Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 22 Décembre

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 22 Décembre

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • L'initiative "Open Balkan", six accords signés entre l'Albanie, la Macédoine du Nord et la Serbie pour faciliter le commerce
  • Où en est-on avec l'"Europe de la santé" ?
  • L'Espagne, premier Etat membre de l'UE à prendre en compte l’ensemble des féminicides

L'initiative "Open Balkan", six accords signés entre l'Albanie, la Macédoine du Nord et la Serbie pour faciliter le commerce

Commençons notre journal en nous rendant dans les Balkans. Hier, les dirigeants de l’Albanie, de la Macédoine du Nord et de la Serbie ont signé six accords facilitant la libre circulation du commerce, des personnes et des services entre eux. Que représente ce projet pour les pays concernés ?

L’initiative “Open Balkan” est une tentative pour les pays tels que l’Albanie, la Serbie et la Macédoine du Nord de créer une intégration économique approfondie entre les pays membres, en créant un marché commun inspiré de l’espace Schengen européen. Dans une région marquée par de très lourds contentieux historiques, une coopération économique de cet ordre témoignerait de la confiance croissante des dirigeants politiques envers leurs voisins directs.

L’initiative “Open Balkan” est-elle vouée à s’élargir auprès du reste des pays des Balkans ? 

Eh bien pas pour l’instant Thomas. Malgré l’appel réitéré du président serbe Aleksandar Vucic à ses voisins, le Kosovo, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine ont tous refusé d’y participer, invoquant comme raison le refus de la Serbie de reconnaître la souveraineté du Kosovo. En outre, le parti d’opposition en Macédoine du Nord redoute qu’un projet de ce type fasse passer le message qu’il existe une autre alternative que la voie de l’intégration européenne pour les pays de la région. 

Le succès d’une telle entreprise signerait donc pour certains un échec diplomatique en vue de l’intégration des Balkans au sein de l’Union européenne. 

En effet, le dernier sommet UE-Balkans qui s’est tenu début octobre a laissé un goût amer dans la région, puisqu’aucune perspective concrète d’intégration n’a été annoncée du côté européen. Le projet d’une zone de libre-échange des Balkans est donc l’occasion pour la classe politique de répondre à une population lassée par des années de négociations, qui semblent pour une large partie de la population vaines.

Et quelle a été la réaction de l’exécutif européen à cette signature ? 

Le Commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage, Oliver Varhelyi, a accueilli très favorablement cette initiative, ajoutant que “toute coopération régionale est la bienvenue”. Le premier ministre de l’Albanie, Edi Rama, a également profité de la cérémonie de mardi dernier, pour rappeler que le projet  “Open Balkan” s’intègre au processus de Berlin, une initiative lancée en 2014 par l’Allemagne qui vise à stimuler la coopération régionale entre les Balkans occidentaux et leur future intégration européenne.

Où en est-on avec l'"Europe de la santé" ?

Continuons ce  journal en nous intéressant à l’avenir d’une “Europe de la santé”.  Une formule de plus en plus usitée depuis le début de la pandémie de COVID-19, et par laquelle les institutions européennes entendent développer une action coordonnée des États membres dans le domaine de la santé. C’était une des priorités de la présidence Slovène ces six derniers mois, quelles sont aujourd’hui les avancées autour de ce projet ? 

L'enjeu est évidemment de taille pour la présidence de l’UE. L'objectif est de se préparer à la prochaine pandémie, voire même de la prévenir. Pour cela, la création d'une autorité de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire, nommée HERA, a été l’un des principaux chantiers du conseil de l’UE ces derniers mois. Cette agence a pour but de  renforcer la capacité de l’Europe à prévenir et répondre rapidement aux urgences sanitaires, tant à l’échelle européenne que nationale. 

Lundi dernier le Conseil est d’ailleurs parvenu à un accord politique concernant le règlement de cette agence. 

Oui, l’agence HERA aura les moyens de prendre des mesures, je cite, “urgentes et ciblées” lors de crises sanitaires dans l’UE. Concrètement, elle pourra par exemple  réquisitionner l’utilisation d’infrastructures industrielles afin de produire davantage de vaccins et de médicaments. Le Conseil prévoit également la création d’un sommet de gestion de crise sanitaire  ainsi que la mise en place de mécanismes de surveillance rapides au sein des Etats membres. 

Un projet qui fait grincer des dents au sein du Parlement européen. 

Contrairement aux attentes de certains parlementaires, l’agence HERA ne sera pas une agence autonome. "Il ne s'agit pas d'une agence, mais d'une unité administrative au sein de la Commission" a par ailleurs déclaré l'eurodéputé allemand Tiemo Wölken du groupe des socialistes. Elle sera en effet hébergée par la Commission, et ses actions ne seront pas soumises à l’approbation du Parlement. Une déception pour bon nombre de parlementaires.

L'Espagne, premier Etat membre de l'UE à prendre en compte l’ensemble des féminicides

Terminons ce journal en nous tournant vers l’Espagne. À partir de janvier prochain, le pays deviendra le premier Etat membre de l’UE va officiellement prendre en compte l’ensemble des féminicides, grâce à un élargissement de sa définition.  

Une décision importante afin de mieux comprendre l’ampleur des “féminicides”  dans le pays. En effet, jusqu’à présent, le terme renvoyait uniquement au meurtre d’une femme au sein d’un couple ou entre ex-conjoints. Mais à partir du mois prochain l’Espagne reconnaitra également comme “féminicides” le meurtre d’une femme par un membre de sa famille, ou encore le meurtre d’une femme par un homme à la suite d’une agression sexuelle. En somme, tout assassinat d’une femme en raison de son genre, sera considéré par la justice espagnole comme un féminicide. 

Une mesure qui va dans le sens du combat contre les violences faites aux femmes dans le pays. 

Les autorités espagnoles revendiquent leur conformité avec la Convention d’Istanbul, traité signé au sein du Conseil de l’Europe, censé prévenir et lutter contre les violences faites aux femmes.  Le traité, entré en vigueur en 2014, représente le texte de référence sur le continent européen en matière de violences sexistes.

Pourtant, dans l’UE, une femme sur trois a déjà subi des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. 

En France par exemple, les violences conjugales ont augmenté de 10% en 2020. En Italie et en Allemagne, même constat avec des pics très marqués en avril et mai 2020 du nombre d’appels aux numéros d’urgence dédiés aux violences conjugales. Dans ce contexte, la décision de l’Espagne vise à reconnaître l’ampleur de telles violences, afin de mieux les prévenir.

Romain L'Hostis - Thomas Kox

Photo : Presidency of Serbia / Dimitrije Goll

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