Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Bonjour Assia, On commence ce journal en évoquant un développement important du côté de la Cour européenne des droits de l’homme, avec des avancées sur l’adhésion de l’Union européenne.
En effet, selon le commissaire européen à la Justice, Michael McGrath, l’UE n’a jamais été aussi proche d’en faire partie. Interrogé sur une possible décision dès le 12 juin, il n’a rien confirmé, mais a reconnu qu’un vrai élan était en train de naître.
Petit rappel ici : la Cour européenne des droits de l’homme, souvent abrégée en CEDH, n’est pas une institution de l’UE, mais du Conseil de l’Europe, une organisation plus large qui regroupe 46 pays.
La Cour européenne des droits de l’homme a pour mission de faire respecter la Convention européenne des droits de l’homme et peut condamner un État quand elle estime qu’il viole ces droits fondamentaux.
L’idée que l’UE rejoigne cette Cour ne date pas d’hier : elle remonte aux années 1970. Mais c’est depuis 2009, avec le traité de Lisbonne, que c’est devenu une obligation légale. Depuis, les discussions ont été nombreuses, sans succès jusqu’à présent.
Un gros obstacle : en 2014, la Cour de justice de l’UE avait rejeté un premier accord, jugeant qu’il risquait de fragiliser le droit européen. Depuis, de nouveaux pourparlers ont eu lieu pour revoir le texte.
Et aujourd’hui, cet accord semble enfin prêt. Michael McGrath l’a confirmé, déclarant que cette adhésion est « une obligation conventionnelle » et qu’elle est largement soutenue par les États membres.
Mais avant d’aller plus loin, l’accord doit encore passer un test en s’assurant que cette adhésion est bien conforme au droit européen. Une étape qui pourrait prendre entre 18 mois et deux ans.
Si l’adhésion se confirme, l’UE serait alors tenue de respecter les décisions contraignantes de la Cour de Strasbourg, comme les autres États membres du Conseil de l’Europe.
Mais cela arrive à un moment sensible. Neuf pays de l’UE, dont le Danemark et l’Italie, demandent actuellement une révision de la Convention européenne des droits de l’homme. Dans une lettre ouverte envoyée le 22 mai, les Premières ministres danoise et italienne estiment que la Cour va trop loin dans son interprétation des droits, notamment sur des sujets comme l’expulsion de migrants ayant commis des crimes.
Elles jugent que cela nuit à la souveraineté des États et rend plus difficile l’application de certaines lois nationales. Leur appel a été rejoint par d’autres pays comme la Belgique, l’Autriche ou encore la Pologne. Et depuis le 10 juin, la Hongrie s’est ajoutée à la liste.
Face à cela, plusieurs ONG et défenseurs des droits de l’homme tirent la sonnette d’alarme, expliquant qu’une révision risquerait de fragiliser tout le système européen de protection des droits.
Ils rappellent que la Convention européenne des droits de l’homme est un texte fondateur qui garantit des droits essentiels comme le droit à un procès équitable, l’interdiction de la torture, la liberté d’expression ou encore le respect de la vie privée.
Modifier son interprétation, selon eux, reviendrait à affaiblir ces protections pour des millions de personnes en Europe.
On continue ce journal en revenant sur la pression que Stockholm essaie d’exercer sur l’UE concernant le dossier palestinien. La ministre des affaires étrangères suédoise Maria Malmer Stenergard exige que l’Union européenne durcisse sa position à l’égard d'Israël dans une lettre envoyée à la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas et consultée par le journal Politico.
Oui alors que le Royaume-Uni a annoncé, mardi 10 juin, qu’il imposait des sanctions, avec l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Norvège, contre le ministre israélien de la sécurité Itamar Ben-Gvir et le ministre des finances Bezalel Smotrich, la Suède a exhorté Kaja Kallas à faire de même au niveau européen.
« Nous avons également plaidé pour des sanctions contre les colons extrémistes, mais nous franchissons maintenant une nouvelle étape en demandant aussi des sanctions contre des ministres extrémistes individuellement», a déclaré Malmer Stenergard face à la presse.
Mais Assia, si les capitales européennes ont durci le ton ces derniers mois, de telles sanctions nécessitent l'unanimité des 27.
Oui une unanimité très loin d’être gagnée. La Hongrie reste particulièrement hostile face à cet objectif, en raison de son soutien affiché à l’Etat hébreu.
L’examen de l’accord UE/Israël est quant à lui toujours en cours et il existe, selon la ministre suédoise, je cite, “de fortes indications qu’Israël ne respecte pas ses obligations en vertu du droit humanitaire international »
Et la Suède s'est également dite ouverte à l’idée d’un statut de blocage européen pour contrer les récentes sanctions américaines.
Oui pour rappel les États-Unis ont imposé des sanctions contre quatre juges de la Cour pénale internationale (CPI), les accusant d’adopter une approche politisée de la justice, selon l’administration Trump.
On conclut ce journal à Ballymena, en Irlande du Nord, où, depuis la nuit du lundi 9 juin, des émeutes violentes et motivées par le racisme ont éclaté pour la troisième nuit consécutive.
En effet. Les émeutes ont débuté après une manifestation pacifique en solidarité avec une jeune fille prétendument agressée sexuellement par deux adolescents roumains, mais elles ont rapidement dégénéré en violences, contraignant les forces de police locales à intervenir. Au total, 32 policiers ont été blessés. Selon le commissaire adjoint de la police nord-irlandaise, Ryan Henderson, les émeutes sont, et je cite : « clairement motivées par le racisme et dirigées contre notre communauté ethnique minoritaire et la police. »
Des vidéos circulant sur X montrent des bandes de jeunes masqués jetant des pierres contre les vitres de maisons appartenant à des familles de migrants. Une famille a déjà dû fuir son domicile après que sa maison et sa voiture ont été incendiées.
Claire Hanna, députée britannique et membre du Parti démocrate et travailliste, a déclaré : « Nous avons vu le spectacle horrifique de membres de minorités ethniques apposer des drapeaux et des explications sur leur porte indiquant qu’ils travaillent dans la santé ou dans une usine locale, implorant la clémence. »
Un journal de Thomas Jan Meekers, Assia Patel et Isaline Feller.