Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Les Etats-Unis ne réduiront leurs droits de douane sur l’acier que si l’UE accepte d’assouplir ses règles en numérique ; trop sévère ? Les Etats membres passent parfois par d’autres chemins pour leurs accords
- Réarmement européen : Macron annonce service militaire jeudi ; où en sont les autres pays d’Europe ? Allemagne récent
- Reconnaissance du mariage gay en Europe par la CJUE
On ouvre ce journal en s’intéressant au bras de fer entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Si la relation entre Bruxelles et Washington a subi des coups sévères depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, les derniers développements liés à la guerre en Ukraine et aux droits de douane n’ont pas manqué de tendre encore la relation.
Oui, malgré des discussions à Genève jugées “très constructives” par le président ukrainien concernant le plan de paix, la position des 27, totalement écartés de la rédaction de ce plan, a sidéré la plupart des capitales européennes. A commencer par le 14eme point de cette proposition, qui proposait rien de moins que de transférer les avoirs russes gelés en Belgique aux Etats-Unis et au Kremlin pour financer divers projets.
Le sort de cette somme considérable fait l’objet de nombreux débats au sein des européens, mais reste le principal moyen de pression de l’UE face à la Russie. Imaginer soustraire cette somme au contrôle de Bruxelles c’est tenter encore davantage de l’empêcher de peser sur les négociations. Le président français n’a pas manqué d’y revenir, en expliquant que c’était, je cite, “aux Européens de décider”.
En plus de tenter de minorer leur rôle dans ces négociations de paix pour l’Ukraine, autre sujet de tensions : les Etats-Unis souhaitent forcer la main des Européens sur un tout autre sujet : les régulations du numérique.
Oui, et ce par le biais d’un “deal”, pour reprendre l’expression favorite du président Trump, qui consisterait à assouplir les réglementations de l’UE dans le domaine du numérique, en échange d’une réduction des droits de douane sur l’acier et l'aluminium. C’est ce qu’a proposé le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, lundi - il avait déjà, cet été, formulé une proposition du même genre : les droits de douane de 15% imposés à l’Europe pourraient être diminués si les 27 “réévaluaient leur réglementation numérique”.
Pour rappel, depuis juin, l’acier et l'aluminium européen font l’objet de sévères droits de douane de 50% ; là où l’UE a réduit à 0% ses taxes sur la plupart des produits industriels américains
Pourquoi cet intérêt soudain pour le numérique ?
Le sujet n’est pas nouveau, mais il a trouvé une place au cœur des débats ces dernières semaines. Le 18 novembre, notamment, les dirigeants français et allemand ont affiché de grandes ambitions à l’occasion d’un sommet dédié à la souveraineté numérique de l’Europe. Ambitions qui se sont transcrites quelques jours plus tard lors du vote d’un “omnibus digital”, modifiant les réglementations à l’échelle européenne.
Bruxelles a également ouvert des enquêtes à l’encontre d’Amazon et de Microsoft, pour empêcher ces géants d’abuser de leur position dominante sur le marché de la technologie. Concrètement, elle a aussi infligé une amende de 2,95 milliards d’euros à Google pour pratiques anticoncurrentielles.
On poursuit ce journal en France, où le président Emmanuel Macron devrait annoncer, demain, l’instauration d’un service militaire volontaire. Un projet en discussion depuis plusieurs mois, qui fait notamment suite à une décision similaire de l’Allemagne.
Oui, c’était en marge du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud, Emmanuel Macron a évoqué “un monde fait d’incertitudes, de montée des tensions” et a rappelé le besoin d’une armée forte pour protéger l’Hexagone. Des propos qui font écho à un autre de ses discours, le 13 juillet, veille de fête nationale, dans lequel il soulignait la nécessité de donner “un nouveau cadre à la jeunesse au sein de nos armées”.
Dès 2026, les jeunes français âgés de 18 ans pourront ainsi rejoindre les rangs, sur base de volontariat, pour un service d’une durée approximative de dix mois. L’objectif affiché : atteindre les 50 000 volontaires d’ici 2035. Le Président devrait faire des annonces ce jeudi en Isère pour annoncer les modalités de ce nouveau projet d’engagement.
Et le cas français, Baptiste, ne fait pas figure d’exception en Europe.
Non, au contraire. En Belgique, le service militaire volontaire est également en train d’être relancé - Ce dimanche à Liège, ils étaient quelques centaines de jeunes à assister à la première réunion d’information officielle de l’armée. Les contrats doivent débuter en septembre 2026, avec un objectif de 500 jeunes au départ, pour atteindre les 1000 par an.
En Allemagne, à la mi-novembre, le gouvernement a lui aussi opté pour une conscription volontaire, avec un objectif encore plus ambitieux : atteindre les 20 000 volontaires en 2026. Un projet de loi qui doit encore être voté au parlement.
Et dans les autres pays ?
Et bien il faut savoir qu’en Europe, 10 Etats membres imposent toujours service militaire obligatoire. Les pays du Nord, notamment, puisque le Danemark, la Finlande, la Norvège, l’Estonie ou encore la Suède obligent leurs jeunes citoyens à assimiler les bases de l’armée. Pour beaucoup, ce service n’est pas obligatoire pour les femmes.
Et on termine ce journal en se penchant sur cette décision de la Cour de justice de l’Union européenne : tout Etat membre doit reconnaître un mariage homosexuel qui a été conclu légalement dans un autre Etat membre.
Oui, et ce même dans les pays qui n’approuvent toujours pas le mariage de deux citoyens du même sexe. A titre d’exemple, la Pologne doit désormais reconnaître l’union que deux personnes homosexuelles auraient conclu à Berlin. L’exemple n’est pas choisi au hasard : la Cour de justice a justement été saisie par deux Polonais mariés en Allemagne, et qui on du faire face à l’impossibilité de transcrire leur acte de mariage chez eux.
La CJUE a donc tranché : ce refus était contraire au droit européen, sous motif qu’il constitue une entrave à la liberté des citoyens concernés de circuler d’un pays à l’autre tout en jouissant de leurs droits acquis au sein de l’Union. Elle précise pour autant que la Pologne n’est pas tenue d’introduire le mariage homosexuel dans son droit national. Le pays fait parti des Etats les plus restrictifs du continent - concernant l’avortement notamment - 30 à 40 000 mariages homosexuels polonais ont été conclus à l’étranger.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.