Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 2 mars

Aujourd'hui en Europe - Mardi 2 mars

Vaccination anti-covid : face aux retards, plusieurs pays se tournent vers des vaccins extra-européens ; l'UE inaugure son Bureau du procureur général européen ; pressions sur le gouvernement français pour le rapatriement de familles de djihadistes bloquées en Syrie ; une plainte déposée contre l'application chinoise TikTok.

Pour faire face aux retards, plusieurs pays se tournent vers des vaccins extra-européens

Commençons par un mot sur l’actualité sanitaire. La République Tchèque vient d’annoncer avoir demandé à la Russie de lui livrer des doses du vaccin Spoutnik V, malgré le fait que ce vaccin ne soit pas encore validé par l’Agence européenne des médicaments (EMA).

En effet le président tchèque Milos Zeman a confirmé l’avoir demandé au président russe Vladimir Poutine. Le Premier ministre Andrej Babis n’y était pas favorable mais vient de changer d’avis, et a déclaré “ ne plus pouvoir attendre l’EMA”. De fait, à cause d’une vague de contagions dues au variant britannique du Covid-19, le pays affiche le pire taux d’incidence de l’UE.

Les vaccins sont aujourd’hui parmi les produits les plus demandés sur la planète, et certains pays comme la Russie ou la Chine s’en servent pour étendre leur influence géopolitique.

Oui la Tchéquie n’est pas la seule, loin s’en faut, à s’intéresser aux vaccins extra-européens. La Hongrie utilise elle aussi le Spoutnik russe, et depuis le 24 février celui du laboratoire chinois Sinopharm. La presse slovaque a de son côté récemment alerté ses lecteurs contre la désinformation pratiquée par la Russie. Celle-ci publie des articles affirmant que l’Agence européenne des médicaments a autorisé le vaccin Spoutnik, alors que ce n’est pas le cas. 

Plus récemment c’est Israël qui a adopté ouvertement cette stratégie de diplomatie du vaccin en tentant d’en tirer des avantages politiques.

Oui, mardi 23 février, Isräel vient de donner 5000 doses du vaccin Moderna à la République Tchèque après que celle-ci ait décidé d’ouvrir un bureau diplomatique à Jérusalem. La stratégie semble être efficace auprès de plusieurs pays : parmi les bénéficiaires, le Guatemala a déplacé l’année dernière son ambassade à Jérusalem. En échange de vaccins, le Honduras a l’intention de faire de même. 

Une attitude qui fait cependant grincer car Israël, généreux avec certains pays, ne distribue seulement qu’au compte-goutte les vaccins aux Palestiniens.

Inauguration du Bureau du procureur général européen (EPPO), nouvelle instance de l'UE

Poursuivons ce journal avec l’entrée en fonction officielle depuis lundi 1er mars d’une nouvelle instance de l'UE, c'est le parquet européen. Quelles seront les missions de cette institution ? 

De son nom complet Bureau du procureur général européen (EPPO), cette nouvelle instance judiciaire a été lancée après près de 25 ans de réflexion. Le parquet est chargé de lutter contre les infractions financières. Qu’il s’agisse de corruption, blanchiment d’argent, ou de fraude à la TVA, ces détournements représenteraient plus de 200 milliards d’euros qui n’entrent pas dans les caisses de l’UE. 

Grâce à sa capacité d’ouvrir des enquêtes dans plusieurs pays, le parquet européen vient en complément des autorités nationales, en instruisant les affaires transfrontières puis en renvoyant les auteurs d’infraction devant les juridictions nationales. Pourtant le parquet européen ne fait pas l’unanimité.

Oui, seuls 22 des 27 Etats de l’UE ont rejoint l’institution. La Hongrie, la Pologne, la Suède, l'Irlande et le Danemark se sont abstenus. Le parquet a également subi des résistances contre la nomination à sa tête de Laura Codruta Kövesi. Cette personnalité roumaine connue pour son caractère énergique s’est distinguée à la Direction nationale anticorruption (DNA) dans son pays en contribuant à l’inculpation de l’ex-homme fort de Roumanie Liviu Dragnea. Le précédent gouvernement roumain avait d’ailleurs tout fait pour l’empêcher d’arriver à la tête de cette nouvelle institution, jusqu’à l’accuser elle-même de corruption. 

Le parquet est donc entré en fonction, mais plusieurs défis importants l’attendent.

En effet, le parquet européen devra composer avec des procédures pénales très différentes selon les pays. Laura Codruta Kovesi a aussi déclaré s’attendre à recevoir près de 3000 enquêtes, ce qui risque de provoquer des lenteurs dans le travail de la nouvelle instance anti-corruption. Enfin, à l’avenir le Parquet européen pourrait voir ses prérogatives s'accroître en intégrant les affaires de terrorisme.

Pressions sur le gouvernement français pour le rapatriement de familles de djihadistes bloquées en Syrie.

Retournons en France, le gouvernement est de nouveau placé face à la question des familles des djihadistes toujours en Syrie. Devant les réactions hostiles à un projet de rapatriement massif il y a deux ans, le gouvernement français avait préféré attendre. Mais depuis fin février, certaines femmes ont commencé une grève de la faim pour demander leur retour en France, ainsi que pour leurs enfants. 

En effet, mais à l’exception de la Finlande, les pays européens ne veulent pas d’un rapatriement global. En France, le gouvernement est le seul décisionnaire sur ce dossier, et il ne s’est pas encore exprimé sur le sujet. Pourtant, dans une lettre ouverte, le sénateur français Pierre Laurent rappelle que “la situation à l’intérieur des camps ne cesse de se détériorer”, et samedi 27 février un incendie dans l’un des camps a causé la mort d’une femme et de trois enfants.

Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU s’est prononcé pour un rapatriement, et la Cour de justice de la République française a reçu une plainte pour “omission de porter secours”. La Cour européenne des droits de l’homme doit prochainement audiencer un cas.

Une plainte déposée contre l'application TikTok

Terminons ce journal par la plainte qu’ont déposé des associations de consommateurs européens contre TikTok, l’application chinoise de partage de vidéos.

Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) est une fédération de 43 associations de consommateurs issues de trente et un pays européens, qui comprend par exemple les associations UFC-Que-Choisir ou Test Achats. L’organisme de consommateurs a alerté les autorités nationales de défense des droits des consommateurs et va également saisir la Commission européenne pour qu’une enquête soit menée sur les règles qui encadrent l’action du géant chinois. 

Le Bureau dénonce le fait que les Conditions générales d’utilisation de l’application TikTok soient volontairement rendues imprécises et floues. 

En effet, ces Conditions générales seraient toujours à l’avantage de TikTok et au détriment du consommateur. Elles constitueraient de l’exploitation de mineurs selon les associations de consommateurs. Les utilisateurs souvent très jeunes sont incités à faire des vidéos pour promouvoir des marques commerciales, dans l’espoir d’obtenir une récompense. Enfin le Bureau des unions des consommateurs reproche à TikTok de manquer de transparence et de “surexploiter” les données personnelles des utilisateurs, contrairement à ce que demande le Règlement général sur la protection des données (RGPD). 

Thomas Kox - Romain L'Hostis

Tous les journaux "Aujourd'hui en Europe" sont disponibles ici

Image : Frauke Riether