Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 26 novembre

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 26 novembre

Victoire symbolique des écologistes européens dans l'affaire BlackRock ; la Suède appelle l'Iran à épargner Amhadreza Djalali, un universitaire irano-suédois condamné à mort pour espionnage et dont l'exécution serait imminente ; politique migratoire, les pays du Sud de l'Europe demandent plus de soutien de la part de la Commission après l'adoption du nouveau pacte migratoire en septembre dernier.

Les écologistes européens remportent une victoire symbolique ! Mercredi, le Médiateur européen a achevé une enquête importante. Il avait été saisi pour étudier l’octroi d’un marché public européen à la société BlackRock. Cette entreprise est spécialisée dans la gestion d’actifs financiers. Elle avait été désignée par l’UE pour la conseiller en matière de finance verte. Mercredi, le Médiateur a considéré qu’il y avait un conflit d’intérêts évident. Un sérieux rappel à l’ordre à l’égard des institutions !

En effet, c’est un camouflet pour la Commission européenne. Rappelons-les faits. BlackRock est une multinationale américaine, aujourd’hui le plus grand gestionnaire d’actifs financiers au monde. En avril dernier, la multinationale a été choisie pour conseiller la Commission sur l’intégration des objectifs environnementaux dans la régulation bancaire.

Craignant un conflit d’intérêt, l’ONG Change Finance Coalition et deux eurodéputés écologistes ont porté plainte devant le médiateur européen. Philippe Lamberts et Damien Carême, respectivement belge et français. Philippe Lamberts a dénoncé vertement ce partenariat, BlackRock étant un investisseur majeur dans le secteur pétrolier. Il a déclaré, je le cite, « c’est comme si Coca-Cola avait été désigné comme conseiller à l’alimentation saine ».

Le Médiateur européen est un organe indépendant et impartial. Il enquête notamment sur les cas de mauvaise administration des institutions européennes. C’est une ancienne journaliste irlandaise, Emily O’Reilly, qui préside l’organe. Quelles ont été les conclusions de la médiatrice ?

La Médiatrice a conclu qu’il y avait un risque réel de conflit d’intérêts. En effet, BlackRock peut utiliser sa position pour orienter la législation européenne en sa faveur. La médiatrice a également souligné le prix exceptionnellement bas demandé par BlackRock pour cette mission. Éventuellement, une manière d’influencer le processus de décision.

La Médiatrice n’a pas conclu à une mauvaise application des règles. Elle conclut néanmoins que celles-ci ne sont pas assez rigoureuses ni assez claires pour éviter de tels conflits d’intérêts. Elle en appelle donc au législateur européen, c’est-à-dire, la Commission.

Les conclusions de la médiatrice ne sont pas juridiquement contraignantes et le contrat ne peut être annulé. Néanmoins, cela constitue une victoire symbolique pour les eurodéputés écologistes. De son côté, la Commission maintient avoir appliqué les règles de manière stricte.

Intéressons-nous maintenant au cas de Ahmadreza Djalali. Cet universitaire irano-suédois est détenu depuis plusieurs années en Iran pour espionnage. En octobre 2017, il est condamné à mort par un tribunal iranien. Selon sa femme, interviewée mardi par la télévision suédoise, son exécution serait imminente. La Suède a donc appelé l’Iran à faire marche arrière !

Tout à fait ! Mardi, la ministre suédoise des affaires étrangères, Ann Linde, a appelé l’Iran à épargner Djalali. Il s’agit d’un médecin iranien qui travaillait au sein d’une faculté de médecine à Stockholm. Il était également professeur invité au sein d’une université bruxelloise. C’est pourquoi la Belgique s’est joint à cet appel à la clémence.

Il a été arrêté lors d’un retour dans son pays d’origine, en avril 2016. En 2017, un tribunal l’a reconnu coupable d’avoir collaboré avec le Mossad, les services de renseignements israéliens. Affirmation qu’il a toujours nié. Il a été condamné à mort. Amhadreza Djalali affirme avoir été condamné pour avoir refusé d’espionner pour le compte de Téhéran. En signe de soutien, la Suède lui avait octroyé la nationalité suédoise en 2018.

Pouvez-vous nous dire quelle a été la réaction des autorités iraniennes ? Le cas d’Amhadreza Djalali cause depuis 2016 une forte réaction dans la communauté internationale, notamment en raison des traitements dégradants dont il fait l’objet.

Oui, les autorités nient l’imminence de son exécution et dénoncent l’ingérence de la Suède. Les autorités en ont fait un exemple. En 2017, la chaîne de télévision d’Etat avait diffusé une vidéo de Djalali qui confessait ses crimes. Confession obtenue selon ses avocats sous la torture. Durant les premiers mois de sa détention, il n’a pas eu accès à un avocat. Depuis le début de sa détention en 2016, ses conditions d’emprisonnement sont terribles. Sa famille est régulièrement menacée et fait l’objet de pressions. Depuis son arrestation, l’ONU, l’Union européenne, Amnesty international et de nombreuses universités se sont insurgés face à sa condamnation.

Les autorités iraniennes sont, pour le moment, restées sourdes face à ces pressions.

Terminons en évoquant la migration ! Quatre pays européens demandent davantage de soutien de la part de l’Union européenne. En cause notamment le nouveau pacte pour la migration adopté en septembre dernier. Les pays du Sud ont du mal à gérer l’afflux de réfugiés et ils le font savoir !

En effet, l’Espagne, l’Italie, la Grèce et Malte interpellent la Commission européenne dans une lettre commune. Ils affirment que la répartition équitable de la gestion des réfugiés est primordiale. Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, a déclaré que les flux migratoires pourraient un jour toucher d’autres pays. Un appel du pied, d’une certaine manière, aux Etats membres qui refusent d’accueillir des réfugiés.

La Commission européenne est dans une position difficile. D’un côté, les pays du Sud trouvent le nouveau pacte migratoire incomplet. De l’autre, certains pays d’Europe centrale et orientale notamment le considèrent trop contraignant. Le pacte prévoit un mécanisme de solidarité obligatoire mais seulement en cas de forte pression migratoire. Une option jugée insuffisante par les pays du Sud. Le pacte devrait entrer en vigueur en 2022.

Victor D’Anethan – Thomas Kox

crédits photo: Cancillería Ecuador, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons