Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 14 novembre 2025

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, voit dans le déblocage des avoirs russes gelés “la manière la plus claire de faire comprendre à la Russie que le temps ne joue plus en sa faveur” (CE - Service Audiovisuel) Aujourd'hui en Europe - 14 novembre 2025
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, voit dans le déblocage des avoirs russes gelés “la manière la plus claire de faire comprendre à la Russie que le temps ne joue plus en sa faveur” (CE - Service Audiovisuel)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Aide à l’Ukraine 
  • 90% de réduction des gaz à effets de serre européens
  • Petits colis, grandes taxes

On commence ce journal en évoquant les soutiens de l’Europe à l'Ukraine encore marquée, hier, par une campagne de bombardement massive : Ursula von der Leyen s’est exprimée sur le sujet jeudi, estimant le déficit budgétaire de la défense ukrainienne à 65 milliards de dollars.

Oui. La présidente de la Commission européenne a d’ailleurs réaffirmé sa volonté de débloquer les avoirs russes gelés, malgré les tensions que ce sujet continue de provoquer avec le gouvernement belge. Elle juge que ce « prêt de réparation » serait — je cite — « la manière la plus claire de faire comprendre à la Russie que le temps ne joue plus en sa faveur » et que l’Europe est prête à s’inscrire « dans la durée ».

Ursula von der Leyen a toutefois rappelé que deux autres pistes restent sur la table pour répondre aux besoins de Kyiv : creuser la dette européenne en créant un fonds commun, ou demander à chaque État membre de contribuer individuellement via un « accord international ».

Si la Belgique maintient pour l’instant, son refus, invoquant notamment le risque de représailles russes, la France, l’Allemagne et plusieurs pays d’Europe de l’Ouest ont, eux, réitéré leur soutien à l’idée de débloquer les avoirs gelés.

L’Europe du Nord et de l’Est se mobilise elle aussi : huit pays ont annoncé hier, conjointement, le déblocage d’une enveloppe de 500 millions de dollars en soutien à l’Ukraine.

Oui, par l’intermédiaire d’un programme mis en place par Washington et l’OTAN, qui permet d’acheter — pour 500 millions de dollars, en l’occurrence — des armes américaines destinées à l’Ukraine. Huit pays contribuent à ce financement, annoncé jeudi dans un communiqué qui qualifie l’invasion russe de « menace à long terme pour la sécurité européenne, la communauté transatlantique et l’ordre international fondé sur des règles ».

Un discours partagé par les membres du G7, réunis mercredi pour discuter, entre autres, de leur soutien à l’Ukraine.

Oui, un soutien explicitement demandé par le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Andriy Sybiha, alors que le pays traverse une situation critique sur le plan énergétique. Il s’est exprimé mercredi, jour où le Canada a annoncé de nouvelles sanctions contre la Russie, et au lendemain d’un engagement britannique de 14 millions d’euros d’aide supplémentaire.

Mais malgré leur soutien affiché, certains pays comme l’Allemagne décident de faire des coupes dans le budget consacré à l’Ukraine…

Sous prétexte d’une bureaucratie trop lourde, le ministre de l’Intérieur et la ministre du Travail allemands ont décidé de réduire les prestations versées aux Ukrainiens accueillis en Allemagne depuis le début de la guerre. La réforme s’appliquera à toutes les personnes arrivées après le 1ᵉʳ avril 2025, qui seront désormais traitées comme des demandeurs d’asile classiques. Concrètement, l’aide baissera d’environ 110 euros par mois.

Or, parmi les quelque 1,3 million de réfugiés ukrainiens présents en Allemagne, plus de la moitié dépendaient de cette allocation. Berlin, qui avait pourtant facilité leur accès au marché du travail dès le début du conflit, change ainsi de cap. Le gouvernement espère désormais atteindre les niveaux d’insertion observés en Pologne ou en République tchèque, où 65 à 70 % des réfugiés travaillent — des pays où les aides sociales sont nettement plus faibles.

On continue ce journal en évoquant la décision du Parlement européen de fixer à 90% l’objectif de réduction d’émissions de gaz à effets de serre de l’UE. Une vision ambitieuse, qui a dû être modifiée par rapport au projet initial pour plaire aux Etats membres.

Oui, le vote a été soutenu par 379 voix des eurodéputés, contre 248, et était attendu depuis longtemps, notamment par les partis écologistes du Parlement qui regrettaient de voir l’Europe divisée dans ses ambitions climatiques à l’approche de la COP 30 de Belém. l’UE prévoyait de s’y présenter avec un objectif d’ampleur, de donner l’exemple aux autres pays rassemblés pour l’occasion - elle n’avait finalement su s’accorder que sur une fourchette d’intention jugée décevante.

Et cet objectif qui avait été abandonné car jugé trop ambitieux par plusieurs Etats membres, est donc de nouveau sur la table. Mais à quel prix ?

Justement, c’est là que ça pêche. Si le projet nous rapproche de l’objectif inscrit dans le Pacte vert, dans lequel, rappelons-le, l’Europe s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 - il faut noter que ce vote a été obtenu après de nombreux compromis.

Le premier : un dispositif permettant aux européens de ne réduire que de 85% leurs émissions de gaz à effets de serre - au lieu des 90% prévu donc - en échange de projets de développement climatiques à l’internationale.  

L’Europe cofinancerait d’ailleurs ces projets, par le biais de crédits carbones, s’ils touchent aux secteurs du bâtiment, de l’agriculture, de la petite industrie, du traitement de déchets et du transport routier, mais ils ne pourront pas dépasser 5% de la trajectoire climat de chaque Etat membre.

Le dispositif a su convaincre les eurodéputés, mais il est critiqué par beaucoup d’ONG, qui y voient une forme de “délocalisation” de l’effort climatique, qui pourrait détourner les gouvernements de la gestion de leurs propres émissions.

Et on termine ce journal à Bruxelles, où se sont réunis les ministres des finances des 27 hier pour discuter des taxes sur les colis d’une valeur inférieure à 150 euros. Une avancée économique et écologique, en partie débloquée par la France. 

Oui, la Commission européenne a approuvé ce jeudi un texte indiquant qu’à partir du premier trimestre 2026, les petits colis ne seront plus exonérés de droits de douane comme c’est le cas aujourd’hui. Le sujet n’est pas nouveau, il découle de la lutte, en France, contre le site commercial chinois Shein, qui avait fait scandale ces dernières semaines lorsqu’on y avait découvert la possibilité d'acheter des poupées à caractère pédopornographique et des armes blanches légères.

Paris avait alors appelé Bruxelles à l’aide pour mieux gérer les importations liées au site - de quoi débloquer une situation depuis longtemps figée, alors que l’impact écologique et éthique particulièrement négatif de la marque Shein n’est plus à prouver. 

Et qu’est-ce que cette décision européenne implique ?

Avant d’en mesurer les effets, il faut rappeler l’ampleur du phénomène : le flux de ces petits colis n’a cessé de croître ces dernières années. On en recensait 12 millions par jour en 2024 en provenance de pays non européens — deux fois plus que l’année précédente, et trois fois plus qu’en 2022. Plus de 90 % de ces envois viennent de Chine.

La première étape a donc consisté à supprimer l’exonération de taxes dont bénéficiaient ces colis. La seconde, encore en discussion, vise à leur appliquer des droits de douane. La France plaide pour un prélèvement forfaitaire de 5 euros par paquet et se félicite, par la voix de son ministre de l’Économie Roland Lescure, d’avoir « franchi un grand pas pour la souveraineté économique de l’UE ».

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.