L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Des milliards de téléspectateurs ont suivi les obsèques d'Elizabeth II
- L'Arménie et l'Azerbaïdjan continuent de se disputer le Haut Karabakh
- 12 ONG environnementales ont lancé une procédure juridique contre la décision de l’Union européenne d’inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie verte.
Des milliards de téléspectateurs à travers le monde ont suivi lundi les funérailles de la reine Elizabeth II.
La reine d’Angleterre a quitté ce monde le jeudi 8 septembre à l’âge de 96 ans et après sept décennies de règne. Plus de cinq cent dignitaires internationaux dont bien sûr la totalité des monarques européens se sont rendus à Londres ce lundi pour suivre les obsèques de la reine.
Symbole d’un pays, la souveraine a impressionné le monde par sa longévité et par sa popularité.
Absolument, à la différence d’autres monarchies européennes, la reine d’Angleterre jouissait d’une popularité difficilement égalable. Bien qu’elle n'assure qu’un rôle cérémoniel et diplomatique, celle qui était aussi cheffe du Commonwealth, des armées mais aussi de l’Eglise anglicane était très appréciée des Britanniques.
Vous parliez justement de monarchies européennes, sont-elles encore nombreuses dans l’Union européenne ?
Il existe actuellement six monarchies au sein de l’Union européenne (Belgique, Danemark, Espagne, Luxembourg, Pays-bas, Suède). Ces monarchies ont toutes évolué vers des modèles constitutionnels modernes qui ont laissé au souveraine/souveraine des pouvoirs limités, d’ordre symbolique et (surtout) représentatif.
Qui sont les monarques qui remplissent toujours des fonctions politiques ?
Compte tenu des crises politiques récurrentes auxquelles le royaume est confronté, le roi y garde un rôle important lors des formations de gouvernement, désignant les formateurs et testant de possibles coalitions. Cependant en dehors de ce rôle, ses actions sont limitées car elles doivent être préalablement validées par le gouvernement. Le roi des Pays-Bas exerce également plusieurs fonctions : il consigne les lois, signe des arrêtés royaux et nomme le Premier ministre. Il peut également dissoudre le Parlement sur demande du chef du gouvernement.
À l'inverse, les rois de Suède ou d’Espagne n’ont plus ou quasiment plus de pouvoir.
Absolument depuis 1975, le roi de Suède n’a plus qu’un rôle cérémoniel et ne détient aucun pouvoir politique. Tout comme le roi d’Espagne qui n’exerce plus qu’une fonction représentative et symbolique. On avait vu cependant s’exprimer Felipe VI avec véhémence lors de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, une expression qui avait peut-être joué un rôle dans l’échec de cette tentative.
Un conflit oppose toujours l’Arménie à l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh. Pouvez-vous nous expliquer l’historique de ce contentieux ?
Commençons par un peu de géographie, le Haut-karabakh est une terre disputée à l’intérieur même de l'azerbaïdjan. Ce territoire enclavé est majoritairement peuplé d’Arméniens. Le conflit entre Bakou et Erevan pour le contrôle de cette région remonte à la fin des années 1980, alors que les deux pays faisaient encore partie de l’Union soviétique. Occupée depuis 1994 par les Arméniens, cette région a été le théâtre d’une guerre courte, 44 jours, mais particulièrement sanglante en 2020.
Des affrontements qui se sont soldés par une victoire de l’armée azerbaïdjanaise qui avait bénéficié d’un soutien appuyé de son allié turc. L’accord de cessez-le-feu conclu le 10 novembre 2020, sous l’égide du Kremlin, a donné le contrôle d’une large partie du Karabakh à Bakou, et le cessez-le-feu s’est accompagné du déploiement de soldats de la paix russes dans la zone.
Et depuis quelques jours les affrontements ont repris à la frontière entre les deux pays.
Oui effectivement Thomas, depuis mardi dernier de nombreux combats ont été rapportés entre les deux armées à la frontière, combats qui ont d’ailleurs fait plus de 170 morts. Alors que l'armée azerbaïdjanaise assure avoir riposté à des “provocations”, l’Arménie, elle, accuse l’Azerbaïdjan d’avoir attaqué et tenté de prendre une partie du territoire arménien.
Et Moscou, occupée en Ukraine, peine à contrôler la zone …
Oui La Russie a d'autres priorités, médiatrice du conflit dans le Karabakh depuis 2020, elle peine à imposer son rôle d’arbitre dans la zone. Les combats ont, d’après le gouvernement arménien, pris fin grâce à “l’implication de la communauté internationale”, mais la situation reste tout de même très tendue dans la zone.
En l’absence de traité de paix entre Bakou et Erevan il y a fort à craindre que les violences reprennent
En effet, alors que la Russie est empêtrée en Ukraine, l’UE s’est largement investie pour s’imposer en tant que médiateur. En mai dernier, et après un sursaut de tensions entre les deux pays, le président du Conseil européen Charles Michel avait déjà mis en place toute une série de discussions entre Bakou et Erevan au sujet du statut politique du Haut Karabakh, discussions qui s’étaient d’ailleurs prolongées durant l’été. Cependant, chaque nouvelle flambée de violence rend le compromis de plus en plus difficile.
Pas moins de 12 ONG environnementales ont lancé une procédure juridiquecontre la décision de l’Union européenne d’inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie verte.
Oui pour rappel, la taxonomie verte établie par l’UE, vise à classifier les activités économiques durables. Pour les ONG comme Greenpeace ou ClientEarth, l’inclusion du gaz fossile et de l’énergie nucléaire dans la liste des investissements durables constituent donc une aberration au vu de l’urgence climatique.
Selon Greenpeace, classer le gaz et le nucléaire dans les activités économiques durables va dans le sens contraire des engagements européens sur le climat.
Absolument. Dans la procédure juridique, Greenpeace rappelle que le gaz est l’une des principales causes du chaos climatique et économique d’aujourd’hui et que le nucléaire pose toujours un problème quant à la gestion des déchets radioactifs et du danger que représente un accident nucléaire. Labelliser ces sources d’énergie comme “durable” est donc considéré par les ONG comme une violation du règlement sur la taxonomie. Mais aussi de la loi européenne sur le climat ainsi que des obligations de l’Union dans le cadre de l’Accord de Paris.
Ce label vert octroyé au gaz et au nucléaire retarde également la transition écologique.
En effet Thomas, ce label est accusé d’orienter la plupart des investissements vers les centrales électriques à gaz fossiles, à défaut d’investissements dans les technologies plus écologiques comme les énergies renouvelables et la réduction de la demande.
Une procédure devant la Cour de justice de l’UE serait-elle envisageable ?
Oui Thomas, la Commission européenne dispose de 22 semaines pour répondre aux préoccupations des ONG et retirer l’acte qui permet l’inclusion du gaz et du nucléaire à la taxonomie verte. Passé ce délai, Greenpeace promet d’entamer une procédure de recours en annulation devant la Cour de justice de l’UE. L’Autriche, le Luxembourg et l’Espagne ont également annoncé qu’ils engageaient une poursuite judiciaire contre cette décision.
Thomas Kox et Felix Doladille