Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction Euradio à Bruxelles. Avec Alizée Lambin, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Point d’étape à une semaine de l’ouverture du scrutin européen le 6 juin prochain.
- Soupçons d’ingérence russe et perquisitions au Parlement européen de Bruxelles et Strasbourg.
- Un rapport de la Cour des comptes européenne fustige le manque d'investissement de la Commission européenne en matière d’intelligence artificielle.
Ouvrons ce journal sur un point d’étape à une semaine de l’ouverture du scrutin européen le 6 juin prochain.
Les citoyens des 27 seront appelés aux urnes pour renouveler les 720 députés (actuellement 705) qui siègeront au Parlement. Et selon le dernier sondage de l'Eurobaromètre publié en avril, la participation pourrait, cette année, connaître un rebond significatif. Près de trois électeurs sur quatre devraient probablement se rendre aux urnes. Pour rappel, en 2019 le taux de participation avait finalement atteint 50%, il était déjà en hausse de 8 points par rapport à 2014.
Et alors, bien qu’il soit difficile de prévoir à quoi ressemblera le nouveau Parlement, des tendances anticipent un hémicycle plus à droite pour cette nouvelle législature.
Effectivement, selon un sondage Ipsos de mars 2024, on devrait voir une recomposition du Parlement européen autour du bloc de droite, notamment du fait de la percée des forces souverainistes/eurosceptiques qui caracolent en tête des sondages dans quatre des six pays fondateurs de l'Union européenne. D’une part, le groupe ECR auquel appartient la Première ministre italienne Giorgia Meloni, créditée à 27% dans son pays. D’autre part, Identité et Démocratie, groupe au sein duquel siège notamment le Rassemblement National, devrait connaître une forte progression avec 23 nouveaux eurodéputés estimés. Ce groupe pourrait devenir la 4e force politique juste derrière les centristes Renew.
Cette poussée de l’extrême droite à Bruxelles devrait se traduire par un affaiblissement notoire de la gauche, sans toutefois remettre en question la majorité pro-européenne actuelle.
Oui, selon les projections, les centristes de Renew et l’alliance des Verts devraient perdre chacun 17 sièges. Toutefois, les deux premières forces politiques au parlement, à savoir le Parti populaire européen et l'Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates ne devraient quant à eux pas voir leur position évoluer de façon majeure.
Cette élection des eurodéputés sera aussi décisive pour la désignation du futur président de la Commission européenne.
Tout à fait, car la première tâche des élus européens sera d’approuver, à la majorité, le nom proposé par le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernements. À noter que depuis 2014, les présidents de la Commission n’étaient autres que les candidats têtes de liste ou “Spitzenkandidat” selon le terme allemand, du groupe politique majoritaire au Parlement. Malgré sa désignation comme cheffe de file du PPE, l’actuelle présidente, Ursula Von der Leyen, est toutefois loin de susciter l’unanimité au sein de son parti et voit ses soutiens fragilisés, ce qui pourrait mettre à mal sa reconduite à la tête de l'exécutif européen.
Poursuivons ce journal en évoquant les soupçons d’ingérence russe au Parlement européen qui reviennent sur le devant de la scène à une semaine du prochain scrutin européen.
Mercredi 29 mai, la police a effectué une série de perquisitions simultanées dans les locaux du Parlement européen à Bruxelles et à Strasbourg, mais aussi au domicile d’un assistant parlementaire soupçonné “d’ingérence, de corruption passive, et d’appartenance à une organisation criminelle”. Des membres du Parlement européen auraient été approchés et payés pour promouvoir la propagande russe et l'élection d’eurodéputés pro-Moscou.
Connait-on l’identité de cet assistant qui aurait “joué un rôle important” dans toute cette affaire selon les autorités belges Paloma ?
Il s’agit un Français, Guillaume Pradoura, assistant parlementaire du député néerlandais, Marcel de Graaff du parti d’extrême droite Forum pour la Démocratie. Guillaume Pradoura avait par la passé, notamment travaillé comme assistant pour l’eurodéputé et ex-chef de file du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (Afd) : Maximilian Krah. Il est lui-même dans la tourmente et visé dans le cadre de deux dossiers pour ses liens présumés avec la Chine, mais aussi la Russie.
Ces perquisitions interviennent dans le cadre d’une enquête plus globale qui a notamment visé le site en ligne “Voice of Europe” en avril dernier Paloma.
“Voice of Europe”, véritable cheval de trois au cœur de la machine européenne. L’affaire de ce portail opéré par des agents russes depuis la République tchèque, avait secoué les institutions en mettant en lumière une vaste opération de propagande en faveur du Kremlin et dénigrant le soutien occidental à l'Ukraine en avril dernier.
Concluons ce journal en évoquant un rapport de la Cour des comptes européenne qui fustige le manque d'investissement de la Commission européenne en matière d’intelligence artificielle.
Alors que l'UE s’est dotée - il y a de ça deux semaines - de la première législation au monde qui encadre cette technologie controversée, mercredi 29 mai, la Cour des comptes européenne a vivement critiqué la Commission européenne pour son incapacité à se coordonner efficacement avec les 27 autorités nationales pour promouvoir et investir massivement dans l’IA. Une série de plans et d’initiatives étalées sur trois ans avait pourtant été amorcée en 2018 pour rencontrer ces objectifs, mais aussi pour combler l’écart accru avec les leaders mondiaux que sont les États-Unis et la Chine dans cette branche.
En 2023, les États-Unis ont enregistré des investissements privés dans l’IA de près de 62,5 milliards d’euros, soit sept fois plus que les 9 milliards d’euros cumulés par l’UE et le Royaume-Uni la même année Paloma.
Tout à fait Paloma. Déjà à la traîne, l’écart initial avec ces deux puissances doit cesser de se creuser selon la Cour des comptes puisque selon un rapport de recherche du Parlement européen, de leur côté, les investissements européens ont baissé de 44 % entre 2022 et 2023. En réponse à ce fossé, la Commission s’est engagée à prendre des mesures correctives.
Un journal de Paloma Biessyet Alizée Lambin