter aussi que 4 pays qui ne font pas partie de l’UE sont membres de l’espace Schengen : la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.
En ce qui concerne la Croatie, un dernier vote du Conseil de l'UE sera nécessaire pour autoriser la levée des contrôles aux frontières intérieures et dans le même temps le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’espace Schengen, ce qui concerne la Croatie.
Sur ce dernier point, la Croatie sera attendue au tournant, alors que les dénonciations de violence et opérations de refoulements de migrants par les garde-frontières croates se multiplient. Par conséquent, l’appartenance de la Croatie à Schengen incitera les forces de l’ordre du pays à davantage de transparence, car l’Etat s’engage à partager plus d’informations avec le Système d’information Schengen (SIS), et avec des agences de l’UE comme Europol.
La Bosnie renoue avec des tendances sécessionnistes
Cette semaine dans le cadre de la “semaine Bosnie” sur Euradio, terminons ce journal en revenant sur une réunion exceptionnelle qui a eu lieu vendredi 10 décembre au Parlement de la République serbe à Banja Luka, une des entités qui forment la Bosnie-Herzégovine.
Oui, la Bosnie-Herzégovine est une fédération composée de la République serbe et de la Fédération croato-bosniaque, lesquelles sont représentées dans une présidence tripartite. Or, le représentant serbe de cette présidence tripartite Milorad Dodik, connu depuis longtemps pour ses très vives accusations sur l’Etat central bosnien, annonce qu’il va œuvrer à ce que la partie serbe de la Bosnie quitte la majorité des institutions communes du pays. Vendredi, une réunion du Parlement de la République serbe a donc été organisée afin d’acter ce projet en véritable texte législatif.
Milorad Dodik affirme vouloir “revenir à l’accord de paix de Dayton”. Qu’est-ce que cela signifie ?
En disant cela, Milorad Dodik souhaite retrouver la structure politique stipulée par cet accord de paix signé en 1995, des accords imposés par la communauté internationale pour en finir avec la guerre. L'accord prévoyait une Bosnie dotée d’un Etat central très faible. Milorad Dodik conteste le renforcement de cet état central au fil du temps sous notamment l’impulsion de Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine, un haut représentant doté de pouvoir législatifs.
D’ailleurs c’est une décision du précédent Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine Valentin Inzko qui a servi de prétexte à cette crise politique.
En effet, ce n’est pas un hasard si Milorad Dodik appelle la partie serbe à quitter les institutions communes de Bosnie depuis cet été. Au mois de juillet, le Haut représentant Valentin Inzko, exaspéré par la glorification de certains criminels de guerre dans la partie serbe, a édité un décret interdisant cette glorification de ces personnes, ou encore de nier l’existence du génocide de Srebrenica.
La décision de vendredi dernier fait désormais craindre une sécession de cette partie serbe de la Bosnie.
Effectivement, 30 ans après le conflit en ex-Yougoslavie, qui a causé la mort de 100 000 personnes et généré 2 millions de réfugiés, voilà que la Bosnie renoue avec des tendances sécessionnistes. Même s’il assure qu’il respectera l’accord de paix, Milorad Dodik a déclaré se préparer à mener la République serbe “vers une indépendance de facto”. De son côté, le nouveau Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine l’allemand Christian Schmidt a déclaré en octobre que la Bosnie fait face “à la plus grande menace existentielle de l’après-guerre”, avec un risque “très réel” de conflit entre les communautés bosno-serbes et bosno-croates.
Romain L'Hostis - Ulrich Huygevelde
Photo : France Diplomatie - MEAE
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